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Jéricho

ou : vers la fin de l’imposture

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par Agnos  -  01/03/2007

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L'Eglise : Pourquoi est-elle condamnée

"L'Église est une putain, elle vend ses faveurs aux riches..."
(Jean Paul Sartre / Le Diable et le bon Dieu)

1° L’Église : sa doctrine

Les croyants dans leur immense majorité sont des gens qui connaissent mal leur doctrine, assez peu l'histoire de l'Église et pas du tout celle des autres religions.

Aussi considèrent-ils en général que, comme Minerve sortie toute armée de la tête de Jupiter, l'ensemble chrétien est apparu soudain, tel qu’ils le connaissent aujourd'hui, jailli du néant qui l’avait précédé.

Rien n'est moins vrai et ce fut en vérité un très long cheminement.

Le christianisme se rattache au judaïsme en ce que Jésus y est présenté à l'origine comme le prophète que l'ancien testament annonçait. D'ailleurs, à quoi bon réinventer un autre monothéisme puisqu'il en existait déjà un et qu’en outre les principes que les initiateurs de la nouvelle secte voulaient promouvoir étaient destinés au peuple juif et certainement pas aux romains. Par un des nombreux caprices de l’Histoire, ce sont pourtant les romains qui, sous Constantin, accaparèrent ce nouveau système et en firent la religion d'Empire.

On sait que ceux qui allaient devenir les évangélistes, commencèrent par s'accorder pour inventer à grands traits un personnage édifiant qui serait une sorte de héros de B.D. avant l’âge, chargé d'illustrer les principes de la nouvelle morale. Ils prirent soin aussi de relater les faits qu’ils imaginèrent en prenant un recul suffisant, par rapport à l'époque prétendue, pour ne pas risquer que des témoins encore en vie ne viennent contester la fable !

Pendant les premiers siècles, les chrétiens des débuts ne crurent pas à la divinité de Jésus. Il leur suffisait sans doute de voir en lui le prophète qu'on avait dit et de considérer surtout ce qu'il y avait de novateur et d'humain dans la doctrine proposée.

De plus les croyants s'imaginent de nos jours, avec une naïveté désarmante, que le schéma : Dieu né d'une vierge, qui prêche les hommes, est incompris, est mis à mort et ressuscite, etc., présente une très grande originalité. En réalité ce n'était guère, quand il fut repris à leur usage par les chrétiens, que le dernier avatar d'un scénario, déjà éculé à l'époque, qui avait été utilisé des siècles durant dans des dizaines de religions en Egypte, en Grèce, en Asie, etc.

Ainsi la religion catholique s'est-elle construite petit à petit, par strates successives, au fil des siècles. Les raisons qui présidèrent à ses changements et à son évolution furent très diverses. Parmi ces mutations, et à ces adaptations, deux eurent une importance considérable, et sont d'ailleurs liées.

La première fut de troquer le monothéisme pur et dur, tel qu'il existait dans le judaïsme et fut repris ultérieurement par les islamistes, contre cette monstruosité logique : un monothéisme tricéphale ! Soit un seul dieu en trois morceaux : père, fils et Saint-Esprit, ou trois divinités séparées qui n'en forment qu'une !

En fait, cette transformation avait pour but de préparer l'autre révolution radicale : l'introduction d’une des divinités proposées, le fils, dans l'histoire humaine. Au départ, cette affabulation pouvait paraître utile et a sans doute contribué fortement à la diffusion de la nouvelle religion. En effet l'ignorance des populations, l'omniprésence de l'Église et les moyens plus qu'énergiques dont elle disposait pour convaincre les réticents, lui permirent de promouvoir et d'entretenir longtemps et sans trop de peine cette fiction.

Malheureusement pour ces promoteurs inventifs, n'entre pas dans l'histoire qui veut. Les temps où l'institution pouvait affirmer n'importe quoi sans aucune obligation de le prouver et sans qu'il soit possible de lui opposer la vérité, ces temps-là sont bel et bien révolus.

Nous sommes en effet parfaitement fondés aujourd'hui à refuser toute affirmation sur l'historicité de tel ou tel fait non avéré, notamment la réalité historique de Jésus, qui ne s'accompagnerait pas de preuves convaincantes. Ces preuves ne pouvant en aucune façon être ces œuvres de fiction de scénaristes pleins d'imagination, les évangélistes, qui se concertèrent un beau jour pour raconter la même légende…



2° L'Église : sa trace sanglante dans l'Histoire

Quittons l’Église qui a inventé des vérités parfaitement fantaisistes qu’elle ne pourra jamais prouver, pour celle qui nie tous les crimes, toutes les infamies, toute l’inhumanité qui ont pourtant constitués l’essentiel de ses caractéristiques depuis qu’elle a réussi à s’imposer. Et en effet, aussitôt après avoir été quelque peu persécutée[6] à ses débuts, elle a entrepris de persécuter à son tour tous ceux qui la gênaient, et n’a pratiquement jamais cessé.

Jean-Paul II avec son don inimitable pour la repentance édulcorée, a dû reconnaître que son organisation n’avait jamais agi conformément au message moral et humain qui était le sien. Ce qu’il faudrait traduire en disant tout crûment qu’il n’y a aucune sorte de cruauté, de torture, de crime, de bassesse, de barbarie, de vilénie, dont l’Église ne se soit rendue coupable, et ce sur une échelle colossale. Qu’on songe aux luttes contre les hérésies[7], aux chasses aux sorcières[8], à la contre-réforme, aux guerres des religions, aux huit croisades qui réunirent pour certaines jusqu’à 200.000 soudards[9]. Mais aussi au génocide des indiens lors de la conquête du Nouveau Monde, puis, plus tard les abus de la colonisation et la barbarie de l’esclavagisme, toutes choses que l’Église ne chercha aucunement à empêcher et dont elle sut même tirer un surcroît de puissance et de richesses.

Jusque dans notre époque contemporaine on se lasse de répertorier toutes les infamies commises en d’innombrables circonstances par le clergé. On a vu les silences criminels de Pie XII ou Jean-Paul II, dans des circonstances où ils avaient les moyens d’empêcher le pire. Mais un seul évêque ou cardinal a-t-il jamais manqué dans les camarillas qui papillonnaient autour des Franco, Pinochet, Pétain, Mussolini, et tant d’autres. Jean-Paul II était un intime d’Augusto[10], assassin d’Allende et bourreau de tant de chiliens.

On ne saura jamais combien de victimes ont fait quinze siècles d’atrocités de la catholicité, mais J-P II a bien été contraint de reconnaître, au moins sur le principe, tout ce qui fut condamnable dans le passé de son organisation.

Toutefois, malgré ces aveux, la tentation est encore forte pour le clergé actuel, héritier de ceux qui pendant deux millénaires ont commis tous ces crimes et dit n’importe quoi, de minimiser ce passé honteux et de réduire à quelques bavures, certes regrettables, la cohorte immense de ceux qui furent emprisonnés, torturés, massacrés et très souvent privés de leurs biens[11].

Certains se livrent à cet exercice avec un humour macabre et un cynisme scandaleux. Ainsi vers la mi-2006, un membre de l’épiscopat français, déclarait presque dans un sourire : "Oh, on a beaucoup exagéré le nombre des victimes de l’inquisition… En fait il n’y en a pas eu tant que ça !" On se demande à partir de combien de centaines ou de milliers de suppliciés, un prélat les fesses calées dans son fauteuil épiscopal, pense qu’il y a eu "beaucoup" de victimes ?

Il est donc impossible d’évaluer avec quelque précision le nombre des victimes des innombrables hécatombes qui se succédèrent des siècles durant et de façon ininterrompue dans le monde chrétien et chez quelques voisins privilégiés, pour des raisons très diverses. Il y eut déjà en effet les exécutions, tortures, massacres, etc., dont la catholicité fut directement coupables. Ainsi de la lutte contre les schismes, les hérésies, la sorcellerie, la Réforme, les croisades.

Mais les monstruosités de l’Église ne se limitèrent pas à ces seules exactions déjà terrifiantes. Car en dehors de ces opérations d’extermination massive ou chaque goutte de sang a été versée par la grande œuvre de bienfaisance elle-même, cette multinationale a inspiré, ou accompagné quand elle n’en était pas l’instigatrice, tous les fléaux qui ont causé aux hommes, au fil des siècles, des souffrances inouïes. Ses motivations ayant toujours été, hors toute autre considération, d’étendre sa zone d’influence, d’accroitre sa puissance et d’augmenter ses richesses. Ainsi en fut-il de la conquête des Amériques et du génocide des indiens, puis plus tard, de la colonisation et du trafic des esclaves.

Inutile de chercher à évaluer l’impact qu’aurait eu l’application par l’Église de principes tout simplement charitables, si tel avait été son choix et comme sa doctrine l’eut voulu. On ne peut donc que considérer que si elle avait usé de l’influence qu’elle eut dans le passé, pour empêcher, ou freiner autant que possible les opérations les plus barbares dont elle se contenta de profiter largement, la face de l’histoire en eut été changée… et des millions de vies épargnées.

De même un pape soucieux des souffrances humaines et faisant peser toute son autorité sur les chrétiens allemands en 40, aurait-il pu amener Hitler à abandonner tout ou partie de sa politique démentielle ; tout comme il était évidemment possible de retenir le bras des Hutus et des prêtres catholiques rwandais qui massacrèrent allègrement un million de tutsis sans que J-P II, ce pape "tellement" humain daigne s’en soucier !

Autrement dit, et contrairement à ces filles belles et sympathiques chez lesquelles il n’y a rien à jeter, dans l’Église et par quelque bout qu’on la prenne : il n’y a rien à garder…


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Notes

[6] Avec ses quelques ‘’martyrs’’ dont elle nous rebat les oreilles depuis dix-huit siècles parce que c’est plus valorisant de faire pleurnicher sur son sort que de parler des innombrables victimes qu’elle-même fit !

[7] Et par exemple à ces centaines de défenseurs de Montségur brûlés en une fois sur un seul bûcher. On imagine les "bons chrétiens" autour de ce feu de joie, dansant et chantant au son du cri des suppliciés !

[8] Les spécialistes situent le nombre des victimes de cette seule action entre 50 et 100.000 !

[9] Nantis d’une indulgence plénière qui leur permettait de violer, piller, massacrer tout à leur saoul sans compromettre leur bonheur éternel auprès du bon Jésus…

[10] Et, dit-on, parrain d’un petit-fils Pinochet

[11] On sait que les biens de ceux qui étaient jugés coupables d’hérésie et autres crimes étaient confisqués. Mais qui pourrait nous empêcher de penser que très souvent on n’accusa et ne condamna des malheureux que dans le seul but de s’approprier leurs biens !



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