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Dieu, source efficiente ou fantasmagoriepar chakyam - 12/09/2010 Les textes publiés dans Vos contributions (rouge foncé) ne représentent que l'opinion de leurs auteurs. Poser dialectiquement les choses ainsi implique une causalité que les faits et leurs conséquences semblent démontrer sans que pour autant l'application du principe de raison qui rapporte une cause à chaque événement puisse se satisfaire d'une causalité "externe" que rien, dans l'expérimentation que nous faisons du monde permet de justifier. Et pourtant, l'histoire de la pensée humaine démontre que chaque civilisation a toujours cherché une ou des causes extérieures à elle même, transcendantes diront les philosophes, pour justifier tel type de pouvoir ou simplement perpétuer celui déjà en place. A priori, le principe de causalité pose déjà question. David HUME a maintes fois expliqué qu'il était impossible de déterminer la trajectoire de la boule de billard à partir du choc qu'elle avait subi par une boule précédente et que le prétendre impliquait la mise à l'écart d'une multitude d'éléments qui l'influençaient également en tant que circonstances aléatoires multiples. Au travers du concept de Généalogie, NIETZSCHE a démontré que la création était éternelle en tant que possibilité infinie de l'esprit humain à créer précisément de nouvelles structures de pensée ainsi d'ailleurs que matérielles comme le démontre les physiciens avec les éléments dits "trans-uraniens". Sur un autre site, j'ai tenté de montrer l'inexistence causale à partir de la feuille de papier lâchée d'un étage supérieur et qui va tomber sur le sol. La cause efficiente semble être la main qui l'a lâchée alors que l'ensemble infinie des conditions de sa chute sont passées sous silence (gravitation, température de l'air, humidité ambiante ou sècheresse ambiante, force du vent, population environnante, saison, occupation de l'immeuble, fenêtres ouvertes ou fermées etc. etc...) interdisant par la même une prédiction causale certaine ainsi d'ailleurs que l'endroit même où elle va toucher le sol. Ainsi donc il apparaît qu'indépendamment des conditions d'expérimentation, c'est la causalité elle même étendue à l'Univers qui est en question, telle du moins qu'elle est envisagée par ses laudateurs. En effet, localement et ponctuellement, il est commode d'établir des connexions, des liens qui facilitent la vie quotidienne, qui aident à la comprendre et à en maitriser les effets, mais quand on transfère le raisonnement au niveau global de l'Univers surgissent de nombreuses impossibilités conceptuelles. Il convient dès l'abord de constater que celui qui observe un système quel qu'il soit se place intellectuellement "en dehors" pour cause d'objectivité et ce faisant crée une situation totalement arbitraire qui génère une distance que seule la mécanique quantique résoudra par la mise en valeur des relations observateur/chose observée. Nous en reparlerons. La question demeure cependant de l'utilité de supposer que l'Univers ait besoin d'une cause pour être ce qu'il est. Nombre de civilisations l'ont pensé, le pense encore et d'autres ont négligé cette notion non par mépris mais parce que la pertinence d'une telle philosophie ne leur apparaissait pas, à tel point d'ailleurs que la notion même de création est soit rejetée, soit ignorée, soit dépassée par d'autres questionnements tels que l'auto-organisation ou le bouddhisme Mahayana. A noter que le physicien Stéphen HAWKING, ces derniers jours, fournit une explication du Monde où transparait l'inexistence et l'inutilité d'un créateur. En supposant admise l'extériorité de l'observateur et son caractère aléatoire et arbitraire qui permet cependant la constitution des diverses sciences constitutives du savoir humain, on peut remarquer qu'appliqué à l'Univers en tant que totalité, le raisonnement se heurte à une aberration conceptuelle. Si le Sujet logique est extérieur à l'objet de son étude, où est-il ? Si Dieu, cause efficiente, est au-delà (transcendant) de sa création, d'où agit-il ? Car de deux choses l'une : ou bien Dieu est identifié à sa création et il en est de toute éternité "responsable" ou il lui est extérieur et n'est d'aucune utilité s'il demeure dans sa transcendance par ailleurs inaccessible. Nous savons que pour lui éviter cette responsabilité, ses serviteurs ont inventé le libre arbitre humain destiné à rendre responsable, si ce n'est coupable, les hommes que Dieu est supposé avoir créé à son image, image par conséquent, de responsabilité et de culpabilité que précisément ce libre arbitre est sensé exclure. On nage en pleine confusion anthropomorphe et pour reprendre le second terme du titre de cet article, en pleine fantasmagorie, c'est à dire un spectacle féérique à base de surnaturel que seule la crainte des hommes face à la puissance de la Nature justifie ou plus précisément explicite. L'anthropomorphisme est à son comble quand on s'aperçoit que Dieu créateur, esprit universel et total est la copie idéalisée du fonctionnement de l'Esprit humain qui s'invente une sur-puissance alors qu'il est mû par des pulsions, des affects de toute nature et des perversités multiples telles que l'appropriation, la convoitise, l'envie, la jalousie, l'instinct guerrier et la destruction structurante de "l'autre". C'est sans doute la raison pour laquelle Dieu, cause efficiente et parfaite, est nécessaire. Elle n'en est pas moins fantasmée. chakyam Voir la page d'accueil sur Dieu ![]() ![]() |