"Pour vous, je suis un athée ; pour Dieu je suis un opposant loyal."
(Woody Allen / né en 1935 / Dialogue du film "Stardust Memories")
"Le XIXème siècle est le siècle de la Libre Pensée. Cette expression nouvelle est inventée pour permettre une sorte de front unique contre les prêtres. Sous le drapeau de cette Libre Pensée se groupent les athées, peu nombreux, et souvent honteux de leur athéisme, et tous les déistes anticléricaux […]. Il est remarquable que les théoriciens de l'athéisme au cours de ce siècle se soient encore trouvés être Marx et Engels, c'est-à-dire tous les théoriciens de la lutte des classes, les fondateurs de l'idéologie du prolétariat. L'athéisme est en effet seul compatible avec la théorie révolutionnaire qui est propre au prolétariat. La croyance en l'existence d'un Dieu est une croyance contre-révolutionnaire, car les dieux ne sont pas au ciel mais sur la terre, et ils ne sont pas autre chose que des machines intellectuelles pour la préservation de l'Etat Capitaliste[..]. Il va sans dire que la Libre Pensée en perdant sa valeur de mot d'ordre […] a cessé de pouvoir être un signe de ralliement clair, sous cette forme, pour les révolutionnaires."
(Louis Aragon / 1897-1982 / article intitulé "Athées ou Libres Penseurs ?")
"Il n'est pas plus étrange qu'un athée vive vertueusement qu'il n'est étrange qu'un chrétien se porte à toutes sortes de crimes."
(Pierre Bayle / 1647-1706 / Pensées sur la comète, 1682)
"L'avenir est la seule transcendance des hommes sans Dieu."
(Albert Camus / 1913-1960 / L'Homme Révolté)
"L'athée qui irait proclamant que l'inexistence de Dieu est démontrée serait en contradiction avec lui-même : il ferait acte de foi, cette foi fût-elle négative. En effet, ayant admis que la question même de l'existence d'un Dieu se situe hors du domaine des questions "permises" et n'a donc pas à être posée puisqu'on ne pourrait y répondre, dans un sens ou dans l'autre, que par des affirmations indémontrables, il la pose quand même et y répond péremptoirement. "Non" est tout aussi téméraire que "Oui". L'athée cohérent se garde bien d'accepter la discussion sur ce terrain. Une fois pour toutes, il ignore Dieu et le problème de son existence, il se conduit en tout sans tenir compte de ces chimères."
(François Cavanna / 1923-2014 / Lettre ouverte aux culs-bénits)
"Il n'a jamais été question de liberté de conscience pour les non-croyants. Quand le protestantisme version Calvin se fut imposé à Genève comme religion dominante, le simple soupçon d'athéisme vous conduisait au bûcher plus sûrement que la persistance dans la religion catholique, devenue à son tour "hérésie".
Aujourd'hui encore, surtout hors de France, ne pas croire en une version quelconque de Dieu est proprement impensable. L'athée est regardé avec une certaine répugnance, comme une espèce de monstruosité, d'ébauche humaine inachevée à qui il manque une faculté essentielle."
(François Cavanna / 1923-2014 / Lettre ouverte aux culs-bénits)
"Il n'y a au fond qu'une définition qui vaille : l'athée est un croyant devenu adulte."
(Thomas Cleaners jr. / né en 1962 / Dieu, l'horoscope et autres poisons / 2000)
"La position de l'athée est d'autant plus forte, à l'inverse, qu'il préférerait le plus souvent avoir tort. Cela ne prouve pas qu'il ait raison, mais le rend moins suspect de ne penser, comme tant d'autres, que pour se consoler ou se rassurer."
(André Comte-Sponville / né en 1952 / Présentation de la philosophie)
"Athées et croyants ne sont séparés que par ce qu'ils ignorent. Comment cela pourrait-il compter davantage que ce qu'ils connaissent: une certaine expérience de la vie, de l'amour, de l'humanité souffrante et courageuse? [...] il serait fou de s'entre-tuer pour ce qu'on ignore. Mieux vaut se battre, ensemble, pour ce que nous connaissons et reconnaissons."
(André Comte-Sponville / né en 1952 / Présentation de la philosophie)
"Moi, qui n'ai aucune foi, j'essaie d'être un athée fidèle. Et ce que j'appelle la fidélité, par différence avec la foi, ce n'est pas une croyance en Dieu ou en quelque transcendance que ce soit. C'est un sentiment d'appartenance, de filiation, avec les siècles passés qui ont fait de notre civilisation ce qu'elle est. [...] La vraie question, c'est : Que reste-t-il de l'Occident chrétien quand il n'est plus chrétien ?"
(André Comte-Sponville / né en 1952 / Emission de télévision "Culture et dépendances", France 3, le 10 décembre 2003)
"L'athéisme n'est ni une philosophie, ni une religion. Certains athées sont humanistes. D'autres non. Certains sont de droite, d'autres de gauche... Les athées n'ont, par principe, pas à être d'accord entre eux sur des convictions positives. Alors que les chrétiens sont d'accord sur les dogmes du christianisme et les musulmans sur les grandes bases de l'islam, la seule chose qui unisse les athées, c'est cette conviction purement négative de ne croire en aucun Dieu."
(André Comte-Sponville / né en 1952 / francetvinfo.fr, 25/01/2015)
"J'hésite, cependant, à me dire athée, car le mot "Dieu" a peu à peu perdu, pour moi, toute signification. Il me paraît sans objet, et je ne crois pas qu'il y ait lieu de nier ce qui n'est rien."
(Marcel Conche / né en 1922 / Le destin de solitude)
"Le véritable et authentique athée est celui qui croit, fermement et dur comme fer, que Dieu lui-même ne croit pas en lui."
(Pierre Dac / 1893-1975 / Les pensées)
"Parce qu'un homme a tort de ne pas croire en Dieu, avons-nous raison de l'injurier ? On n'a recours aux invectives que quand on manque de preuves."
(Denis Diderot / 1713-1784 / Pensées philosophiques)
"Il n'appartient qu'à l'honnête homme d'être athée. Le méchant qui nie l'existence de Dieu est juge et partie ; c'est un homme qui craint et qui sait qu'il doit craindre un vengeur (…) L'homme de bien au contraire, qui aimerait tant à se flatter d'une rémunération future de ses vertus, lutte contre son propre intérêt. L'un plaide pour lui-même, l'autre plaide contre lui ; le premier ne peut jamais être certain du véritable motif qui détermine sa façon de philosopher ; le second ne peut douter qu'il ne soit entraîné par l'évidence dans une opinion si opposée aux espérances les plus douces et les plus flatteuses dont il pourrait se bercer."
(Denis Diderot / 1713-1784 / rapporté dans "Mémoires pour servir à l'histoire de la philosophie au XVIIIe siècle, de Jean Philibert Damiron)