En quelques lignes, l'essentiel d'une sélection* d'articles de la presse écrite
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Pourquoi les protestants ne protestent plus (Natacha Polony) Marianne - 27 août au 2 septembre 2005 (7 pages)
Le "déferlement mondial d'imagerie pieuse" qui a frappé la terre en avril 2005, lors du changement de pape, contraste avec le silence protestant. "Pour dire les choses crûment, calvinistes et luthériens semblent être en France, aux abonnés absents."
Pourtant il existe bien une identité protestante assise géographiquement en Alsace pour les luthériens et dans le Grand Sud pour les calvinistes.
Autrefois, il y avait les riches capitaines d'industrie, les banquiers et les hommes d'Etat de la "haute société protestante". Mais ce protestantisme est en pleine mutation. Il laisse la place "à de nouveaux fidèles issus de l'immigration, et attirés par un protestantisme plus émotionnel, inspiré des mouvements anglo-saxons, allant parfois jusqu'aux très folkloriques et médiatiques scènes de transe de certains évangéliques pentecôtistes." A côté de ce bruyant cousin d'Amérique, le protestantisme français cherche son identité.
La particularité du protestantisme est la relation directe à Dieu qui, selon cette religion, aime tous les hommes personnellement, sans intermédiaire. Les pasteurs sont dont des laïcs. Olivier Abel, professeur de philosophie à la faculté protestante de Paris, précise que le protestantisme, "depuis Calvin, a toujours eu le souci de séparer les registres, les pouvoirs, les genres. Nous sommes donc très à l'aise dans un pays qui aime instituer des séparations." A tel point que les instances de l'Eglise réformée de France qui souhaite un "dépoussiérage" de la loi de 1905 pour le financement des lieux de culte "agacent" fortement les protestants de base. Ne se faisant pas remarquer, et loin des polémiques qui font la une des médias, les protestants ont le sentiment d'être incompris et délaisser, sauf dans l'affaire du contrôle de sécurité en plein culte protestant par le maire de Montreuil, en février 2005.
L'assouplissement de la loi de 1905, tel qu'il est souhaité, avec le soutien des Eglises protestantes d'Alsace, vise à la mise en place "d'un enseignement religieux à l'école, tel qu'il se pratique dans ces départements un peu à part." Mais tous ne sont d'accord sur ce point.
Sur les questions de société, avec la primauté à la responsabilité et au choix individuel, les protestants ont une attitude très libérale. Pour l'un d'eux, c'est le protestantisme qui a inspiré la modernité, "chacun se détermine seul face à Dieu. Le libéralisme politique, nous en sommes les premiers promoteurs." Le débat est donc de mise au sein des protestants pour que chacun se détermine en son âme et conscience.
Cette ouverture d'esprit attire des catholiques, comme ce professeur d'histoire en voie de conversion, qui déclare avoir quitté le séminaire "avec l'idée que les catholiques se méfient de l'intelligence et de la liberté. Et je rejette la mariologie (culte de Marie), ce cancer du catholicisme qui confine à l'idolâtrie." Le protestantisme est une religion abstraite et dépouillée qui a voulu libérer l'homme de ses superstitions. "Pas de rites, pas de vitraux, pas d'images saintes", mais c'est la musique, art abstrait, qui imprègne la culture protestante. D'où la difficulté d'être protestant dans un monde médiatisé où règne l'image. "Un protestant ne se voit pas, ne se reconnaît pas : c'est un citoyen lambda." Pour Jean Arnold de Clermont, président de la Fédération protestante de France, qui reprend une idée largement répandue, si les protestants ne se font pas remarquer aujourd'hui, "c'est peut-être tout simplement parce qu'ils sont une minorité à l'image de la société, parce qu'ils en ont dessiné les contours"... et qu'ils s'y reconnaissent bien.
Certains cependant nuancent cette vision idyllique. Le protestantisme traditionnel semble être démuni face au "retour du religieux" et au "culte de la victime". Comment concevoir un destin commun avec une bourgeoisie protestante, héritière de "l'esprit du capitalisme" et la masse des croyants les plus démunis. Optant plutôt pour une gauche modérée, réformatrice, les protestants ne sont pas des révolutionnaires, ils souhaitent toujours garder leur jugement critique. "Ils sont donc pour la modification des dérives du libéralisme économique, mais pas pour son abolition. Notre rôle n'est pas de faire un autre monde, mais d'empêcher celui-ci de s'écraser."
La question de la justice sociale se pose alors que le protestantisme traditionnel est en perte de vitesse face au développement "des mouvements inspirés des fondamentalistes américains qui s'adressent à une population exclue, souvent issue de l'immigration." Olivier Abel considère que le protestantisme, en mettant l'accent sur la responsabilité, a tendance à oublier la "vulnérabilité des êtres". La "crise silencieuse" que vivent les protestants traditionnels est donc de devoir "assumer ce qu'ils ont fait de l'Occident. La solution ne viendra que de leur capacité à mêler protestantisme cérébral et protestantisme populaire."
L'article est accompagné de plusieurs encarts :
"Les protestants français en chiffres" (1,3 millions en France, 20% de pasteurs sont des femmes)