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Apostasie et droit islamique

Extraits de textes de Sami Aldeeb


par Sami Aldeeb  -  11/02/2013




Les textes publiés dans Vos contributions (rouge foncé) ne représentent que l'opinion de leurs auteurs.




Extraits de textes de Sami Aldeeb, concernant l'apostasie dans le droit islamique, publiés sur atheisme.free.fr, notamment :

Comparaison entre la conception islamique et la conception occidentale de la loi et son impact sur les minorités

Extraits :

"Huit siècle après Maïmonide, son compatriote musulman, le cheikh Muhammad Mitwalli Al-Sha'rawi (décédé en 1998), personnalité religieuse et politique égyptienne, dit que la révélation est venue trancher les questions sujettes à divergence, libérant ainsi l'homme de la peine de les résoudre par la discussion ou par des expériences répétitives épuisantes. Le musulman n'a pas à chercher en dehors de l'islam des solutions à ses problèmes puisque l'islam offre des solutions éternelles et bonnes dans l'absolu. Il ajoute: "Si c'était moi le responsable de ce pays ou le chargé d'appliquer la loi de Dieu, je donnerai un délai moratoire d'une année à celui qui rejette l'islam, lui accordant le droit de dire qu'il n'est plus musulman. Alors je le dispenserai de l'application de la loi islamique en le mettant à mort en tant qu'apostat".

Cette menace n'est pas une simple rhétorique. Comme nous verrons dans le dernier chapitre, ceux qui refusent la loi islamique ou essaient de présenter une interprétation libérale de ses sources, sont persécutés et quelques-uns ont été tués."
(page 4)


"Les musulmans sont convaincus qu'un jour toute l'humanité deviendra musulmane, et qu'ils étendront le royaume de l'islam au monde entier. La conversion à islam est encouragée par différents moyens. En même temps, la conversion de l'islam (apostasie) est interdite. Nous avons des normes contradictoires dans le Coran et la Sunnah concernant cette question. Le Coran dit: "Pas de contrainte en religion" (2:256). On est libre de devenir musulman, voire encouragé à le faire, mais le musulman, qu'il soit né d'une famille musulmane ou converti à l'islam, n'a pas le droit de quitter sa religion. Il s'agit donc d'une liberté religieuse à sens unique. Le Coran ne prévoit pas de châtiment précis contre l'apostat bien qu'il en parle à plusieurs reprises en utilisant soit le terme kufr (mécréance), soit le terme riddah (abjuration). Seuls des châtiments dans l'autre vie y sont prévus si l'on excepte le verset 9:74 qui parle de châtiment douloureux en ce monde, sans préciser en quoi il consiste. Les récits de Mahomet sont en revanche plus explicites:
    "Celui qui change de religion, tuez-le."

    Il n'est pas permis d'attenter à la vie du musulman sauf dans les trois cas suivants: la mécréance après la foi, l'adultère après le mariage et l'homicide sans motif.
Mawerdi définit comme suit les apostats:
    "Ceux qui étant légalement musulmans, soit de naissance, soit à la suite de conversion, cessent de l'être, et les deux catégories sont, au point de vue de l'apostasie, sur la même ligne."
Sur la base des versets coraniques et des récits de Mahomet, les légistes classiques prévoient la mise à mort de l'apostat après lui avoir accordé un délai de réflexion de trois jours. S'il s'agit d'une femme, certains légistes préconisent de la mettre en prison jusqu'à sa mort ou son retour à l'islam. Il faut y ajouter des mesures d'ordre civil: le mariage de l'apostat est dissous, ses enfants lui sont enlevés, sa succession est ouverte, il est privé du droit successoral. L'apostasie collective donne lieu à des guerres. Le sort réservé aux apostats est alors pire que celui réservé à l'ennemi, aucune trêve n'étant permise avec les apostats."
(page 4)


"Al-Wazani (décédé en 1923), mufti de Fès, rapporte une fatwa, attribuée au juge Mawlay Abd-al-Hadi, interdisant à un musulman de rester sous la protection du mécréant alors qu'il a la possibilité d'aller dans un autre pays.

Selon cette fatwa, celui qui fréquente les maisons des mécréants perd sa foi et sa vie d'ici-bas et désobéit à son Maître car, à l'unanimité, l'école malikite interdit au musulman de conclure la paix avec le mécréant sauf si on y est contraint. Son témoignage est récusé et il ne peut présider la prière. Plus grave encore est la situation de celui qui fait commerce avec les mécréants. Vient ensuite, en gravité, celui qui, en plus du commerce avec eux, leur donne des informations contre les musulmans; celui-ci doit être considéré comme espion et condamné à mort. Le pire de tous est celui qui se rend chez eux et leur indique la voie pour occuper les musulmans: "Aimer le mécréant et souhaiter sa domination sur les musulmans est signe de mécréance; ceci constitue une apostasie"."
(page 7)


"Il y a aussi un débat autour de la question de savoir si un musulman peut obtenir la nationalité d'un pays non-musulman. Certains n'hésitent pas à considérer un tel musulman comme apostat, du fait qu'il se soumet aux lois occidentales au lieu des lois musulmanes. Ils réclament aux citoyens musulmans des pays non-musulmans de renoncer à leur nationalité et d'aller vivre dans les pays musulmans. Ce problème a été posé par le Centre islamique de Washington à l'Académie du droit musulman qui dépend de l'Organisation de la Conférence islamique. Les membres de cette Académie étaient tellement divisés que l'Académie a dû renoncer à y répondre. Nous y reviendrons plus en détail dans le point suivant consacré à la naturalisation des musulmans."
(page 7)


"Il y a différentes tentatives de remédier aux problèmes créés par la conception islamique de la loi. Quelques penseurs musulmans essaient de faire une division entre les deux sources de la loi islamique: le Coran et la Sunnah. Ils considèrent seulement le Coran comme la parole de Dieu, excluant de la sorte la Sunnah et réduisant la quantité des normes couvertes par l'étiquette "loi islamique". C'est la théorie de Muammar Kadhafi, de son compatriote le Juge Mustafa Kamal Al-Mahdawi et de Rachad Khalifa. Al-Mahdawi a été traîné devant les tribunaux durant de nombreuses années parce que son livre intitulé "La Preuve par le Coran" a questionné la Sunnah de Muhammad et quelques normes islamiques. La cour d'appel de Benghazi l'a acquitté le 27 juin 1999, probablement pour des raisons politiques, mais a interdit la distribution ou la réimpression de son livre. Rachad Khalifa a aussi été considéré comme apostat mais il avait moins de chance: il a été assassiné en 1990."
(page 10)


"Le professeur Abu-Zayd de l'Université du Caire a essayé une interprétation libérale du Coran. Comme il n'était pas juriste, il n'a pas présenté les conséquences légales de son interprétation. Un groupe islamiste a intenté avec succès un procès pour apostasie contre le professeur Abu-Zayd, pour avoir tenté une interprétation libérale du Coran. Cette affaire a fini devant la Cour de cassation qui a confirmé sa condamnation le 5 août 1996 et a exigé sa séparation de sa femme. Le couple a dû quitter l'Égypte pour s'exiler aux Pays-Bas, de peur d'être tué."
(page 10)


"Le Coran et la Sunnah sont des textes légaux. Peut-être devraient-ils se souvenir de l'axiome des groupes islamistes: "Le Coran est notre constitution". La loi islamique, d'après la grande majorité des constitutions arabo-islamiques est une source, voire la source de loi. Séparer l'Etat des lois religieuses signifie en fait abandonner l'islam. Cela veut dire l'apostasie, avec ses conséquences fatales. Cela veut dire l'athéisme."
(page 11)


La peine de mort dans le droit musulman et arabe

Extraits :

"Les délits punis de peines fixes. Il s'agit de transgressions d'interdits prescrits par le Coran ou la Sunnah de Mahomet, appelés houdoud, terme qui signifie les bornes. Cette catégorie groupe les délits suivants : le vol, le brigandage, l'insurrection armée, l'adultère, l'accusation d'adultère, l'usage de boissons fermentées, l'apostasie, l'atteinte à la vie ou à l'intégrité physique."
(page 2)


"Dans certains délits, le pardon du lésé ou de l'ayant droit en ce qui concerne la part qui touche son droit peut jouer un rôle. C'est le cas pour l'atteinte à la vie ou à l'intégrité physique (le prix du sang remplace ici la peine), l'accusation mensongère d'adultère et le vol. Mais le pardon n'affecte pas le délit d'adultère. Le repentir du coupable peut aussi jouer un certain rôle seulement pour les délits de brigandage et d'apostasie. La peine had tombe dans ce cas. Mais l'État garde le droit de sévir par une peine discrétionnaire."
(page 2)


"E) Apostasie
C'est le fait d'abandonner la religion musulmane. La peine capitale contre ce délit est prévue non pas dans le Coran, mais dans la Sunnah de Mahomet qui aurait dit : "Celui qui change sa religion, tuez-le". Ce délit est imprescriptible et ne peut faire l'objet de grâce de la part des autorités. Seul le repentir peut faire éviter à l'apostat d'encourir la peine de mort. C'est en vertu de cette norme que l'Imam Khomeini a émis sa fameuse fatwa du 14 février 1989 condamnant à mort Salman Rushdie après la publication de son livre Les versets sataniques. Je rappelle aussi le cas de Taslima Nasreen."
(page 4)


"La plupart des pays arabes ont abandonné les sanctions coraniques, optant pour un système de sanctions repris principalement de l'Occident. Il reste cependant quelques pays qui continuent à recourir aux sanctions dites islamiques ou y sont retournés. Ainsi, l'Arabie saoudite continue à appliquer les sanctions islamiques contre des délits comme le vol, l'adultère, l'atteinte à la vie et à l'intégrité physique et l'apostasie , alors que l'Égypte a abandonné ces sanctions."
(page 5)


"2) Projets égyptien et de la Ligue arabe
En Égypte, de nombreux projets de code pénal visant à un retour au droit musulman ont été présentés au parlement. Le plus important est celui de 1982, écarté par Sadate, sans débat parlementaire. On y retrouve toute la panoplie des délits et des châtiments islamiques : loi du talion (vie pour vie, oeil pour oeil, pénis pour pénis, testicule pour testicule, etc.), lapidation pour adultère, mise à mort par pendaison pour apostasie, amputation des mains et des pieds et flagellation. Le Président de cette commission dit dans sa location introductive : "Cette journée est un jour de fête pour nous parce qu'elle réalise le plus grand souhait de chaque membre de notre nation".
(page 6)


"Les mouvements islamistes, dans leur course pour le pouvoir, ont déjà élaboré six modèles constitutionnels conformes au droit musulmans. D'autre part, il existe au moins onze déclarations relatives aux droits de l'homme issues tant de milieux islamistes que non-islamistes. Que disent ces documents sur la peine de mort ?
Les modèles constitutionnels islamiques visent à l'application du droit musulman. Certains précisent clairement que les normes islamiques pénales devront être appliquées. Le modèle constitutionnel de l'Azhar (1978) est le plus développé à ce sujet.
Ce modèle dit : "Les peines fixées par la loi islamique (hudud) sont appliquées pour les délits d'adultère, de fausse accusation d'adultère, de vol, de brigandage (harabah), de consommation de vin et d'apostasie" (art. 71). Ces délits ne peuvent faire l'objet d'amnistie (art. 59). Il est aussi question de l'application de la loi du talion (art. 76 et 78) et du prix du sang (art. 73, 77)."
(page 6)



Sami Aldeeb



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