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Une présentation du taoïsme philosophique


Par Michaël D.  /  ikari@ifrance.com  /  21 mai 2003


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Comme vous, je suis un anticlérical convaincu.
Cependant, nous divergeons sur plusieurs points...
Mais surtout un point précis : Le Taoïsme.

En effet, il convient de distinguer la religion taoïste de la pensée taoïste, qui n'a rien à voir.
Le taoïsme que je connais n'a rien d'une religion, c'est une philosophie au même titre que le scepticisme (auquel j'adhère aussi).
Ma pensée (chacun possède sa propre pensée, indépendamment de notre capacité à l'exprimer) comporte des notions de taoïsme (à ceci près que je n'utilise pas le même vocabulaire que la pensée taoïste)...

En fait, ma réaction était surtout en rapport avec le schéma de l'échelle des croyances (plus précisément le 2e, celui qui présente 2 axes : croyance et philosophie), car vous avez classé le taoïsme au même niveau de croyance que l'animisme. On peut peut-être dire ça de la religion taoïste, mais pas de la pensée taoïste. [Une correction a été apportée sur les pages "Echelle des croyances" et "Lexique" depuis cette remarque]

Pour ce qui est de la pensée taoïste, j'en ai lu l'ouvrage fondateur : le Tao Te King (soi-disant écrit par un certain Lao Tseu). Cet ouvrage peut être abordé sous différents angles. Une chose est sûre, l'ouvrage ne parle pas de Yin et Yang (même s'il aborde le thème de la dualité).
Il évoque surtout le caractère inconnaissable et indicible du Tao, et il le nomme "Tao" par facilité ou abus de langage (c'est d'ailleurs tout de suite mentionné : "Le nom que l'on peut prononcer n'est pas le Nom éternel").
Effectivement, le Tao ne peut être dit, mais peut être atteint par la non-action et la non-pensée (comme vous l'avez bien écrit dans votre définition du Taoïsme). Le paroxysme de la non-action et la non-pensée étant décrit dans d'autres ouvrages comme une sorte de coma révélateur (mais je l'interprète plutôt comme un état de mort, et donc de conscience universelle... C'est-à-dire que la conscience n'est plus le siège d'un simple organe puisque ledit organe se désintègre, et la conscience se diffuse dans l'univers en même temps que les atomes du corps).

Le Tao n'est pas à comprendre comme un principe créationniste classique (comme le big bang, ou Dieu, qui aurait engendré l'univers à un instant t), mais plutôt comme un principe créationniste des concepts, des possibles, et, par extension, du concret, mais ceci INDEPENDAMMENT des considérations temporelles. Le Tao est hors du temps. (Et le temps fait partie du Tao). Ce que je pense, c'est que TOUTE affirmation concernant le Tao ne peut être strictement fausse, puisque le Tao englobe TOUT au sens le plus large du terme.
Après, l'humain classe, défriche, trie, pour pouvoir se repérer dans cette multitude qu'a généré le Tao. On crée le vrai, le faux, le concret, l'abstrait, les concepts, les probabilités, les nombres, les objets, on distingue les choses pour pouvoir en parler... Mais là, c'est peut-être déjà une interprétation personnelle du Tao Te King. En tout cas, c'est ma façon de voir les choses.

En fait, c'est à partir de l'idée de la non-action et la non-pensée (mentionnée plus haut), et de divers ouvrages moins compréhensibles (à mon sens), qu'a commencé la religion taoïste. Domaine où je ne suis pas du tout informé (puisque je n'ai intégré à ma pensée que l'ouvrage philosophique fondateur de la pensée taoïste).
Le Yin et le Yang sont (pour moi) des principes qui, au départ, ne faisaient pas partie des fondements de la pensée taoïste, et je les considère donc (mais ce n'est qu'un avis personnel) comme des principes de la religion taoïste.
A une exception près : Je considère que quand on pose une question "pourquoi", il est salutaire de se poser en même temps la question "pourquoi pas". Ceci engendre le doute, et le doute est ma lumière. On peut y voir une interprétation des principes Yin et Yang (mais je m'arrête là car je n'adhère pas du tout aux diverses applications du Yin et Yang).


Complément du 6 juin 2003

[...] le taoïsme propose d'abandonner l'idée de PARLER de l'indéfinissable. (parler, ou penser, aussi d'ailleurs...). Remplacez le mot "indéfinissable" par le mot "tao", ça veut dire la même chose.
Quoi de plus logique ? Par définition, on ne peut pas parler de l'indéfinissable!
(Effectivement : Il faudrait d'abord disposer d'une définition pour savoir de quoi on parle)
[...]
Le taoïsme n'impose pas de philosophie de vie, ni de moyen d'accéder au bonheur (à part le taoïsme religieux, qui propose des pratiques bien spécifiques, apparemment).
Il propose seulement de se libérer l'esprit de toutes ces questions métaphysiques qui ne PEUVENT PAS avoir de réponse!
On s'allège l'esprit... et on peut, si on le désire, expérimenter l'indéfinissable via les 5 sens et l'intuition, en toute sérénité, sans chercher à COMPRENDRE.
L'éthique, la recherche du bonheur, tout ceci est une recherche personnelle. Chacun suit son propre chemin, sa propre éthique et cherche son propre bonheur comme il le veut.
Tout le monde est différent, alors pourquoi y aurait-il une unique façon de trouver le bonheur?

Le taoïsme ne dit pas comment trouver le bonheur, il propose seulement de ne pas TROP chercher à comprendre (surtout l'incompréhensible)

[…] le taoïsme se rapproche aussi beaucoup du scepticisme.
En effet, le scepticisme dit que toute affirmation peut être contredite, chercher la vérité est une chose vaine. Il n'y a pas de vérité. Le taoïsme dit : il n'y a pas de vérité PENSABLE ( = connaissable). C'est très proche.

En effet, un sceptique demande toujours la preuve de la preuve (à l'infini). On finit toujours par tomber sur des axiomes, des choses qu'on admet d'office, pour construire un raisonnement. Admettre d'office, c'est là la faiblesse d'un non-sceptique. La faiblesse d'un sceptique, c'est de pouvoir tout détruire, et donc de ne rien pouvoir énoncer, construire.

Michaël D.  /  ikari@ifrance.com


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