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Le nom de Béhémoth est la forme plurielle d'un mot qui signifie "bête", "bétail". Il permet donc de désigner la bête ou la brute par excellence, c'est-à-dire, globalement, n'importe quel monstre. Béhémoth a souvent été identifié à un éléphant ou encore à un buffle mythique mentionné par les textes d'Ugarit. Il est en tout cas comparé dans le Livre de Job à un bouf gigantesque mangeant du foin et servi par les montagnes. Il s'agirait, plus précisément, du buffle du lac Houlé, situé au nord d'Israël. On pense aussi parfois à un hippopotame, symbole d'une force brutale que seul Dieu serait capable de maîtriser. Certains l'assimilent à une baleine mais l'on considère parfois qu'il peut également prendre la forme d'un chien, d'un renard ou d'un loup !
Béhémoth est présenté dans le Deuxième Discours de Dieu (Job, 40 : 15-24) :
"Vois Béhémoth, que j'ai créé comme toi : il se nourrit d'herbe, comme le bouf. Vois donc, sa force est dans ses reins, et sa vigueur dans les muscles de ses flancs ! Il dresse sa queue comme un cèdre ; les nerfs de ses cuisses forment un solide faisceau. Ses os sont des tubes d'airain, ses côtes sont des barres de fer. C'est le chef d'ouvre de Dieu ; son Créateur l'a pourvu d'un glaive. Les montagnes produisent pour lui du fourrage, autour de lui se jouent toutes les bêtes des champs. Il se couche sous les lotus, dans le secret des roseaux et des marécages. Les lotus le couvrent de leur ombre, les saules du torrent l'envrionnent. Que le fleuve déborde, il ne craint pas ; il serait calme, si le Jourdain montait à sa gueule. Est-ce en face qu'on pourra le saisir, avec des filets, et lui percer les narines ?" (Crampon).
"Mais regarde donc Béhémoth, ma créature, tout comme toi ! Il se nourrit d'herbe, comme le bouf. Vois ; sa force dans les muscles de son ventre. Il raidit la queue comme un cèdre, les nerfs de ses cuisses s'entrelacent. Ses os sont des tubes d'airain, sa carcasse, comme le fer forgé. C'est lui la première des ouvres de Dieu. Son Auteur le menaça de l'épée, lui interdit la région des montagnes et toutes les bêtes sauvages qui s'y ébattent. Sous les lotus, il est couché, il se cache dans les roseaux des marécages. Le couvert des lotus lui sert d'ombrage et les saules du torrent le protègent. Si le fleuve se déchaîne, il ne s'émeut pas ; un Jourdain lui jaillirait jusqu'à la gueule sans qu'il bronche. Qui donc le saisira par les yeux, lui percera le nez avec des pieux ?" (Jérusalem).
Assimilé à un bovin ou à un pachyderme vorace, on en a fait un démon stupide, maître de la gourmandise et de l'intempérance. Ainsi l'imagine-t-on hantant les cabarets pour marins et se livrant à toutes sortes de lubricités... Ne dit-on pas aussi qu'il est le Grand Echanson de l'Enfer ?
On prétend que, jadis, Béhémoth s'amusait à tenter les pieux ermites dans le désert, y compris le célèbre saint Antoine.
Dans son Discours des sorciers, Boguet dit de Béhémoth qu'il est "le roi de tous les enfants d'orgueil et de superbe."
Béhémoth apparaît aussi dans l'affaire de Loudun sous le nom de Béhémoth des Trônes. Il est l'un des sept démons dont fut, dit-on, possédée sour Jeanne des Anges, supérieure du couvent des Ursulines. Il était placé dans l'estomac de soeur Jeanne (!) et son signe de sortie sera de le soulever de deux pieds de haut. Béhémoth obsèdera également la sour de l'Incarnation, de même que la séculière Marthe Thibault. Le père Surin affirmera dans sa Science expérimentale, que par haine de Dieu, Béhémoth "a vraiment une obstination et une dureté très remarquable."
Dans son Dictionnaire infernal (1863), Collin de Plancy représenta Béhémoth sous l'aspect d'un éléphant bedonnant se tenant sur ses deux pattes arrière. Etrangement, sous cet aspect, Béhémoth n'est pas sans évoquer une version négative du dieu hindou à tête d'éléphant, Ganesh.
Il semble que le nom de Béhémoth prend aussi parfois la forme de "Béhémond".
Eric Timmermans
Sources :
- Bible de Jérusalem, Cerf, 1998
- Bible du Chanoine Crampon, Société de Saint-Jean l'Evangéliste, 1939
- Dictionnaire du Diable, Roland Villeneuve, Omnibus, 1998
- Dictionnaire du diable, des démons et sorciers, Pierre Ripert, Maxi-Poche Références, 2003
- Dictionnaire encyclopédique de la Bible, Pierre Norma, Maxi-Poche Références, 2001
- L'Ange déchu, M. Centini, Editions de Vecchi, 2004
- Livre des Superstitions, Eloïse Mozzani, Robert Laffont, 1995.
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