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Partie 1 : L’approche existentielle
L’espèce humaine est arrivée à un moment clé de son histoire, où elle doit remporter son plus grand combat : celui qu’elle a à mener contre elle-même. L’enjeu en est sa survie et celle de son environnement naturel.
La sagesse qui lui permettrait de remporter ce combat semble malheureusement lui faire défaut. L’esprit de chacun se voit au contraire monopolisé par une somme de tracas pour la plupart inconséquents qui l’éloigne de son épanouissement personnel. L’homme nourrit pourtant toujours l’espoir de voir germer en lui une idée nouvelle et salvatrice ; une pensée qui se répandrait grâce à un bon sens enfin retrouvé. Malgré cela aucune de ces pensées ne semble s’imposer comme l’ultime solution. La raison en est très simple: notre incapacité à évoluer ne provient pas d’un déficit d’idées mais d’un défaut dans notre manière de penser et qui tient à notre nature pensante elle-même. Le problème fondamental est que nous attribuons à nos pensées un caractère de vérité qu’elles n’ont pas. Les pensées façonnent notre réalité et pourtant elles ne sont qu’illusions. Pour en faire la démonstration, prenez des idées noires ; les murs qui vous entourent en portent-ils en cet instant la trace ? Notre principale faille est que nous attribuons de la valeur à nos pensées non volontaires. Seules les pensées volontaires s’exprimant dans l’instant ont une véritable valeur car elles définissent notre identité et nous rapprochent de notre nature profonde. De ce constat, peut être envisagé un rapport au monde différent qui permettrait à l’homme de se réaliser et de faire coïncider ses actes à ses pensées.
Si on y réfléchit bien rien ne justifie que nous ne puissions vivre épanouis, enthousiastes, dans la paix sociale et solidaire. Pourtant quelque chose nous empêche bien de donner corps à cette utopie. Pour tenter de donner du sens à ce constat absurde on recourt à l’explication d’une mauvaise nature de l’homme. Même si parfois et dans d’autres contextes on se laisse émerveiller par les miracles que réalisent certains individus, la première idée prévaut. Notre nature nous condamne à jamais. C’est précisément cette fausse évidence qui est notre malédiction. Ce qui nous empêche d’évoluer, ce n’est pas certaines composantes de notre nature profonde mais le simple fait que nous soyons des êtres pensants et que nous considérions la plupart de nos pensées comme une expression de notre personnalité. Or la plupart de nos pensées ne sont que l’expression du déterminisme. Les seules pensées qui méritent d’être considérées sont les pensées volontaires, des pensées orientées vers ce que nous avons de meilleur, des pensées libérées de toute forme de préjugés. Dès l’instant où l’humanité ne considérera plus ses limites comme une évidence, alors une évolution majeure de la psyché collective pourra s’amorcer. Ce changement est déjà à la portée de toute personne s’engageant dans une quête de soi et affirmant sa volonté d’échapper au déterminisme psychologique et idéologique.
Renoncer à attribuer de la valeur aux pensées non volontaires apparaît dans un premier temps comme un renoncement à tout ce qui a de la valeur à nos yeux ; mais c’est très exactement l’inverse : il s’agit de n’attribuer de la valeur qu’à ce qui en a pour nous. L’autre erreur serait de considérer qu’il s’agirait de renoncer à toute affectivité. Cette approche de la vie n’a justement de sens que si notre volonté nous amène à cultiver ce que nous avons de meilleur : l’affectivité et plus généralement, notre humanité. Ce qui change véritablement c’est notre rapport au temps. Les pensées vagabondes qui limitent notre perception des événements anciens ou anticipés sont prises pour ce qu’elles sont et ne nous affectent plus. La volonté, elle, n’étant plus limitée par l’image de soi, nous donne conscience que seul l’instant permet d’échapper au mauvais rêve. De la même façon le bonheur, idéal si lointain, n’est plus conditionnel à des événements du passé ou une perspective de réussite future, mais se situe dans l’ici et maintenant. Le concept de finalité prend un autre sens : la finalité s’inscrit dans l’instant et non plus dans la durée… Les faiblesses humaines deviennent surmontables par la réalisation de soi et l’affirmation consciente de ne porter atteinte ni aux autres, ni à soi-même. Le sentiment d’accomplissement de soi nous rend moins enclin au cynisme, au pessimisme, à l’avidité et à la susceptibilité. Notre volonté parvient à dominer ces tendances présentes en tout homme.
Se révèle alors un nouveau visage de soi et de l’autre, un visage que notre regard façonne dans le même temps qu’il s’opère.
Partie 2 : Les préceptes
Cultiver une image positive de soi, à la hauteur de sa capacité à rêver sa vie et à incarner ses rêves. Seules les pensées volontaires définissent notre identité.
Cultiver notre humanité. Elle est la chose la plus précieuse que nous ayons en nous.
Cultiver une image positive de l’autre. Doté d’affectivité et de faiblesses, l’autre est un prolongement de soi.
Se libérer du déterminisme psychologique. Notre volonté est soumise aux expériences relationnelles marquantes de notre vie et peut s’en soustraire par l’observation attentive des pensées vagabondes.
Apprendre à relativiser et hiérarchiser. Toutes les choses ne se valent pas. L’esprit, tel un bocal vide, se remplit de contrariétés, sans considérer la nature même de ces pensées.
Laisser circuler en soi les émotions. Les émotions positives comme les négatives constituent l’élan vital ; une énergie brute qui nous rend moins vulnérable et capable de compassion.
Cultiver notre humilité. L’observation attentive de nos pensées nous révèle que nous sommes de pauvres êtres très pitoyables. Notre raison fragile et compromise est enchaînée aux passions et à l’ignorance.
Le bonheur est ici et maintenant, par le fait même que ce soit la seule chose que nous soyons en droit d’exiger de la vie. Nous pouvons accéder au bonheur si nous nous définissons par notre volonté de l’atteindre et que notre attention se fixe sur les cadeaux que nous offre la vie, plutôt que sur ce dont elle nous prive.
Agir selon ses valeurs. L’accomplissement de soi et le bien-être nous rendent moins vulnérables aux tentations. La volonté permet alors de les surmonter et nous rend plus responsables. Le pire chez l’homme n’est que l’expression partielle d’une suite sans fin de causes et de conséquences. Seule la volonté permet de soustraire ses propres actes à la fatalité.
Vouer un culte à la vie. Cultiver sa capacité à s’enthousiasmer, à partager, à rire, à inventer, à transmettre et à lâcher prise… Célébrer les plaisirs les plus simples comme des trésors inestimables. Goûter à l’opportunité miraculeuse de vivre même un bref instant sur cette terre.
Garder l’esprit ouvert et curieux. Personne n’a la possibilité de connaître la vérité sur l’origine de la vie, l’existence de Dieu ou d’une éventuelle prédestination. Réjouissons-nous de cette ignorance car elle fait de cette vie une formidable aventure.