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Henri Beyle,
dit Stendhal

(1783 - 1842)

Biographie de Stendhal :

Ecrivain français. Né à Grenoble, fils d'un avocat au Parlement, Henri Beyle a une forte antipathie pour son père qu'il trouve tyrannique et avare. Inconsolable à la mort de sa mère alors qu'il est âgé de 7 ans, il reporte son affection sur son grand-père maternel, le docteur Henri Gagnon.

Après avoir renoncé au concours de l'Ecole Polytechnique, Henri Beyle s'engage dans l'armée de Napoléon. Il participe à la campagne d'Italie dont il reviendra ébloui par la musique, les beaux-arts et l'amour-passion. Il fait alors de l'Italie sa patrie d'élection. De retour à Paris en 1802, il aspire à être un grand auteur, mais n'arrive que très difficilement à faire publier ses textes. En 1806, il obtient un poste d'intendant militaire dans la Grande Armée. Accompagnant les campagnes napoléoniennes, il voyage en Allemagne, en Autriche, puis à Moscou en 1812.

A la Restauration, privé de ressources, Henri Beyle s'installe en Italie et commence à publier ("Rome, Naples et Florence", 1817) sous le pseudonyme de Stendhal, nom d'une petite ville d'Allemagne. Soupçonné d'espionnage par l'Autriche, il doit rentrer à Paris en 1821 où il fréquente les salons libéraux et romantiques. Ayant fait de l'amour la "principale affaire de sa vie", il décrit dans "De l'amour" (1822) sa célèbre théorie de la "cristallisation" amoureuse. Son chef d'oeuvre, "Le Rouge et le Noir", publié en 1830, est une critique de la société française sous la Restauration qui raconte les aventures d'un jeune homme d'origine modeste (Julien Sorel). L'ouvrage passe presque inaperçu à sa sortie. En 1831, Stendal est nommé consul à Cititavecchia en Italie. Il rentre en France en 1841 et meurt l'année suivante d'une attaque d'apoplexie.

Ayant horreur des envolées lyriques, de l'emphase et de l'idéalisation, Stendhal développe un style nerveux et incisif propice à la mise en scène d'une action rapide. Son indépendance par rapport à son époque n'accepte aucun cadre préétabli et fait de ses romans des critiques de la société libérale. Romantique par ses passions et les thèmes d'actualité qu'il aborde, Stendhal possède en outre un sens aigu de l'analyse psychologique qui annonce déjà le réalisme. Son oeuvre rencontre peu d'écho de son vivant et plusieurs de ses écrits ne furent publiés qu'à titre posthume. Balzac est le premier à voir en lui, à la sortie de "La Chartreuse de Parme" (1839) l'un des grands écrivains du XIXème siècle. Stendhal est, de nos jours, considéré comme l'un des plus grands romanciers psychologues.

Initié par son grand-père à l'esprit de liberté hérité du siècle des Lumières, Stendhal rejette toutes les idées respectables de son milieu et en particulier la religion dont il est un adversaire résolu. Son aversion pour la religion remonte à son enfance qu'il passe entouré de jésuites, ces "noirs coquins" avides de pouvoir et de reconnaissance, et de religieux "bornés", comme son précepteur, l'abbé Raillane qu'il a détesté. Les descriptions positives qu’il fait dans "Le Rouge et le Noir" du curé Chélan et de l'abbé Pirard ne sont que celles de marginaux dans l'Eglise. Influencé par Condillac, Helvétius et Destutt de Tracy, Stendhal est matérialiste et athée, aussi critique envers l’idéalisme qu’envers la religion.
Bibliographie : Vies de Haydn, Mozart et Métastase (1814), Histoire de la peinture en Italie (1817), Rome, Naples et Florence (1817), De l'amour (essai, 1822), Racine et Shakespeare (1823), Vie de Rossini (1823), Armance (roman, 1827), Promenades dans Rome (1829), Vanina Vanini (nouvelle, 1829), Le Rouge et le Noir (roman, 1830), Mémoire d'un touriste (1838), L'abbesse de Castro (1839), La Chartreuse de Parme (roman, 1839), Chroniques italiennes (1839), Lucien Leuwen (posthume, 1855), Lamiel (posthume, 1889), Vie de Henri Brulard (biographie posthume, 1890), Souvenir d'égotisme (posthume, 1892).
Liens:
      armance.com : Stendhal
      L'Encyclopédie de L'Agora : Psychologie contemporaine (notes et portraits) - Stendhal
      kanazawa-u.ac.jp : Le "jésuite" chez Stendhal

Citations de Stendhal :

"Une collection de baïonnettes ou de guillotines ne peut pas plus arrêter une opinion qu'une collection de louis ne peut arrêter la goutte."
(Stendhal / 1783-1842 / Lettre au baron de Mareste, 21 décembre 1819)

"Puisque la mort est inévitable, oublions-là."
(Stendhal / 1783-1842 / Vie de Rossini / 1823)

"Les Anglais, écrit-il, sont victimes du travail... Ce malheureux ouvrier, ce paysan qui travaille, n'ont pour eux que le dimanche. Or, la religion des Anglais défend toute espèce de plaisir le dimanche, et a réussi à rendre ce jour le plus triste du monde. C'est à peu près le plus grand mal qu'une religion puisse faire à un peuple qui, les six autres jours de la semaine, est écrasé de travail... "
(Stendhal / 1783-1842 / correspondance, 1826)
"Quand on est roi, que peut-il manquer ? D'être Dieu."
(Stendhal / 1783-1842 / Armance / 1827)

"L'idée la plus utile aux tyrans est celle de Dieu."
(Stendhal / 1783-1842 / Le Rouge et le Noir / 1830)

"Si je trouve le dieu des chrétiens, je suis perdu : c'est un despote et comme tel, il est rempli d'idées de vengeance ; Sa Bible ne parle que de punition atroce. Je ne l'ai jamais aimé ; je n'ai même jamais voulu croire qu'on l'aimât sincèrement."
(Stendhal / 1783-1842 / Le Rouge et le Noir / 1830)

"Il n'y a point de droit naturel : ce mot n'est qu'une antique niaiserie. Avant la loi, il n'y a de naturel que la force du lion, ou le besoin de l'être qui a faim, qui a froid, le besoin en un mot."
(Stendhal / 1783-1842 / Le Rouge et le Noir / 1830)

"Le pouvoir absolu a cela de commode qu'il sanctifie tout aux yeux des peuples."
(Stendhal / 1783-1842 / La Chartreuse de Parme / 1839)

"Je viens de me colleter avec le néant; c'est le passage qui est désagréable, et cette horreur provient de toutes les niaiseries qu'on nous a mises dans la tête à trois ans.
(Stendhal / 1783-1842 / après sa première attaque d'apoplexie en 1841)

"J'aimais et j'aime encore les mathématiques pour elles-mêmes comme n'admettant pas l'hypocrisie et le vague, mes deux bêtes d'aversion."
(Stendhal / 1783-1842 / Vie de Henri Brulard / posthume, 1890)

"Un jour, mon grand père dit à l'abbé Raillane :
-Mais m[onsieur], pourquoi enseigner à cet enfant le système céleste de Ptolémée que vous savez être faux ?
- M[onsieu]r, il explique tout et d'ailleurs est approuvé par l'Eglise.
Mon grand père ne put digérer cette réponse et souvent la répétait, mais en riant ; [...]
Mais cette réponse de l'abbé, souvent répétée par mon grand-père que j'adorais, acheva de faire de moi un impie forcené et d'ailleurs l'être le plus sombre."

(Stendhal / 1783-1842 / Vie de Henry Brulard)

"La seule excuse de Dieu, c'est qu'il n'existe pas."
(Stendhal / 1783-1842 / cité par Nietzsche dans "Ecce homo")

"Le papisme est la source de tous les crimes."
(Stendhal / 1783-1842)

"Je suis athée, Dieu merci !"
(Stendhal / 1783-1842 / parfois attribuée à Stendhal)



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