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Citations :   Sacrifice




"Rien n'est plus dangereux qu'une idée quand on a qu'une idée, j'ai vu courir la plus meurtrière de toutes les idées... Il s'agit d'une théologie nouvelle qui a ses fanatiques et ses martyrs. Un nouveau dieu qui est la source des dieux. Et en même temps un dieu qui parle, qui ordonne, qui récompense, qui punit, un dieu que l'on touche de la main, un dieu sensible au coeur; un dieu qu'il est doux et enivrant d'aimer; qu'il est amer de ne pas aimer. Un dieu qui pardonne des années d'oubli pour un mouvement de sacrifice; un dieu qui se réjouit plus d'une brebis retrouvée que de tout le peuple bêlant fidèle à l'étable. Mais qu'est-ce que c'est ?
C'est la société même sans laquelle l'homme n'est rien et ne serait rien. A force d'étudier les religions primitives, les sociologies ont fini par trouver qu'il n'y avait jamais eu d'autres religions que ce culte, que l'on rend à la société dans les fêtes et cérémonies."

(Emile Chartier, dit Alain / 1868-1951 / Propos sur la religion, Un nouveau Dieu, 20 juillet 1930)

"Il y a un certain esprit religieux, qui n'est pas le meilleur, et qui s'accorde avec la guerre par le dessous, comme on peut voir chez bon nombre d'officiers que je prends pour sincères. D'abord cette idée que l'homme n'est pas bon, et, en conséquence, que l'épreuve la plus dure est encore méritée. Aussi l'idée que, selon l'impénétrable justice de Dieu, l'innocent paie pour le coupable. Enfin cette idée aussi que notre pays, léger et impie depuis tant d'années, devait un grand sacrifice. Sombre mystique de la guerre, qui s'accorde avec l'ennui, la fatigue et la tristesse de l'âge."
(Emile Chartier, dit Alain / 1868-1951 / Mars ou la guerre jugée, 1921)

"C'est l'État, c'est l'autel de la religion politique sur lequel la société naturelle est toujours immolée : une universalité dévorante, vivant de sacrifices humains, comme l'Église. - L'État, je le répète encore, est le frère cadet de l'Église."
(Mikhaïl Bakounine / 1814-1876 / Fédéralisme, socialisme et antithéologisme / 1867)

"Il ne suffit pas, pour nous rendre l'horreur supportable, que l'Église nous propose un Dieu se réduisant à la condition d'homme, acceptant de souffrir de la souffrance des vivants, de mourir de leur mort, d'être comme eux assassiné, et tous les jours à la messe mangé, comme l'agneau et la laitue. La mort de Dieu ne rachète pas celle de l'agneau. Son sacrifice ne fait qu'ajouter à la déraison du système. Le Créateur sadique devient en plus masochiste, et toute sa construction nous apparaît comme un monument d'absurdité."
(René Barjavel / 1911-1985 / La faim du tigre / 1966)

"Il m'arrive d'éprouver une sorte de stupeur à l'idée qu'il ait pu exister des "fous de Dieu", qui lui ont tout sacrifié, à commencer par leur raison. Souvent il me semble entrevoir comment on peut se détruire pour lui dans un élan morbide, dans une désagrégation de l'âme et du corps. D'où l'aspiration immatérielle à la mort. Il y a quelque chose de pourri dans l'idée de Dieu !"
(Emile Michel Cioran / 1911-1995 / Des larmes et des saints / 1937)

"Pour que la charité puisse être pratiquée, il faut que quelques-uns acceptent de ne pas la faire, ou ne soient pas en état de la faire. C'est une vertu réservée à quelques-uns ; la morale, au contraire, par définition, doit être commune à tous, accessible à tous. On ne saurait donc voir dans le sacrifice, le dévouement inter-individuel, le type de l'acte moral."
(Emile Durkheim / 1858-1917 / L'éducation morale)

"Une partie [du] refoulement des pulsions est accomplie par les religions, en tant qu'elles incitent l'individu à offrir en sacrifice à la divinité ses satisfactions pulsionnelles. "A moi la vengeance" dit le Seigneur. On croit reconnaître dans l'évolution des vieilles religions que bien des "forfaits" auxquels l'homme avait renoncé étaient "passés" à Dieu et étaient encore permis en son nom, de telle sorte que la cession à la divinité était le moyen par lequel l'homme se libérait de la domination de ses pulsions mauvaises et nuisibles à la société."
(Sigmund Freud / 1856-1939 / L'avenir d'une illusion)

"On sacrifie souvent les plus grands plaisirs de la vie à l'orgueil de les sacrifier."
(Claude Adrien Helvétius / 1715-1771 / Pensées et réflexions)

"Rien ne paraît plus surprenant à ceux qui contemplent les choses humaines d'un oeil philosophique, que de voir la facilité avec laquelle le grand nombre est gouverné par le petit, et l'humble soumission avec laquelle les hommes sacrifient leurs sentiments et leurs penchants à ceux de leurs chefs. Quelle est la cause de cette merveille ? Ce n'est pas la force ; les sujets sont toujours les plus forts. Ce ne peut donc être que l'opinion. C'est sur l'opinion que tout gouvernement est fondé, le plus despotique et le plus militaire aussi bien que le plus populaire et le plus libre."
(David Hume / 1711-1776 / Essais politiques)

"J'ai raconté à Vallette, tantôt, avec intention, la petite scène de ce Gorgouloff avec son drapeau. "Vous savez, lui ai-je dit, ce n'est pas loin des gens qui saluent drapeau dans la rue." Il s'est tout de suite cabré : "C'est un symbole. On a fait de grandes choses avec les symboles. On a amené les hommes à se sacrifier à une idée. C'est tout de même beau de se sacrifier à une idée." Je ne me suis pas laissé faire : "C'est de l'aliénation mentale. Comme les premiers chrétiens qui se laissaient dévorer pour démontrer leur foi. Des aliénés. Tout ce qui est sentiment religieux est aliénation mentale à un degré ou un autre. L'homme sur le champ de bataille qui court avec entrain à la mort : un aliéné provisoire. L'être qui prête un pouvoir magique, surnaturel, à un objet quelconque : croix, statuette, etc., etc., un aliéné partiel. Tout ce qui est superstition, croyance aveugle, est un degré de folie."
(Paul Léautaud / 1872-1956 / Journal littéraire)

"Celui qui, le premier, a dit aux nations que lorsque qu'on avait fait tort aux hommes, il fallait en demander pardon à Dieu, l'apaiser par des présents, lui offrir des sacrifices, a visiblement détruit les vrais principes de la morale. D'après ces idées, les hommes s'imaginent que l'on peut obtenir du roi du ciel, comme des rois de la terre, la permission d'être injuste et méchant, ou du moins le pardon du mal que l'on peut faire."
(Jean Meslier / 1664-1729 / parfois attribué au baron d'Holbach / Le bon sens)

"... autrui est, de toute façon, un épiphénomène d'une égoïste relation à Dieu : il faut aimer son prochain pour plaire à Dieu, puis, promesse non négligeable pour ceux qui sacrifient à cette mythologie, pour un salut de notre âme, notre petite âme privée."
(Michel Onfray / né en 1959 / La Sculpture de soi / 1991)

"Devant tout pouvoir qui exige soumission et sacrifices de toute nature, la tâche du philosophe est l'irrespect, l'effronterie, l'impertinence, l'indiscipline et l'insoumission. Rebelle et désobéissant, et bien que convaincu du caractère désespéré de sa tâche, il se doit d'incarner la résistance devant le Léviathan et ses porteurs d'eau. Il s'agit d'être impie et athée en matière politique."
(Michel Onfray / né en 1959 / Cynismes / 2000)

"Ne pas être paresseux suppose se sacrifier totalement aux impératifs sociaux."
(Michel Onfray / né en 1959)

"De même que le polythéisme est la personnification des parties et des forces singulières de la nature, de même le monothéisme est celle de la nature entière, d'un coup d'un seul. [...]
Que l'on se fabrique une idole de bois, de pierre, de métal, ou qu'on la compose à l'aide concepts abstraits, c'est tout un: elle reste une idolâtrie, dès qu'on a sous les yeux un être personnel auquel on sacrifie, que l'on invoque, que l'on remercie. Il n'y a pas non plus, au fond une grande différence entre sacrifier ses moutons et sacrifier ses penchants. Chaque rite ou prière témoigne irréfutablement de l'idolâtrie."

(Arthur Schopenhauer / 1788-1860 / Parerga)

"Ce qui rend le mal sans remède, c'est qu'après avoir établi les fausses idées qu'on a de Dieu, on n'oublie rien pour engager le peuple à les croire, sans lui permettre de les examiner ; au contraire, on lui donne de l'aversion pour les philosophes ou les véritables savants, de peur que la raison qu'ils enseignent ne lui fasse connaître les erreurs où il est plongé. Les partisans de ces absurdités ont si bien réussi qu'il est dangereux de les combattre. Il importe trop à ces imposteurs que le peuple soit ignorant, pour souffrir qu'on le désabuse. Ainsi on est contraint de déguiser la vérité, ou de se sacrifier à la rage des faux savants, ou des âmes basses et intéressées."
(inconnu / Livre des trois imposteurs / chapitre I. parag. II / 1721)



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