Athéisme : l'homme debout. Vivre sans Dieu et sans religion  >  Vos contributions    > Santo subito ? No ! > 4/4


Santo subito ? ... No !


A propos de la canonisation de Jean-Paul II

Page 4 / 4

Début de l'article Santo subito ? ... No !

par Jn. Agnos  -  22/09/2006



Les textes publiés dans Vos contributions (rouge foncé) ne représentent que l'opinion de leurs auteurs.



Que faire ?

On peut en tout cas comprendre maintenant que ce que ce pape a eu de plus remarquable, c'est… la télévision.

Cinquante ans plus tôt, avec la presse écrite et les infos rachitiques de la TSF, il aurait eu droit à une indifférence polie du plus grand nombre et, comme il est de règle, à l'intérêt traditionnel de la minorité des adulateurs inconditionnels de ces personnages. On aurait échappé également aux images de sa décrépitude étalée jusqu'aux derniers jours avec une complaisance indécente, et, en conséquence aux pancartes exigeant sa "saintetisation" toutes affaires cessantes !

Certains pourraient être tentés de plaider que la TV a permis de faire ressortir des aspects positifs du personnage qui, sans elle, seraient passés inaperçus, ce qui expliquerait ce résultat.

Mais la vérité, plus prosaïque, est que tout a été tronqué. On a retenu surtout le spectaculaire, le pompeux, ce qui ne choquait pas trop, les rassemblements de foules, les décisions les plus acceptables. Par contre on a à peine effleuré ou même passé sous silence les omissions impardonnables, les décisions les plus contestables, les prises de position criminelles, et, d'une façon générale, tout ce qui montrait un peu trop à quel point le Karol en question était rétrograde, ultraconservateur et réactionnaire.

Qui s'étonnerait d'un tel parti pris des médias quand on se souvient du bourrage de crâne auquel ils se sont livrés pendant les guerres d'Iraq, la révolution roumaine ou tant d'autres circonstances…

D'ailleurs, quitte à honorer, c'est la télévision qui devrait l'être. Car après avoir crée, façonné, vendu à longueur d'années, cet objet de grand luxe, un pape qui lave plus blanc, elle connaît la récompense suprême : avoir convaincu son public de la qualité exceptionnelle de son produit, ce qu'exprimaient à leur façon les banderoles où on lisait "Santo Subito".

Cette canonisation ira, n'en doutons pas, jusqu'à son terme, ce qui est le droit le plus strict de ceux qui en décideront : n'est-il pas du ressort de chaque organisation de distribuer les images, les bonbons et les médailles en chocolat qu'elle veut ?

Par contre c'est sur la discrétion avec lesquelles ces opérations se dérouleront et la qualité de l'information qui les accompagnera, qu'il conviendra d'être exigeant.

Si la discrétion est parfaite, que la procédure se déroule dans le silence feutré du Vatican, et qu'on apprenne en fin de processus, que l'ex-pape[14] a conquis son galon : très bien, on oubliera cela comme tout ce qui ne nous intéresse pas dans les arcanes de cette multinationale !

Par contre, si on réactive le battage publicitaire qu'on a connu du temps du postulant désigné, si on ne retient de sa vie que ce qui semblera chatoyant et propre à séduire, si on ne met en exergue que les actes les plus flatteurs et qu'on passe sous silence tout ce que nous considérons, nous, comme contestable, très critiquable, ou même criminel, nous devrons intervenir, non pour empêcher la nomination d'un saint, ce dont nous n'avons cure, mais pour que la vérité soit rétablie.

Intervenir auprès des médias pour qu'ils soient un peu plus vigilants et un peu moins complaisants. Pour qu'on oppose les faits aux faits et qu'on fasse un meilleur sort à la vérité historique. Pour ne pas laisser en jachère notre droit imprescriptible à critiquer lorsque cela nous parait nécessaire, que l'intéressé soit Poutine, Bush, Chirac ou Wojtyla !

Procéder à cette remise à niveau servirait d'ailleurs à faire comprendre à l'Église que nous ne sommes pas dupes que, de tout temps, elle a traité la vérité historique avec une désinvolture impudente et que nous serons à l'avenir plus exigeants à ce sujet.

Ce combat pour une vérité moins tronquée pourrait bien, on peut le penser, servir d'entraînement pour d'autres luttes.

Qu'on songe au scandale que serait le procès en canonisation de Pie XII, un des papes les plus abjects d'une organisation qui pourtant n'en manquait pas…

D'ailleurs il faudra bien faire rentrer un jour cette organisation dans le rang et qu'elle ne jouisse plus de passe-droits, de privilèges ou de complaisances dont personne d'autre ne bénéficie. Elle tente en effet de se présenter comme si elle possédait des mérites supérieurs aux autres religions ou groupements, mais si on prend son passé aussi loin qu'on remonte, ou les traits les plus marquants qu'elle offre dans le monde contemporain, elle et son personnel auraient à l'évidence le plus grand intérêt à se faire oublier…

Il sera sans aucun doute utile de revenir rapidement sur tous ces problèmes.


Jn. Agnos

Début de l'article   >>>   Santo subito ? ... No !

Voir la page d'accueil sur le catholicisme



Notes :

[14] Qui, de son vivant a béatifié et canonisé avec une telle frénésie (plus, dit-on que tous ses prédécesseurs réunis), qu'on peut se demander si son secret espoir n'était pas de figurer plutôt au Guinness des records. D'ailleurs y a-t-il ne serait-ce qu'un croyant sur un million capable de citer plus d'un nom de ces élus qu'il semblait à son ex-Sainteté si important d'honorer par tombereaux entiers !



Athéisme : l'homme debout. Vivre sans Dieu et sans religion   Vos contributions    Haut de page    Contactcontact   Copyright ©