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Lettre à Socrate


par Erika Caubet-Bachem  -  10/08/2011




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Le dernier discours de Socrate, sur l'éducation des jeunes, devant le tribunal qui le jugeait, est encore aujourd'hui très connu. C'est un texte transcrit, puisque le philosophe lui-même n'a jamais écrit, mais les mots sont bien dans sa manière humoristique d'acculer les gens à réfléchir. Il m'a obligée moi-même, quand je travaillais au cour de l'Education Nationale, à repenser aux méthodes qui étaient celles de notre époque et de notre milieu enseignant.



      Réflexion : Lettre à Socrate                               ( E.Caubet-Bachem, adulte, 1992 après J-C )


          "...Les jeunes d'aujourd'hui
          Aiment le luxe,
          Ils sont mal élevés,
          Méprisent l'autorité,
          N'ont aucun respect pour leurs aînés
          Et bavardent au lieu de travailler
          Ils ne se lèvent plus lorsqu'un adulte
          pénètre dans la pièce où ils se trouvent
          Ils contredisent leurs parents
          Plastronnent en société,
          Se hâtent à table d'engloutir
          Les desserts,
          Croisent les jambes
          Et tyrannisent leurs maîtres..."


                    Cher et vénérable Socrate

      Je suis toujours prodigieusement étonnée que l'on t'attribue ce texte, toi le modeste et génial sage, réputé pour sa patience et sa recherche de la justice et de la vérité.
      Où alors serait-ce comme en filigrane la dénonciation d'un monde décadent . ?
      N'aurais-tu donc pas osé écrire :Les adultes d'aujourd'hui.
      Aiment paraître.
      Ils sont imbus d'eux-mêmes,
      Méprisent la justice,
      N'ont aucun respect pour leurs cadets
      Et manipulent au lieu de donner l'exemple.
      Ils n'ont plus guère de courtoisie vis-à-vis
      de leurs semblables.
      Ils contredisent ce qui ne vient pas d'eux,
      Plastronnent en société,
      Se hâtent de décider brutalement
      Et à court terme,
      Se frottent les mains
      Et tyrannisent autrui.

      Mais Socrate, toi l'initiateur de la maïeutique, du fameux "Connais-toi toi-même", du superbe "je sais que je ne sais rien", comment t'imaginer juge définitif et fanatique de la jeunesse, ou même d'une société. ?
      D'ailleurs, après tout, l'idéal que tu avais à transmettre, tu l'as payé avec ta vie plutôt qu'avec une plume ou des mots.
      C'est ce qu'on m'a appris quand j'étais potache.
      C'est sans doute la raison pour laquelle ton nom a traversé les âges, même si nous ne nous souvenons plus guère pourquoi, un soir de mars, en 399 avant Jésus Christ, tu fus condamné à boire la ciguë.

      L'accusation était : " Ne respecte pas les Dieux et corrompt la Jeunesse."
      Qui de toi ou de tes contemporains, étaient les sophistes ou les pharisiens ?...
      Mais comment sans tuer un idéal humain, t'imaginer autrement que juste, bon et sage ?
      Peut-on condamner la jeunesse sans se condamner soi-même ?
      Socrate, étais-tu le sage d'entre les sages ?
      "En effet.je sais que je ne sais rien."
      Socrate pour cette ultime et grave leçon d'ironie, merci.



En répondant ainsi à travers les siècles, à l'homme Socrate, en reprenant son exposé j'ai dû vraiment réfléchir, non seulement à ce qu'il voulait signifier mais aussi à ce qu'il était. Cela m'a permis de réaliser la sagesse mais aussi la douleur triste et cachée du pédagogue derrière l'apparente et simple récrimination de la tirade. Avec cette apostrophe au tribunal, Socrate est resté fidèle à la maïeutique et à lui-même, car il a accepté que l'esprit critique des autres s'applique à son cas et puisse le condamner en filigrane avec l'ensemble des autres maîtres de la cité. Socrate était trop subtil pour commettre une erreur de défense et ce discours concret et simple est sans doute pour lui, un acte choisi, un dernier enseignement, voulu selon sa méthode ironique habituelle, même si ce choix implique le prix de sa propre vie.
Pour l'humanité et la postérité, Socrate est toujours face à ce tribunal, qui à la fois juge et partie l'a condamné à mort, mais son message, mélange de sagesse et de fierté, est devenu éternel.


Erika Caubet-Bachem, (retraitée administrative de L'Education Nationale de catégorie B).
Simple quidam humaniste, allergique à tout dogme ou esprit de chapelle, quand bien même il pourrait advenir être celui des libre-penseurs que j'aime.



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