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L'unité à vil prix


par Michel Bellin  -  03/02/2009




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D’anathème en levée d’excommunication, scandale après scandale, bourde après bourde, j’en suis arrivé à cette conclusion : l’Eglise de Benoît XVI, cette Eglise au sommet qui parade ou vitupère, exclut tout en prêchant vertueusement, réintègre tout en louant benoîtement le dialogue avec le judaïsme et qui conserve jalousement son sacrosaint patrimoine catholique et apostolique, eh bien ! en fait elle n’aime pas vraiment l’humanité. Elle s’en fout même ! Ce qui l’intéresse, ce qui l’obsède, c’est son identité qui s’effrite et se délite peu à peu.

Le problème de Benedetto, sous un œcuménisme de façade, c’est de conserver le leadership parmi les autres religions, de resserrer les rangs, les boulons aussi, de faire bloc (dans le langage catho ça s’appelle "l’unité"). Sincèrement ou non, le pape et ses soupapes sont persuadés qu’ils ont raison et qu’ils sont forcément les meilleurs (en langage catho ça s’appelle "humilité").

D’ailleurs l’Eglise ne s’autoproclame-t-elle pas "experte en humanité" ? On a vu ce que ça a donné avec l’Inquisition, le colonialisme, le déni de l’âme aux femmes, la condamnation de Galilée, le pillage de l’Amérique du Sud, l’offensive homophobe, la complicité béate de Sarko 1er, les manigances de l’Opus Dei… (en langage catho ça s’appelle "l’avancée du Royaume de Dieu"). Un évêque négationniste en plus ou en moins, où est le problème ? Des millions de morts du sida, qu’est-ce que ça pèse ? L’ingérence dans les gouvernements étrangers, pourquoi pas ?

L’essentiel c’est que le bastion catholique soit pérenne et bien visible. Peu importe que les citernes vaticanes soient percées, complètement percées malgré leur blindage (complètement pourries à l’intérieur, c’est pour ça que ça fuit de partout ! D’ailleurs un certain Ieschoua s’en prenait déjà aux "sépulcres blanchis" !)

Pendant ce temps-là, sauve qui peut général, les gens vont se désaltérer ailleurs, même les cathos jusque-là fidèles, moi le premier, pourtant ex-curé, plus fier que jamais aujourd’hui d’avoir décampé et soulagé d’être tout à fait désintoxiqué et devenu un glorieux athée…

D’ailleurs, une confidence : lorsque le pape, dans ses appartements privés soigneusement capitonnés, joue du Mozart sur son beau piano blanc, ému, ravi, la larme à l’œil, il doit s’en taper de tout ce ramdam médiatique ! Sa Sainteté est persuadée en son for intérieur qu’Elle a raison, qu’Elle est dans le vrai, qu’Elle est infaillible. Forcément ! Le Maître que ce pieux vieillard (des)sert ne lui a-t-il pas remis les clés de la citadelle et ne lui a-t-il pas garanti les Paroles de la Vie éternelle ? CQFD.

Si le Souverain Poncif veut ouvrir son bastion, s’il veut le fermer, et même - à cause de ses ennemis perso et surtout de l’Enfer - s’il veut enfermer les pédés dehors (et aussi les divorcés, les euthanasiés, les avortées, les athées, les utilisateurs de la capote et tous les modernistes adeptes de la science, de la liberté de conscience et de la démocratie) et s’il veut barricader en même temps les bons chrétiens à l’intérieur, en tirant le triple verrou de sécurité pour mieux protéger ses agnelles apeurées, qu’est-ce qu’on peut faire ? Simplement hausser les épaules et aller voir ailleurs ce qui se passe. Ce qui se passe de beau et de vrai. Dans le réel. Dans la tribu des hommes, pas chez les zombies endoctrinés ni chez les momies enjuponnées. Fuir et dénoncer tout de même cette super secte. S’en moquer surtout car le rire est plus fort que l’injure ! Et emprunter sur la terre de bonnes chaussures de marche plutôt que des mules de luxe, car la foi catholique est décidément une semelle inusable pour qui n’avance jamais. Et s’en tenir à cette seule Trinité :

Le contraire de prier ? Rire. Le contraire de mourir ? Jouir. Le contraire de croire ? Savoir.




Michel Bellin


Cf. mon blog du dimanche 25 janvier 2009 "Benoît XVI, “un affreux vieillard”" sur www.michel-bellin.fr

Dernière publication : Impotens deus, de l’angélisme chrétien à l’homophobie vaticane, L’Harmattan, juin 2008, 138 p. 15,50 €



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