Quelques éléments pour répondre aux arguments des croyants ou à leurs critiques de l'athéisme
(Pour chacun d'eux, plusieurs façons de répondre peuvent être proposées et parfois des citations appropriées.)
"L'athéisme est une forme d'orgueil."
Cela peut survenir pour ceux qui ont reçu une éducation religieuse, qui ont eu ou cru avoir la foi, et qui vivent leur nouvelle vie d'athée comme une renaissance, une libération, une émancipation. Ils peuvent ressentir leur parcours comme une victoire, avec fierté, voire orgueil. Les "athées de naissance", bien que l'on soit tous "athées de naissance", ne peuvent ressentir cela. Si orgueil il y a, il n'est que passager, l'athée poursuit sa route sans se préoccuper des questions religieuses. Et les rares qui militent ne peuvent que faire preuve d'humilité face à l'immensité de la tâche.
Réponse courte :
C'est plutôt de la fierté que de l'orgueil, fierté de s'être libéré de l'emprise des croyances.
Citation :
"L'athéisme est une forme d'humilité. C'est se prendre pour un animal, comme nous sommes en effet, et nous laisser la charge de devenir humains."
(André Comte-Sponville / né en 1952 / Présentation de la philosophie)
Retourner la question :
La prière du croyant, qui espère que les lois de l'univers seront détournées à sa demande, voire à son profit, n'est-elle pas une forme d'orgueil ?
Citation :
"Il y a du narcissisme dans la religion, dans toute religion (Si Dieu m'a créé, c'est que j'en valais la peine !) et c'est une raison d'être athée : croire en Dieu, ce serait péché d'orgueil."
(André Comte-Sponville / né en 1952 / Présentation de la philosophie)
"Les athées ne sont pas obligés d'avoir une morale comme les croyants."
"Si Dieu n'existe pas, le monde est sans explication et forcément il n'y a pas de loi morale."
Les athées n'ont pas besoin de Dieu pour avoir une morale. Ils sont responsables du choix de l'éthique qui les guide. Ils ne peuvent se retrancher derrière un quelconque "Livre Sacré", ni subir la pression sociale, d'une communauté, des médias et du conformisme. Devant des sollicitations contradictoires de la société, ainsi que des groupes et sous-groupes, souvent antagonistes, qui la composent, l'athée doit déterminer sa propre réponse à la question "Que dois-je faire?".
Il ne peut aller se confesser, ni demander pardon. Il doit vivre avec ses fautes, avec sa conscience, avec le sentiment de culpabilité, avec le remord. Dans ses choix, il n'a qu'une seule certitude, c'est qu'il peut se tromper. Dans ses actes, il sait que le pardon ne viendra pas de Dieu.
Réponse courte :
La morale n'est pas une obligation, c'est une nécessité pour que la société soit vivable.
Citation :
"Ce n'est pas parce que vous avez perdu la foi que vous allez soudain trahir vos amis, voler, assassiner, violer ou torturer des enfants!"
(André Comte-Sponville / né en 1952 / A-t-on encore besoin d'une religion?)
Citation :
"Dostoïevski affirmait : "Si Dieu n'existe pas, tout est permis." Les croyants aujourd'hui reprennent à leur compte cette formule. Rétablir l'homme au coeur de son destin, c'est répudier, prétendent-ils toute morale. Cependant, bien loin que l'absence de Dieu autorise toute licence, c'est au contraire parce que l'homme est délaissé sur la terre que ses actes sont des engagements définitifs, absolus; il porte la responsabilité d'un monde qui n'est pas l'oeuvre d'une puissance étrangère, mais de lui-même et ou s'inscrivent ses défaites, comme ses victoires. Un dieu peut pardonner, effacer, compenser; mais si Dieu n'existe pas, les fautes de l'homme sont inexpiables."
(Simone de Beauvoir / 1908-1986 / Pour une morale de l'ambiguïté)
Retourner l'argument :
Trouvez-vous normal que les croyants se sentent "obligés" d'avoir une morale et qu'une injonction divine leur soit nécessaire ? La morale ne devrait être motivée que par le respect des autres et le souci de préserver les intérêts et l'harmonie de la société.
Une morale fondée sur une "prescription divine" n'est pas une vraie morale, c'est plutôt la crainte d'une sanction ou l'espérance d'un gain. Ce n'est qu'une forme d'égoïsme et d'irresponsabilité.
Citation :
"La peur du gendarme est le contraire de la vertu, ou ce n'est vertu que prudence."
(André Comte-Sponville / né en 1952 / Présentation de la philosophie)
"Quand on regarde l'histoire, c'est plutôt la recherche de l'athéisme qui a fait d'innombrables victimes, avec le communisme."
Ce n'est pas l'athéisme qui a fait du communisme ce qu'il est devenu. L'athéisme n'est qu'une des composantes de cette philosophie et non pas sa finalité.
Malgré son rejet des religions et de Dieu, le communisme, tel qu'il a été appliqué dans les régimes totalitaires staliniens qui l'ont mis en œuvre, s'est comporté exactement comme une religion avec un dogme intangible et en érigeant en Dieu une classe sociale, un parti, un homme. Et il est arrivé ce qui arrive chaque fois qu'une religion est au pouvoir.
Réponse courte :
L'athéisme n'a pas besoin du communisme pour exister.
Citation :
"La manipulation mentale déshumanisante est inhérente à tout système totalitaire. Le nazisme comme le stalinisme furent de formidables manipulations. Les sectes adoptent ces mêmes méthodes avec une diversité de moyens et d'applications."
(Bernard Fillaire / Les sectes)
Variante de l'argument précédent : "Le matérialisme peut être un danger redoutable. C'est ainsi qu'on aboutit à des personnages tels Staline et Hitler qui n'accordent pas de prix à la vie des autres."
Le fait de ne pas croire en quelque chose (ou d'être matérialiste) n'a rien de dangereux. Ce sont les idéologies et leurs mises en œuvre qui peuvent l'être. Les exemples cités (Hitler et Staline) avaient d'autres divinités que celles que les croyants mettent en avant habituellement : la race arienne, la lutte des classes, ou tout simplement eux-mêmes par le culte de la personnalité conséquence de leur mégalomanie.
Les "monothéismes" (divins ou pas), lorsqu'ils se disent universels et prétendent s'imposer à tous, constituent l'un des plus grands danger de l'humanité.
Citation :
"Que l'on se fabrique une idole de bois, de pierre, de métal, ou qu'on la compose à l'aide concepts abstraits, c'est tout un: elle reste une idolâtrie, dès qu'on a sous les yeux un être personnel auquel on sacrifie, que l'on invoque, que l'on remercie. Il n'y a pas non plus, au fond une grande différence entre sacrifier ses moutons et sacrifier ses penchants. Chaque rite ou prière témoigne irréfutablement de l'idolâtrie."
(Arthur Schopenhauer / 1788-1860 / Parerga)