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Mithra Sol Invictus


par Eric Timmermans  -  24/12/2009




Les textes publiés dans Vos contributions (rouge foncé) ne représentent que l'opinion de leurs auteurs.




1. Mithra, entre Asie et Europe

Divinité indo-européenne originaire de l'Inde et de la Perse, Mithra (ou Mitra) est aussi connu dans le Véda de l'Inde que dans l'Avesta perse. Il occupe une place dans la religion mazdéenne (=zoroastrisme) en tant que dieu de la Lumière et apparaît comme l'auxiliaire dans la lutte pour le bien. Il est également connu comme dieu de la Lumière en Inde. Via la Perse, il fut ensuite introduit dans l'Empire romain par les légions.

2. Mitra dans l'Inde védique

Le nom de Mitra, au neutre, signifie "alliance, pacte". Au masculin, il signifie "celui qui lie (d'amitié ou de contrat)". Enfin, en sanskrit classique, mitra signifie "amical" ou encore "pacifique". Mitra est donc l'Amitié, la Bienveillance, il incarne la Solidarité, le respect de la parole donnée, la solidité des liens entre les individus et les groupes d'individus. Toutefois, si Mitra est donc bien un dieu de l'"alliance", il ne faut pas l'entendre au sens judéo-chrétien du terme, qui désigne l'alliance entre un peuple et son dieu, mais dans le sens du maintien de la bonne harmonie du monde, notamment entre les clans rivaux de la communauté ârya. Pour les Indiens védiques des 2ème et 1er millénaires avant l'ère chrétienne, Mitra personnifie donc le bon ordre des choses (rita, dharma). Il fait que, dans l'univers, chaque chose est à sa place, tant du point de vue du microcosme que du macrocosme. C'est le rôle de Mitra de veiller à la préservation de cette harmonie. Mitra est aussi l'"Intention" (=le dessein, le projet), l'"Intelligence", lumineuse par essence (Shatapatha Brâhmana, 4). Ainsi, dans le Véda, Mitra est-il nommé le "Jour" ou encore le "Soleil", les alliances devant être conclues au grand jour et non à la faveur des ténèbres de la nuit. On dit aussi de Mitra qu'il est un Asura, de même qu'un Aditya, soit un fils d'Aditî (=l'Infinitude, la Liberté). C'est un dieu pétrogène, c'est-à-dire qu'il est "né de la pierre" et il incarne ainsi le Feu jaillissant tant du silex que de l'astre solaire. Mitra, qui veille sur l'autorité spirituelle des Brahmanes, compte parmi les divinités majeures du panthéon védique avec Varuna, auquel il est associé et qui veille, lui, sur la souveraineté temporelle. Il est également associé à Bhaga et Aryaman. Dans le Rig Veda (3.59), un seul hymne, que nous reproduisons ici, est exclusivement consacré à Mitra, bien qu'il existe trois autres hymnes consacrés à Mitra et Varuna :
"On l'appelle Mitra car il fait s'arroyer les gens,
lui qui supporte et le Ciel et la Terre !
Il scrute sans cligner nos établissements ! :
A Mitra, versez l'oblation de beurre !

"Qu'il soit le premier, et pourvu de biens, le mortel
qui ouvre pour toi, Mitra Aditya, selon son vou !
On ne le tue, ni ne le moleste, celui que tu assistes :
Le malheur ne l'atteint, ni de près, ni de loin !

"Sains, et nous enivrant de l'offrande,
fermement installés sur la Terre
habitant le vou de Mitra Aditya,
puissions-nous demeurer en sa Bonne Faveur !

"Le voici l'Adorable, le Bienveillant,
le Souverain ! Il est né le Seigneur !
Puissions-nous demeurer en sa Bonne Faveur,
En la Sainte Bienveillance du Dieu que l'on célèbre !

"Le Grand Aditya que l'on honore avec respect,
il fait s'arroyer nos gens, lui qui veille sur son Chantre !
A Mitra, le plus digne d'honneur,
Versez au feu l'offrande que voici !

"Du Dieu Mitra qui prend soin de ses peuples,
la grâce assure, en don céleste,
le plus brillant des renoms !

"De sa majesté, Mitra
a dépassé le Ciel ; immense
il a dépassé la Terre, de par son renom ;

"c'est vers Mitra que les cinq races gouvernent,
vers le Dieu dont l'appui est si fort !
Il a la charge de tous les Dieux.

"Mitra, chez les Dieux, chez les humains,
a créé pour cet homme qui étend la jonchée
des jouissances répondant à ses voux."


3. Mithra en Perse

On retrouve donc Mitra (ou Mithra), ancienne divinité indo-européenne, tant en Inde qu'en Perse, ces régions ayant été, il y a quelques milliers d'années, conquises, l'une et l'autre, par les tribus aryennes. Pour une raison inconnue, Mitra disparaîtra dans l'hindouisme classique et ses attributs seront repris par Vishnu. En Perse, par contre, Mithra acquerra une importance sans cesse accrue, jusqu'à incarner presque une religion autonome. Mithra est, de fait, l'auxiliaire, sinon l'homologue de l'Ahura Mazda de la religion zoroastrienne. Dieu iranien de l'Aurore, "qui se lève sur le mont Harâ", Mithra apparaît en Perse comme la lumière créée, le protecteur des contrats, le médiateur entre les dieux et les hommes, le juge des âmes. Du point de vue du mazdéisme (ou zoroastrisme), Mithra a été créé à l'origine par Ormuzd (ou Ahura Mazda), mais il finira par détrôner celui-ci et par devenir le centre d'un culte particulier nommé la mithriacisme dont l'un des rituels fondamentaux était l'immolation d'un taureau au fond d'une grotte sacrée. Les préceptes du mithriacisme se rapprochent de ceux du mazdéisme de Zoroastre (ou Zarathoustra).

4. Mithra en Europe

Vraisemblablement adopté par les Grecs d'Asie mineure, le culte de Mithra fut apparemment importé en Europe au 1er siècle avant l'ère chrétienne. Les légions romaines l'étendirent à tout l'Empire romain où il prit une grande importance. Des temples dédiés à Mithra furent élevés dans toutes les provinces de l'ancien royaume. Dans la ville de Rome même, on a découvert treize temples dédiés à Mithra (cf. : fouilles sous l'église Sainte-Prisque, à Rome). La religion mithriaque, qui était un culte à mystères, devint progressivement le principal adversaire pour le christianisme naissant. Le culte de Mithra était à son apogée lorsqu'en 312 la victoire de Constantin, près de Pons Milivius, dans les environs de Rome, permit l'institution du christianisme comme religion d'Etat. Si l'on excepte le trop court règne de l'empereur Julien (361-363), le culte de Mithra perdit, dès lors, rapidement de son influence.

5. Le culte de Mithra

Les communautés qui organisaient les mystères de Mithra étaient exclusivement masculines et étaient soutenues par une stricte hiérarchie initiatique. Il s'agissait de communautés guidées par une discipline stricte et dont les fidèles subissaient les épreuves d'une initiation sévère. Pour célébrer leurs rites, les fidèles de Mithra se réunissaient dans des lieux souterrains, dans des cryptes voûtées à l'image de la voûte céleste. La liturgie mithriaste illustrait et prolongeait un mythe que l'on commentait en une sorte d'instruction, par des lectures de textes sacrés, face à des panneaux peints ou des bas-reliefs illuminés. Ensuite venait le sacrifice, qui rééditait celui du taureau que Mithra tua afin de revitaliser de son sang la création du Dieu Suprême, l'Ahura Mazda ou Ormuzd des Perses. Le sacrifice de Mithra était placé sous le signe des astres, et chacun des sept grades de l'initiation à ses mystères était placé sous la tutelle d'un astre. Ainsi s'imposera la désignation des jours de la semaine tel que nous l'avons gardée jusqu'à nos jours. Après le sacrifice venait le repas qui réactualisait celui qui avait réuni le Soleil et Mithra sur la dépouille du taureau. Ainsi, l'histoire de Mithra s'achève-t-elle par l'ascension du dieu sauveur dans le char d'Hélios dont il assumera désormais les fonctions. Pour cette raison, Mithra fut identifié au Sol Invictus. Sous les thermes de Caracalla, à Rome, était aménagé un temple de Mithra ou Mithraeum. Il abrite une inscription syncrétiste donnant au dieu égyptien Sérapis le titre de Kosmokratôr (=Souverain universel) : "Zeus Sarapis Hélios souverain universel invaincu (ou invincible) ne sont qu'un seul et même dieu".

6. Nativité chrétienne ou Solstice mithriaque ?

A Rome, la célébration païenne du Solstice d'Hiver, qui se rapporte au culte du Sol Invictus, assimilé à Mithra, se faisait le 25 décembre. Au 4ème siècle, les chrétiens décidèrent de lui substituer la fête de Noël, dont le nom d'origine est Dies natalis ou "jour natal". Ne retrouve-t-on pas d'ailleurs, dans l'hymne védique que nous reproduisons plus haut, l'exclamation "Il est né le Seigneur !" se rapportant à Mitra et non à Jésus de Nazareth ? Les rites mithriastes étaient célébrés essentiellement le dimanche, jour consacré au Soleil et à Mithra, raison pour laquelle il devint par la suite le "jour du seigneur" des chrétiens, le fameux septième jour au cours duquel le Dieu d'Abraham se serait reposé. Ajoutons que l'on adorait également le Soleil trois fois par jour : le Soleil triomphant de midi, entre Cautès et Cautopatès, respectivement Soleil ascendant et Soleil descendant.

7. Visualisation

Sur de nombreux reliefs et peintures, Mithra apparaît sous les traits d'un jeune homme imberbe. Il est habituellement vêtu d'une courte tunique, portant un manteau flottant sur ses épaules et est coiffé d'un bonnet phrygien. Parfois il porte également un pantalon étroit. Une scène célèbre montre Mithra tenant la tête d'un taureau de sa main gauche, alors que de sa main droite, il se prépare à lui plonger un poignard dans le corps. Mithra n'est qu'une seule fois représenté sous les traits du dieu du Soleil (Mithra Sol Invictus), auréolé d'une couronne de rayons héliaques.


Eric Timmermans



Sources :
- Dictionnaire de l'hindouisme, Jean Varenne, Editions du Rocher, 2002
- Encyclopédie de la mythologie, Sequoia, 1962
- Grand dictionnaire des symboles et des mythes, Nadia Julien, Marabout, 1997
- Héliogabale et le sacre du soleil, Robert Turcan (qui est considéré comme l'un des meilleurs connaisseurs du mithriacisme), Albin Michel, 1985
- Les Cinq Livres de la Sagesse - Pancatantra, Alain Porte, Editions Philippe Picquier
- Le Veda, textes réunis, traduits et présentés sous la direction de Jean Varenne, Les Deux Océans, 2003
- Le Védisme. L'éveil de la spiritualité indienne. Bernard Baudouin, Editions de Vecchi, 1997.





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