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Michel de Montaigne

(1533 - 1592)

Biographie de Michel de Montaigne :

Penseur humaniste et homme politique français. Fils de riches négociants gascons anoblis, Michel Eyquem de Montaigne reçoit une éducation savante et humaniste. Au collège de Guyenne, à Bordeaux, il montre rapidement son talent pour la discussion et la joute rhétorique. Après des études de droit, il devient, en 1554, conseiller à la Cour des Aides de Périgueux, puis au Parlement de Bordeaux. Montaigne se lie d'amitié avec Etienne de La Boétie, jeune magistrat humaniste qui meurt en 1563, âgé de 33 ans. Il décrit cette amitié restée célèbre dans un chapitre des Essais ("De l'Amitié").

C'est en 1571 que Montaigne décide de se retirer dans sa "bibliothèque", au château de Montaigne. Il entreprend dès lors la rédaction de son principal ouvrage, "Les Essais", sur lequel il travaille jusqu'à la fin de sa vie.

De 1580 à 1581, il voyage en Allemagne, en Autriche, en Suisse et en Italie, pour des raisons de santé et tient un "Journal de voyage" qui ne sera publié qu'en 1774. C'est à Rome qu'il apprend qu'il a été élu maire de Bordeaux, fonction que son père avait déjà tenue. Il exercera ce mandat jusqu'en 1585 en essayant de tempérer les relations entre les catholiques et les protestants. Lui-même catholique, il est respecté par Henri III, catholique, et par Henri de Navarre, protestant. Lorsque ce dernier, devenu le roi Henri IV, l'invite à la cour comme conseiller, il décline la proposition afin de poursuivre, enrichir et réviser "Les Essais".

Dans les Essais, Montaigne se dépeint lui-même, comme un sujet observé, sans artifice, pour révéler son "moi" dans son entière nudité, pour se comprendre et comprendre le monde. Il laisse libre cours à ses pensées souvent imprégnées de pessimisme, telles qu'elles se présentent à lui. Son étonnement philosophique commence avec sa devise "Que sais-je ?". Son influence sur la littérature française est très importante.

L'oeuvre de Montaigne est celle d'un sceptique qui veille à bannir les doctrines intangibles et les certitudes aveugles. Il s'attaque à tous les dogmatismes, qu'ils soient religieux ou philosophiques, ne figeant jamais son scepticisme, son doute méthodique sur des certitudes ou des absolus. En pleine guerre de religions, il affiche sa tolérance et son aversion pour les luttes fratricides entre catholiques et protestants, considérant que la complexité des situations ne peut se régler par l'opposition binaire. S'il croit en Dieu, il considère que l'homme ne peut spéculer sur sa nature et qu'il doit être dégagé des croyances et des préjugés qui l'accompagnent ("Apologie de Raymond Sebond"). Pour Montaigne, l'homme a la possibilité et le pouvoir de faire naître en lui la liberté de pensée.
    "De nom et de baptême, il est chrétien; il va à la messe pour suivre la coutume, mais le christianisme ne joue aucun rôle dans sa vie intérieure; s'il a en lui laissé des traces, ce sont des habitudes de gestes et de langage. Montaigne n'est pas plus chrétien que Voltaire; il l'est beaucoup moins que Gide."
    (André Maurois / 1885-1967)
Bibliographie : Les Essais, livres I et II (1580), Les Essais, livre III (1588), Journal de Voyage (posthume 1774).
Liens:
      alalettre.com : Michel de Montaigne
      Société Internationale des Amis de Montaigne
      Publius Historicus : Montaigne

Citations de Michel de Montaigne :

"Que sais-je ?"
(Devise que Montaigne a fait graver sur une médaille en 1576)


"Il est vraisemblable que le principal crédit des miracles, des visions, des enchantements et de tels effets extraordinaires, vienne de la puissance de l'imagination agissant principalement contre les âmes du vulgaire, plus molles. On leur a si fort saisi la créance qu'ils pensent voir ce qu'ils ne voient pas."
(Michel de Montaigne / 1533-1592 / Essais, 1.21)

"Les miracles sont selon l'ignorance en quoi nous sommes de la nature, non selon l'être de la nature."
(Michel de Montaigne / 1533-1592 / Essais, 1.23)

"Le vrai champ et sujet de l'imposture sont les choses inconnues. D'autant qu'en premier lieu l'étrangeté même donne du crédit ; et puis, n'étant point sujettes à nos discours ordinaires, elles nous ôtent le moyen de les combattre. A cette cause, dit Platon, est-il bien plus aisé de satisfaire parlant de la nature des Dieux que de la nature des hommes, parce que l'ignorance des auditeurs prête une belle et large carrière et toute liberté au maniement d'une matière cachée.
Il advient de là qu'il n'est rien cru si fermement que ce qu'on sait le moins, ni gens si assurés que ceux qui nous content des fables, comme alchimistes, pronostiqueurs, judiciaires, chiromanciens, médecins, "id genus omne"."

(Michel de Montaigne / 1533-1592 / Essais, 1.32)

"Il est peu d'hommes qui osassent mettre en évidence les requêtes secrètes qu'ils font à Dieu."
(Michel de Montaigne / 1533-1592 / Essais, 1.56)

"La superstition [...] porte quelque image de pusillanimité."
(Michel de Montaigne / 1533-1592 / Essais, 2.1)

"[...] nous vivons par hasard."
(Michel de Montaigne / 1533-1592 / Essais, 2.1)

"L'homme est bien insensé: il ne saurait forger un ciron et forge des dieux à la douzaine."
(Michel de Montaigne / 1533-1592 / Essais, 2.12)

"Sur quel fondement de leur justice peuvent les dieux reconnaître et récompenser à l'homme, après sa mort, ses actions bonnes et vertueuses, puisque ce sont eux-mêmes qui les ont acheminées et produites en lui ? Et pourquoi s'offensent-ils et vengent sur lui les vicieuses, puisqu'ils l'ont eux-mêmes produit en cette condition fautière et que, d'un seul clin de leur volonté, ils le peuvent empêcher de faillir ?"
(Michel de Montaigne / 1533-1592 / Essais, 2.12)

"Notre religion n'a point eu de plus assuré fondement humain que le mépris de la vie."
(Michel de Montaigne / 1533-1592 / Essais)

"C'est aux chrétiens une occasion de croire, que de rencontrer une chose incroyable."
(Michel de Montaigne / 1533-1592 / Essais)

"Qu'est-il de plus vain que de vouloir deviner Dieu par nos analogies et conjectures, le régler et le monde à notre capacité et à nos lois, et nous servir aux dépens de la divinité de ce petit échantillon de suffisance qu'il lui a plus de départir à notre naturelle condition ?"
(Michel de Montaigne / 1533-1592 / Essais, Apologie de Raymond Sebonde)

"L'impression de certitude est un témoignage certain de folie et d'incertitude extrême. C'est mettre ses conjectures à bien haut prix que d'en faire cuire un homme tout vif."
(Michel de Montaigne / 1533-1592)




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