"Paradis artificiels. C'est un pléonasme."
(Louis Aragon / 1897-1982 / Traité du style, L'Imaginaire)
"L’idée générale veut qu’un homme qui croit en Dieu, un Paradis et un Enfer, fasse tout ce qu’il connaît être agréable à Dieu, et ne fasse rien de ce qu’il sait lui être désagréable. Mais la vie de cet homme nous montre qu’il fait tout le contraire."
(Pierre Bayle / 1647-1706 / Pensées diverses sur la Comète, 1682)
"La religion est si consolante.
On ne doit rien aux gens qui crèvent de misère, puisqu'ils ont la religion pour les consoler. Il ne tient qu'à eux de manger leurs croûtes avec délices ou même de se réjouir en ne mangeant absolument rien. Les ventres creux sont des tambours excellents pour l'entraînement des miséreux à la conquête du Paradis. Tant pis pour eux s'ils ne comprennent pas leur bonheur."
(Léon Bloy / 1846-1917 / Exégèse des lieux communs)
"Si Dieu n'existe pas, je plains ceux qui, pour conquérir là-haut un paradis hypothétique, ont transformé ici-bas leur vie en un enfer de contraintes et de renoncements."
(Philippe Bouvard / né en 1929 / Journal 1992-1996)
"Et dans le ciel qui n'existe pas
Les anges font vite un paradis pour elles
Une auréole et deux bouts d'ailes
Et elles s'envolent... à petits pas
De bigotes"
(Jacques Brel / 1929-1978 / Les bigotes)
"CIEL : Lieu de délices que l'on dit être le Paradis et d'où nous arrivent aussi la pluie, la foudre, la grêle et les bombes."
(Albert Brie / né en 1925 / Le mot du silencieux, Dictionnaire du marginal)
"Si la solitude existe, ce que j'ignore, on aurait bien le droit, à l'occasion, d'en rêver comme d'un paradis."
(Albert Camus / 1913-1960 / L'Envers et l'endroit, Préface)
"Le paradis n'était pas supportable, sinon le premier homme s'en serait accommodé ; ce monde ne l'est pas davantage, puisqu'on y regrette le paradis ou l'on en escompte un autre. Que faire ? Où aller ? Ne faisons rien et n'allons nulle part, tout simplement."
(Émile Michel Cioran / 1911-1995 / De l'inconvénient d'être né)
"Même si on nous promettait le paradis nous le refuserions. Car nous voulons le prendre."
(Daniel Cohn-Bendit / né en 1945 / Discours du 4 mai 1968)
"Pour la prière aux saints du paradis, j'ai un tuyau ! Le meilleur créneau, c'est les auréolés modestes, les petits, les sans-grade. Pas les stressés, les surmenés, les Matthieu, Marc, Pierre, Marie, Thérèse... Non, eux qui se les roulent là-haut ; les Godefroy, Magne, Nazaire, Quentin, Evariste, Anselme, Fridolin : moins ils sont connus, plus ils te concèdent ! Saint-Pierre, on fait la queue devant son auréole. Il ne sait plus où donner de la barbe. Tandis que les obscurs, eux, ne demandent qu'à se remuer !"
(Frédéric Dard / 1921-2000 / Les pensées de San-Antonio)
"Au Paradis, on est assis à la droite de Dieu. C'est normal, c'est la place du mort."
(Pierre Desproges / 1939-1988)
"La conception du paradis est au fond plus infernale que celle de l'enfer. L'hypothèse d'une félicité parfaite est plus désespérante que celle d'un tourment sans relâche, puisque nous sommes destinés à n'y jamais atteindre."
(Gustave Flaubert / 1821-1880 / lettre à Louise Colet - 21 Mai 1853)
"Seuls, les puissants et les grands brigands confondent la vie et le monde. Ils sont fous; ils croient que pour atteindre le paradis il suffit de poser son cul sur la tête des pauvres et de les cravacher pour les pousser au ciel."
(Henri Gougaud / né en 1936 / L'Inquisiteur)
"Saint Augustin écrivait qu'on trouverait au Paradis un dimanche éternel... La vie n'est juste qu'une longue attente jusqu'au week-end."
(Pekka Himanen, philosophe finlandais / né en 1973)
"L'évocation d'un paradis à gagner en acceptant les misères du monde présent a été une véritable drogue évitant la révolte des exploités. La religion catholique n'a pas fini de payer sa compromission avec ce détournement des paroles de l'Evangile."
(Albert Jacquard / 1925-2013 / Petite philosophie à l'usage des non-philosophes / 1997)
"Et l'homme qui aura acquis le plus d'habitude morale sera certainement supérieur à ce bon chrétien qui prétend être toujours poussé par le diable a faire le mal et qui ne peut s'en empêcher qu'en évoquant les souffrances de l'enfer ou les joies du paradis."
(Piotr Kropotkine / 1842-1921 / La morale anarchiste / 1889)
"La terre est le probable paradis perdu."
(Federico Garcia Lorca / 1898 - 1936 / Mar, Versos finales)