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Santo subito ? ... No !


A propos de la canonisation de Jean-Paul II

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par Jn. Agnos  -  22/09/2006



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La médiatisation :

En vérité, si l'on demande à ceux qui vouent de l'admiration au défunt pape ce qu'ils lui trouvent de si grand et de si remarquable, on n'obtiendra guère que quelques banalités sur certaines actions positives et très médiatisées, un silence poli sur les graves reproches qu'on peut lui faire, très peu médiatisées celles-là par contre, et, si la question est posée à des intégristes, des louanges pour ses prises de position les plus réactionnaires et la condamnation de sa "repentance".

Rien de bien surprenant, donc, et on trouverait sans doute parmi ses prédécesseurs, bien des papes non canonisés que leurs actions ou leurs talents, tout autant ou mieux que les siens, auraient pu désigner pour cet insigne honneur…

Cela nous ramène à la question posée : pourquoi lui ?

A vrai dire il y a plusieurs raisons, certaines liées à sa personnalité, d'autres à l'époque, mais également, on va le voir, à l'essor des médias qui s'est produit dans la période précédent le début de son magistère.

Pour ce qui le concerne : Karol Wojtyla, son âge : 58 ans, donc relativement jeune au moment de son élection ; le fait qu'il soit polonais ; le fait qu'il devienne ainsi en 1978, le premier pape non italien depuis plus de quatre siècles.

Coté époque, c'est la guerre froide et il n'est pas indifférent que ce pape vienne de derrière le rideau de fer, ni que la Pologne soit le pays le plus catholique tombé dans l'orbite de Moscou.

Pour ce qui est de l'évolution technique, c'est surtout celle de la télévision qui nous intéresse. Lorsqu'il est élu, elle a atteint depuis quelques années sa maturité et est installée quasiment dans tous les foyers du monde occidental, au Japon et de façon variable dans le tiers-monde, selon le degré de développement des différents pays.

Ainsi ce pape dispose au départ de tout un tas de facteurs qui vont favoriser sa notoriété : l'âge, l'origine, la généralisation des moyens de communication, le cadre politique de l'époque enfin, qui va lui permettre, plus qu'à un italien par exemple, de jouer un rôle positif lors des troubles en Pologne, et plus tard au moment de la chute du rideau de fer.

Il dispose de la durée aussi. Mais ça, bien sûr, il ne le sait pas : près de trente ans ! C'est pourtant ce qui va lui permettre, grâce à la télévision et à l'aide complaisante qu'elle va lui apporter, de construire son personnage et de l'imposer au monde. On a dit de lui qu'il a été le premier pape cathodique, ce qui est exact. On reconnaitra aussi qu'il a su maîtriser l'outil et l'utiliser avec efficacité pour atteindre certains de ses objectifs.

Mais il faut noter aussi que, par flagornerie, pour plaire à une clientèle conservatrice, par recherche du sensationnel, pour créer l'événement quand il n'y en a pas, ou tout simplement pour boucher les trous, la TV nous a saturés jusqu'à l'écœurement d'images du souverain pontife, de ses innombrables voyages et, pour finir, de son interminable agonie.

Combien nous en a-t-on infligé de ces voyages dont aucun, malgré la prétention de l'Eglise à l'universalité, n'a réussi à susciter, même de loin, une audience et un enthousiasme comparables à ceux des grands concerts de rock ou des coupes du monde de football. Ces voyages au rite lassant avec ces foules à la ferveur stéréotypée qu'on eut presque dit transportées perpétuellement d'un site à l'autre. Voyages où l'on vit successivement sa sainteté s'accroupir pour baiser la terre qu'il foulait, puis se baisser et se faire aider pour se relever, puis qu'on dut aider pour se baisser et se relever, avant qu'on se résolve à lui monter un peu de terre dans un récipient, pour s'arrêter enfin lorsque les gros plans le montraient le plus souvent bavant et hagard[13].

Entre temps il y eut cette tentative d'assassinat qui fit indéniablement beaucoup pour son image. Plus même que celle qui frappa Reagan, pourtant ex-acteur professionnel, pour la sienne.

Puis ce sera l'interminable et insupportable agonie d'un pape devenu parkinsonien. Pendant des années on va nous imposer sa longue déchéance : le tremblement qui s'accentue, la voix qui chevrote et devient inaudible, les sœurs qui l'épongent quand il bave, le bras qu'il faudra soutenir pour les bénédictions, etc., etc. Quand la fin approchera, on voudra nous présenter son agonie comme un don qu'il faisait aux hommes. A vrai dire, tout le monde meurt, chacun le sait, et on aurait du mal à nous faire comprendre en quoi mourir dans un hôpital qu'on a installé dans vos murs, soigné par un bataillon des meilleurs spécialistes, servi par une nuée de religieuses qui changent vos couches, vous lavent, vous nourrissent, etc., serait plus méritoire que mourir par exemple du SIDA en Afrique, sans médicaments, dans le plus grand dénuement, tout simplement parce qu'un "grand" pape a décidé un jour dans son lointain palais, de bannir les préservatifs...

Rien de risible dans tout cela, bien entendu. On peut seulement se demander qui avait intérêt à procéder à cette exhibition scandaleuse, l'a décidée, et quels résultats en étaient escomptés.

Tout bien considéré, il nous reste à chercher maintenant ce qu'il serait possible de faire pour limiter les dégâts.


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Notes :

[13] Il n'y a évidemment aucune raison s'ironiser sur une telle décrépitude. Mais il n'y en avait pas non plus de la donner ainsi en spectacle jour après jour comme si elle était exemplaire. Rappelons qu'en général, quand de tels problèmes apparaissent, n'en sont témoins que les personnels médicaux concernés et un cercle restreint d'intimes... Benoît XVI en tout cas en a tiré la leçon intelligente qui convenait : ne pas commencer !



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