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Témoignage

... athée de naissance ...

(GGVW   -   13/04/05)



Bonjour,

je viens de lire votre page sur les catégories d'athées et j'ai été frappée par votre phrase : Cette définition me semble inutilement stricte. Le tout n'est pas l'ignorance du concept de Dieu, mais la manière dont il est considéré. J'ai été élevée par un scientifique qui m'a dispensée de tout catéchisme "pour me garder l'esprit intact", mais m'a soigneusement mise en garde contre les restes de superstition des humains, incluant là-dedans tout ce qu'il considérait comme irrationnel, de l'astrologie au Père Noël et de mauvais oeil à Dieu. Dans mon cas, le concept de Dieu était donc connu nominalement, et considéré comme une faribole parmi d'autres, puisque mon papa me le disait. Or si mon papa était devenu adulte sans que Dieu ne le tue, c'était que cette opinion n'était pas mortelle. Elle permettait même, à voir mon papa, d'être intelligent et de réussir dans la vie, donc je l'ai adoptée comme sensée.

J'ai ensuite été confrontée à des croyants et à des tentatives de bourrage de mou, sans effet, car mon père m'avait offert également la liberté de peser et de garder ou non les contributions des adultes... y compris les siennes, mais plus tard. En cas de doute né d'une contagion non par leurs arguments, mais par la force de leur conviction (le naïf "ils n'y croiraient pas si fort si c'était faux"), je me contentais de lui exposer le cas dès que nous nous revoyions et il argumentait pour me convaincre que c'était un sophisme.

J'ai été aidée dans mon tri parce que personne ne m'a jamais convaincue d'étouffer mon intuition psychologique. J'ai donc pu continuellement confronter les propositions de vie des adultes et ce que je voyais de leur bien-être, et rejeter toute proposition issue de personnes que je percevais comme malheureuses, si je pensais qu'elles étaient pour quelque chose dans leur état. Et justement tous les croyants que je connaissais entraient dans ce cas, et m'irritaient en plus par leurs raisonnements inévaluables (puisque, je l'ai compris depuis, il n'y avait pas de démonstration mais des juxtapositions de poncifs).

Quant à l'ordre dans lequel un humain invente des croyances, c'est une bonne question. Personnellement, j'ai dans l'ordre : Comme j'étais arrivée à la conclusion qu'aucune des stratégies de vie qui m'avaient été proposées ne menait au bonheur, et que la psychologie était interdite dans la maison (l'un explique l'autre), j'ai passé un temps considérable à lire des légendes, puis de la théologie. J'ai trouvé dans les premières ce que j'y cherchais, c'est-à-dire des valeurs pour construire un monde moins fou que celui dans lequel je vivais ; quant à la théologie comparée, je n'y ai rien trouvé que l'intuition qu'elle était en totalité pathologique et qu'il allait falloir transgresser un tabou et aller faire de la psychologie quand même si je voulais m'en sortir.
Je ne pense pas avoir cherché du sacré, mais uniquement des solutions, puisque ma certitude innée était qu'avoir la paix me suffirait complètement en guise de projet de vie, mais que ça n'allait pas être simple.
J'ai abandonné ces attitudes "croyantes" sans effort dès lors que les besoins qui les fondaient ont disparu, le point ayant probablement été que ces croyances n'ont pas cessé d'être perçues comme des outils.

Mais ayant en moi un primate inquiet qui tente de savoir si mes méthodes de survie sont valables ou non, je me suis récemment intéressée à la question de savoir si le concept de Dieu était positif, neutre ou négatif pour mon bien-être, et je suis arrivée à la conclusion qu'en ce qui me concerne, tout appui sur un élément extérieur, même en théorie infiniment plus efficace que moi, ne fait que me diminuer, et donc m'angoisser. Si je ne compte que sur mes moyens mais que je les développe pleinement, y compris la coopération, alors Dieu m'est totalement superflu. J'ajoute qu'à ma connaissance Dieu est peut-être tout-puissant, mais qu'il n'a jamais donné une aide infinie à quiconque. Au contraire, les seules oeuvres que j'estime ont été accomplies par des hommes libres des dieux, et le bien fait au nom des dieux l'a été fait malgré eux. Il n'est pas méritoire puisque la méthode choisie ne menait que par hasard à un résultat positif. J'ai donc pu rassurer mon primate et vivre tranquille en cessant de courir derrière des avantages évolutifs ou des noisettes pour l'hiver.

Je ne constate pas non plus de mélancolie à l'idée qu'aucune superfamille ne m'attend au paradis, que le monde n'a pas été fait pour moi, et qu'il ne reste pas souffle coupé en l'attente de la prodigieuse contribution que je ne manquerai pas de lui fournir, mais ç'aurait été fort peu probable. Je ne pouvais pas faire partie de ces athées que je surnomme "les orphelins de Dieu", parce que mon rêve le plus cher a toujours été d'être enfin libre de tout le monde, y compris d'un éventuel créateur surnaturel. Tout ce qui est puissant finit toujours par interférer avec ma liberté, alors je préfère faire sans son aide et sans ses grands pieds.

Je vous remercie par ailleurs pour votre site fort intéressant.

Meilleures salutations,



GGVW



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