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Imprégnation religieuse et athéisme


par Guilain Delwiche  -  11/11/2013




Les textes publiés dans Vos contributions (rouge foncé) ne représentent que l'opinion de leurs auteurs.




On se dit rarement "athée" haut et fort, car cela reste mal vu dans nos populations. Même si celles-ci, en Europe de l'Ouest, ne pratiquent plus la religion dominante que de loin, dans certaines circonstances, sans grande connaissance des dogmes et sans ostensible ferveur, celle-ci continue d'imprégner une grande partie des gens. Un indifférent, un demi-croyant farfelu s'étant fait sa petite religion personnelle soit, il faut de tout pour faire un monde, mais un athée qui le proclame est pour le commun un provocateur qui ne sait pas se tenir en société, un original à qui il ne faudrait pas trop se fier. Dès lors, pour avoir la paix, et parce qu'il semble à première vue inopérant de batailler de front contre des siècles d'habitudes et une humanité à plus de 90% pétrie des croyances les plus saugrenues, les plus absurdes, les plus loufoques, le mécréant est bien souvent tenté de se comporter en marrane, s'accommodant sans faire de vagues de l'omniprésence de toutes ces sottises, pour réserver à ses méditations privées ou à un cercle d'athées l'audace de se définir comme un animal certes pensant et aimant, mais voué à la disparition individuelle totale à brève échéance. C'est plus vrai encore pour un apostat qui a fait le pas tout seul et qui ne veut pas faire de peine à son entourage.

Il y a peu j'ai perdu un ami à la famille du quel je devais bien d'assister à la veillée funèbre. Le défunt m'avait toujours paru être un sceptique bon teint, bien que n'aimant pas parler de religion, mais le faire-part de décès portait en exergue :

"Tu nous guideras au sentier de la vie,
Tu nous ouvriras ta maison, Seigneur."
Psaume 99.

Il y avait dans le funérarium une famille éplorée, autour d'un cercueil de chêne déjà fermé sur lequel était vissé un christ en cuivre. Quelques fleurs. La personne qui me précédait me tendit le goupillon après avoir tracé posément une croix fictive dans l'air. Muni malgré moi de cet encombrant ustensile que faire ? Je fis bien sûr un geste vague. Puisque la famille avait l'air d'y croire, par respect. J'étais bien en peine de savoir si les participants à cette triste veillée ou certains d'entre eux arrivaient à croire que quelque chose, une âme par exemple, s'était détachée du cadavre et existait en dehors de lui, de façon diluée, compactée, éthérée ou autre, et peut-être faisait route ventre à terre (à la vitesse de la lumière ?) vers une galaxie ou une autre, à la recherche d'une félicité éternelle, ou pire pour y être tourmentée par le feu, jour et nuit, pour les siècles des siècles (Apocalypse XX, 10). Personne ne semblait se poser cette question pourtant simple : lorsque le cerveau meurt, en vertu de quoi l'esprit qui vivait de sa chimie ne disparaîtrait-il pas avec lui ? Nous sommes en présence d'un déni permanent de la mort, d'une imprégnation de surnaturel qui autorise aussi bien l'espoir en une vie éternelle que la croyance aux fantômes ou aux tables tournantes.

La plupart des hommes, dans toutes les parties du monde, finissent par des funérailles religieuses. Cela console les familles et c'est pourquoi la mort est le fond de commerce de toutes les religions. On ne devient pas incroyant sans un petit effort. Après tout, l'esprit critique et le scepticisme demandent un apprentissage sérieux et une réelle ténacité qu'on ne peut exiger de tous. On ne devient pas athée du jour au lendemain, on ne cesse pas d'appeler Dieu à la rescousse pour un oui pour un non sans une soigneuse préparation ; on ne renonce pas à la vie éternelle pour soi-même et surtout pour ceux qu'on a immensément aimé sans quelques exercices de musculation préparatoires.

Les religions chrétiennes aux Etats-Unis et en Amérique du Sud surtout, dans des versions parfois très remuantes, mais finalement partout où elles sont implantées sont toujours plébiscitées par des populations superstitieuses, et les découvertes de la science ne semblent pas émousser leurs certitudes obscurantistes. L'Europe est une exception quant à la pratique ou quant aux vocations, mais l'imprégnation religieuse y est toujours pleinement de mise. S'agissant de la Belgique, je note sans être exhaustif : une famille royale ostensiblement archi-croyante et se montrant telle dans la sphère publique ; des curés, des imams, des rabbins payés par l'Etat sur l'impôt général et non sur un impôt dédicacé comme cela se fait en Allemagne par exemple ; un enseignement catholique nettement majoritaire et subventionné lui aussi sur les deniers publics ; des processions, des rassemblements folkloriques emportant par les rues les statues d'une vierge ou l'autre, d'un saint ou l'autre, d'une relique ou l'autre voire la châsse de saint glinglin. Dans une paroisse, des fidèles viennent de se relayer pendant dix jours, jour et nuit, pour lire la Bible dans son intégralité. Les plus grandes sottises, les textes les plus farfelus ont ainsi été pieusement ânonnés des heures durant. Comment un lecteur a-t-il pu lire solennellement et sans rire des choses aussi étranges que : "Tu mangeras des gâteaux d'orge, que tu feras cuire avec des excréments humains" (Ezéchiel IV, 12) ou "Tout homme qui aura un défaut corporel ne pourra s'approcher de l'autel: un homme aveugle, boiteux, ayant le nez camus ou un membre allongé; un homme ayant une fracture au pied ou à la main ; un homme bossu ou grêle, ayant une tache à l'oil, la gale, une dartre, ou les testicules écrasés." (Lévitique XXI, 20). La bible est truffée de ces débilités ! Comment a-t-il pu sans sourciller dire "Tu ne tueras point" (Exode XX, 13) et proclamer plus loin l'ordre de Moïse : "Maintenant tuez tout mâle parmi les petits enfants, et tuez toute femme qui a connu un homme en couchant avec lui ; mais laissez en vie pour vous toutes les petites filles qui n'ont point connu la couche d'un homme." (Nombres XXXI, 17-18). Ou encore évoquer sans rougir Loth, le seul juste de Sodome ( ?), soûlé par ses filles et enfantant dans l'inceste Moab, le père des Moabites, et Ben Ammi, le père des Ammonites (Genèse XIX, 1-38). Pas de problèmes, on ne se pose pas de questions : tous ces textes ne sont-ils pas les textes sacrés de la Révélation, et l'opinion publique reste imprégnée - sans avoir rien compris ou approfondi - de la conviction que la Bible est le livre saint qui a évité le chaos à l'humanité.

De leur côté, les religions musulmanes qui, grâce à une immigration et une natalité fortes, sont de plus en plus visibles et exigeantes dans l'Europe de l'Ouest donnent un coup de frein à une évolution religieuse des chrétiens de nos contrées qui tendait à les pousser vers un humanisme conciliant, une commisération de terrain et un cantonnement dans la sphère privée. En effet, par émulation les catholiques recommencent à rêver d'une religion forte, faisant pression sur le monde politique (mariage pour tous par exemple) et souhaitant la pénalisation du blasphème.

L'islam ne transige pas, n'envisage pas de revoir son message obscurantiste et d'adoucir ses propos conquérants. La susceptibilité maladive de ses croyants et leur rejet de la liberté d'expression portés à bout de bras par les officines antiracistes (depuis quand une religion est-elle une race ?), crée un climat peu propice à une remise en question des religions. D'autant que face à cette situation les autochtones ont tendance à réenfiler leur brassard catho.

Face à cette situation, il faut à tout prix, que l'athée redonne de la voix afin qu'un peu de lumière demeure. voire se propage. Soyez discret toutefois si vous vous rendez en Arabie Saoudite, l'entrée du territoire y est interdite aux Juifs et aux.athées !


Guilain Delwiche



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