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Oeuvres impies à l'adresse des mécréants de tout poil

Le Fratricide, Le Déluge, La Tour de Babel


par Jo Tangh  -  06/03/2012




Les textes publiés dans Vos contributions (rouge foncé) ne représentent que l'opinion de leurs auteurs.




Bonjour.

Je viens d'écrire un livre de 800 pages intitulé "Oeuvres impies à l'adresse des mécréants de tout poil". Bien entendu ce livre a été refusé par tous les éditeurs auquel j'ai proposé son manuscrit. Je me suis donc auto-édité et, à l'heure actuelle je le propose aux copains pour 27?. Les textes qu'il contient sont parfois philosophiques, font parfois appel à la fiction, sont souvent empreints d'humour. On peut être athée et aimer plaisanter, non ?

Les extraits qui suivent proviennent de ma version de la Genèse "The crazy Bible".
Mon nom d'auteur est Jo Tanghe, mon adresse (pour les acheteurs éventuels) : eugene.tanghe@orange.fr






Le Fratricide



TRAGEDIE EN PROSE EN CINQ ACTES.

La pièce à laquelle je vous invite à assister a pour décor un coin de Mésopotamie, ou de Flandre occidentale à moins que ce ne soit dans le Périgord noir. De toute façon cela n'a aucune importance et l'auteur laisse au metteur en scène toute liberté dans ce domaine.
Les acteurs sont en costume d'époque, peau d'ours pour les messieurs, élégants deux pièces en léopard ou en ocelot pour la dame. Soyez attentifs, on va frapper les trois coups, et comme le brigadier a été remplacé par une pesante massue il est plus prudent de ne pas trop s'approcher de la scène.

ACTE 1

Adam rentre des champs avec son âne, chargé comme un baudet comme il se doit, d'un sac de racines comestibles et d'un énorme fagot de bois sec. Lui même ploie sous la charge de ses outils et du panier de fruits qu'il transporte.
Eve (un tantinet agressive) : Alors, qu'est-ce tu nous ramènes aujourd'hui ?
Adam : Rutabagas, topinambours et pommes.
Eve : Encore, putain on s'croirait sous l'occupation ), j'en ai ras le fion de bouffer tous les jours la même chose. Les rutabagas cuits à l'eau je peux plus les encaisser, quant aux pommes ça me fout la chiasse et c'est sûrement pas bon pour le petit. Ah, au fait (soudain radoucie), ça y est, tout à l'heure j'l'ai senti bouger.
Adam : Formidable. Viens ma poule que j't'embrasse. (Il la serre dans ses bras puissants)
Eve : (le repoussant un peu), Nom du Vieux, chéri, c'que tu chlingues. Tu f'rais pas mal d'aller te baigner quand tu rentres des champs.
Adam (refroidi et un peu vexé) : Si tu crois qu'j'ai eu le temps de m'laver, tu m'as agressé dès mon retour.
Eve (un peu gênée) : C'est vrai, excuse moi, j'ai été vache avec toi. Allez, oublions ça et revenons-en au p'tit.
Adam : Tu crois qu'ce s'ra un garçon ?
Eve : J'en suis presque sûre.
Adam: Et t'as pensé au nom qu'on va lui donner ?
Eve : Ben, vu qu'not' ménage ça va plutôt cahin-caha j'trouve qu'on pourrait l'appeler comme ça.
Adam : C'est pas idiot, mais c'est un peu long. Pourquoi pas dire Caïn tout court ?
Eve : Si tu veux, et on pourrait d'mander au Vieux s'Il veut pas être parrain. P't'être que ça l'adoucira et qu'Il finira par nous pardonner.

FIN DE L'ACTE 1



ACTE 2


Même décor, mêmes personnages, 50 ans plus tard.
Adam : Qu'est-ce tu m'dis, t'es en cloque.
Eve : Eh oui mon p'tit chéri, me v'la farcée une deuxième fois. Et pourtant, après la naissance de Caïn j'm'étais juré qu'on n'aurait plus d'lardons. Faut dire que cette expérience m'avait un peu refroidie et que, pour ne pas me retrouver avec un ventre énorme et souffrir comme une damnée pour mettre ce gros garçon au monde, je t'avais interdit de me toucher. Seulement, devant tes yeux larmoyants j'ai fini par me ranger à tes arguments à propos du danger d'avoir un fils unique et des risques que ça représentait pour le caractère du gamin. Et puis, pour être tout à fait franche j'avais gardé un si bon souvenir de nos parties de jambes en l'air que j'ai fini par céder et voila, j'en attend un second. En tous cas maintenant on n'aura plus à se priver pour ce qui est du radada. Crac-crac tous les soirs, et pourquoi pas le matin et aussi pendant la sieste.
(Après cette longue tirade Eve reprend son souffle et c'est Adam qui questionne)
Adam : T'as pensé au prénom ?
Eve : Qu'est-ce que tu dirais d'Abel ?
Adam : T'es sûre que ce s'ra pas une pisseuse ?
Eve : Aussi sûre que j'te vois. Alors ça te va Abel ?
Adam : Oh si tu veux, moi j'm'en branle.
Eve : Ah non, pas de grossièreté et, à propos, j'espère que maintenant tu vas cesser tes mauvaises habitudes.
Adam : (avec un sourire dégoulinant de lubricité). On verra, ça dépendra de ton coup de reins ma poule.

FIN DE L'ACTE 2



ACTE 3.

(Une dizaine d'années ont passé. Adam est en train de tailler quelques silex, Caïn revient d'être allé labourer une parcelle où il compte semer du blé. Eve est à la lessive.)

Adam : Alors fiston, pas trop crevé ?
Caïn : Hum !
Adam : En v'la une réponse, tu pourrais être plus poli quand j'te cause.
Caïn : Ouais.
Adam : Ben quoi, qu'est-ce que t'as, qu'est-ce qui te chagrines ?
Caïn : T'en as d'bonnes toi, tu d'vines pas un peu ?
Adam : Franchement non, mais tu vas me l'dire.
Caïn : Ben, c'est rapport à ma situation.
Adam : Ta situation ? T'es pas content d'ête laboureur ?
Caïn : C'est pas de ça que je cause, c'est rapport à mon état de célibataire. Tu te rends pas compte mais j'en ai marre moi d'en être réduit à me taper des chèvres ou à me tirer sur l'élastique alors que d'autres, (il jette un coup d'oil sournois à son père), ne se privent pas pour s'envoyer en l'air à tout bout de champ, même que j'les entends gueuler depuis ma hutte.
Adam (interloqué) : Ben ça alors, si j'm'attendais.
(Un long silence succède à cet échange de propos, silence qu'Adam se décide finalement à rompre)
Et qu'est-ce tu veux qu'j'y fais ?
Caïn : Fasse.
Adam :Quoi face, quelle face, qu'est-ce que tu veux dire avec ta face ?
Caïn : Rien, j'ai simplement corrigé ton expression. On doit dire : "Que veux-tu que j'y fasse".
Adam : Ah, mossieur joue les marioles à présent, il corrige son paternel, lui donne des leçons de beau langage. Tiens, tu m'énerves, je ne sais pas ce qui me retiens de t'en coller une.
Caïn: (un tantinet ironique et exhibant un biceps aussi développé que celui de Nadal), ça peut-être ?
Adam : Bon, revenons à nos moutons. Tu me dis que tu n'as pas de femme et je reconnais que c'est pas marrant mais à qui la faute ? Si seulement ta mère au lieu de nous pondre un deuxième mec nous avait fait une belle petite pisseuse, dans quelques années on aurait pu arranger le coup mais non, deux tringleurs, deux mâles. Et Cézigue là-haut, tu crois qu'Il ferait un geste ? Mes couilles oui ! Quand j'pense qu'Il a r'fusé d'être ton parrain. Ce s'rait pourtant trois fois rien pour Lui de t'fabriquer une belle petite nénette et même, pendant qu'Il y est, d'en faire une de plus pour ma pomme. Ah j'te jure ! Quel salaud, quel sadique !
Caïn : Bref, t'as pas d'idée ?
Adam : Ben non, et toi ?
Caïn : Maman.
Adam : Quoi maman ?
Caïn : Ben c'est une femme non ?
Adam : Tu voudrais niquer ta mère ?
Caïn : Et alors ?
Adam : Et lui coller des gosses ?
Caïn : Bien sûr, j'ai envie de fonder une famille moi aussi.
Adam : Attends je rêve. Si je comprends bien ça ne te ferais rien que ta mère soit en même temps la mère et la grand-mère de tes mouflets, et moi le grand-père des enfants de ma femme ?
Caïn : Non, ça ne me gênerais pas.
Adam : Et ton frangin Abel. Dans dix ans ce sera un homme, suppose qu'il veuille la même chose.
Caïn : Ce serait normal, il nous resterait à établir un roulement et à nous partager la mère Eve en attendant qu'on ait des filles qu'on pourrait également se partager. Tu sais je ne vois pas pourquoi on se mettrait à avoir des complexes, laissons ça à nos lointains descendants qui eux, ayant les moyens de faire autrement, pourront se payer le luxe de critiquer l'inceste, la zoophilie et l'homosexualité. Alors, tu es d'accord ?
Adam : Eh minute, en supposant que je dise banco faudrait p't'être aussi en parler à ta daronne.
Caïn : Elle est partante, j'lui en ai touché deux mots et elle m'a dit que ça dépendait de toi.
Adam (poussant un soupir résigné) : Alors, si vous êtes tous contre moi...


FIN DE L'ACTE 3



A LIRE PENDANT L'ENTR'ACTE

Nous faisons de nouveau un saut de quelques dizaines d'années dans le temps. Caïn cultive toujours les champs alors que son frère Abel s'est consacré à l'élevage du bétail.
Selon le deal passé (bien malgré lui) avec leur géniteur les deux frangins ont partagé la couche de leur mère et celle-ci s'est mise à produire des enfants à cadence répétée, au moins un par an, sachant qu'à plusieurs reprises elle a mis au monde des jumelles. On ne sait d'ailleurs jamais quel en est le père car on ne peut même pas se fier à la ressemblance, mais qu'importe. Caïn a d'abord considéré comme siens tous ceux qui sont nés avant qu'Abel ne soit dans le coup, ( si j'ose dire ), mais maintenant les deux frères possèdent chacun leur tribu forte d'une femme légitime, (l'une de leurs filles) et de nombreux enfants et petits enfants qui, à leur tour, se marient entre frères et soeurs, cousins et cousines, pères et filles, mères et fils etc..
Quand on sait qu'Adam et Eve, toujours très verts, ne dédaignent pas à se mêler à ces joyeuses parties échangistes, je pense qu'on ne m'en voudra pas de qualifier tous ces protagonistes de "sacrée famille de tuyaux de poêle".
Et pendant ce temps, là haut dans son paradis, le divin créateur qui n'en perd pas une miette n'arrête pas de rigoler et de se frapper sur les cuisses en s'exclamant :" Ah les p'tits salauds, ah les p'tits pourris, ah les sacrés fils de pute...".
Dans la scène qui va suivre, la Bible, qui a simplement oublié d'expliquer comment les descendants d'Adam et Eve avaient fondé leur famille, nous explique de façon très succincte qu'Abel, qui élevait du bétail, avait un jour décidé d'offrir à Yahveh, c'est à dire au Vieux, un agnelet bien tendre et un jambon moelleux et que, pour ne pas être en reste, Caïn offrit à son tour quelques paniers de légumes et quelques fruits de son jardin. Sans qu'on nous explique pourquoi il semblerait que Yahveh ait fait beaucoup plus de cas du cadeau du cadet que de celui de l'aîné et que ce dernier retourna son nez, ce qui lui valut une petite leçon de morale.
La réalité est quelque peu différente : S'il est vrai que le présent d'Abel fut très apprécié la suite fut tout autre. Il est vrai que Caïn, qui était d'un naturel jaloux, voulut lui aussi, s'attirer les bonnes grâces du grand ponte, mais comme il était également très radin, au lieu de choisir les plus beaux légumes et les fruits les plus appétissants, il mit dans son cageot de vieilles patates déjà germées et flétries comme des fesses de vieille femme, des navets creux, des poireaux à moitié montés et, pour couronner le tout, quelques poires presque blettes.
Il marmonna entre ses dents : "c'est bien assez pour ce vieux con" mais, bien que ce ne fût qu'un murmure, ces paroles irrévérencieuses n'échappèrent pas à l'oreille exercée du maître du ciel et de la Terre et, lorsque Caïn se présenta avec sa figure de faux jeton et Lui offrit ses présents avariés, il se fit engueuler comme du poisson pourri et rentra chez lui la rage au coeur. Ne pouvant se venger sur la personne du grand patron, si ce n'est en proférant quelques jurons particulièrement insultants, il transféra sa vindicte sur son frère et conçut à son égard une haine si exacerbée qu'il décida de l'occire.
L'ayant attiré dans un endroit éloigné sous prétexte de lui montrer une nouvelle plantation, il profita de ce que son frelot était baissé, pour regarder de plus près de jeunes plants de haricots, pour lui assener derrière le crâne un violent coup de bêche qui l'étendit mort sur le champ.
Quand il rentra chez lui il tomba sur son père, et c'est ici que commence le quatrième acte, mais attention, ça va être très court.


ACTE 4.


Adam : Ah te v'la toi ! Dis-donc, t'aurais pas vu Abel. Ses vaches n'ont pas encore été traites et elles commencent à meugler.
Caïn : J'sais pas, j'l'ai pas vu.
A peine a-t-il prononcé ces mots qu'un violent éclair jaillit du ciel, accompagné d'un terrifiant grondement de tonnerre, et le Vieux apparaît à leurs yeux effrayés.
Yahveh : Sale menteur, tu viens de zigouiller ton frangin et tu racontes des carottes à ton dabe. Tu n'es vraiment qu'un bon à rien et je te condamne à errer sur la Terre avec ta tribu jusqu'à la fin de tes jours, et nulle part tu ne trouveras le repos, et j'ajoute que partout où tu iras je t'aurai à l'oil. Quant à vous, les parents de ce monstre, je vous ordonne de fabriquer vite fait bien fait un nouveau gosse pour remplacer celui que vous venez de perdre. Ce sera un garçon et vous l'appellerez Seth. Par ailleurs je vous interdis désormais de commettre l'acte de chair en dehors de votre couple, bande de vieux salopards que vous êtes.
Il disparaît en laissant derrière lui un nuage d'épaisse fumée et une forte odeur de moisi.


FIN DE L'ACTE 4

(J'avais prévenu que ce serait court)




ACTE 5


Non ! Finalement je n'écrirai pas cet acte !
Le grand Victor Hugo à trop magnifiquement décrit ce que fut la longue errance de Caïn dans ce poème intitulé "La conscience" pour que je me permette de la réécrire sous quelque forme que ce soit. Rappelez vous cette saga de personnages bibliques, descendants de Caïn, portant les noms de Hénoch, Jubal, Jabel, Silla et Tubalcaïn, et qui chassent "les fils d'Enos et les enfants de Seth".
Je ne m'attarderai donc pas sur cet épisode pour en arriver directement à cet événement extraordinaire que l'on connaît sous le nom du "Déluge "et qui, à mon avis, vaut bien qu'on lui consacre un nouveau chapitre.


FIN DE L'ACTE ET DE LA PIECE





Le Déluge


Ici la Sainte Bible s'est vraiment surpassée dans le domaine du ridicule et des allusions mystérieuses mal définies. Jugez-en :
Première déclaration : Les hommes commencent à avoir des filles.
Bon, jusque là rien d'anormal et, comme on l'a déjà dit, on ne peut que regretter qu'Adam et Eve n'aient pas commencé par alterner au niveau des naissances un garçon, une fille, voire un garçon pour deux, trois ou cinq filles. Bien sûr il y aurait eu des tas d'incestes entre frères et sours mais au moins cela aurait évité que notre mère Eve ne copulât avec ses fils.
Mais voici qu'on nous parle des "fils de Dieu qui virent que les filles des hommes leur agréaient et prirent pour femmes toutes celles qui leur plurent".
Qui sont donc ces mystérieux "fils de Dieu" dont on n'avait pas entendu parler jusque là ?
Puis, après avoir sauté du coq à l'âne en faisant dire à Yahveh que les hommes vivront 120 ans, on aborde un autre sujet, celui d'une race de géants, sans préciser si ces géants ont quelque chose de commun avec les "fils de Dieu" ou si ce sont leurs enfants. On pourrait effectivement penser, mais cela est très mal exprimé, que ces géants aient pu être les héros des temps anciens et que les Grecs baptisèrent demi-dieux.
Cela est tellement flou qu'il n'est pas étonnant que bon nombre de chercheurs et exégètes aient cru y voir une preuve de la venue sur terre d'extra terrestres qui, en se mélangeant aux hommes, ou plutôt à leurs filles, ont créé une nouvelle race dont nous descendrions...
Mais là n'est pas notre sujet. Si vous voulez en savoir plus, continuez à lire ce recueil.
Ce qui nous intéresse dans ce chapitre c'est la soi-disant réaction de Dieu devant la méchanceté des hommes qu'Il semble découvrir soudain. Plus étonnant encore est Sa soudaine décision de rayer de la surface de la terre toute vie, ou presque.
Allons, soyons sérieux, voici un individu ou, si vous préférez une entité toute puissante et que l'on dit parfaite. Ce mec, ( ça m'ennuie de parler de Dieu au féminin ) commence par créer une planète qu'il s'efforce de rendre agréable en y apportant de l'eau, puis qui abat un travail considérable en y faisant pousser de l'herbe, des arbres et des fruits, puis en la peuplant d'êtres vivants, certains très beaux et très gentils mais d'autres mauvais comme la gale. Enfin, pour couronner le tout, Il crée l'homme à Son image, mais alors que Lui est parfaitement bon, (tu parles Charles), Il lui confère des tas de défauts.
Vraiment ce Dieu là doit commencer son Alzheimer, ou alors Il se pique la ruche en douce.
Voici donc que nous en arrivons à l'histoire de Noé, fils de Lamech et descendant en ligne directe de Seth. Ce Noé-là a, semble-t-il, hérité des qualités de son lointain ancêtre, (mais on verra plus loin que c'est le roi des pochetrons et une sacrée tête de con).
Pour le moment on nous le décrit comme un homme juste, irréprochable, et "qui marchait avec Dieu". Voici comment s'est passée leur entrevue :
Le Vieux ou Yahveh ou Jéhovah ou, pour simplifier,
Dieu : Salut Noé, comment vas-tu ?
Noé : Je ne pourrais pas aller mieux puisque mon Seigneur, Lui qui règne sur la Terre comme au ciel, daigne s'adresser à Son humble serviteur.
Dieu : Tu parles bien, l'ami, mais n'en rajoute pas trop. Je finirais par croire que t'es un lèche-cul.
Voila ce qui m'amène : Je suis en pleine déprime et je viens de prendre une décision grave dans laquelle tu auras un rôle primordial à jouer.
Noé : Je suis toute ouïe et, bien sûr, je suis à l'entière disposition de Votre Majesté.
Dieu : Bon, je m'explique. Depuis que j'ai créé la terre et tout ce qui vit à sa surface j'ai bien observé comment les uns et les autres se comportaient, et je suis arrivé à la conclusion que je m'étais planté.
Noé : Oh, Seigneur...
Dieu : Ne m'interromps pas, c'est comme ça mais, comme on dit, y'a que celui qui ne fait rien qui s'trompe pas. Moi J'ai fait une couille monumentale et Je vais la réparer en effaçant toute Ma création.
Noé (très inquiet) : Tout Seigneur ?
Dieu : Tout sauf...
Noé : Sauf ?
Dieu (riant dans sa barbe) : Ah, t'as les j'tons hein Noé, tu penses que toi aussi tu vas passer l'arme à gauche ? Eh bien non, rassure-toi, et c'est la raison pour laquelle Je suis venu te voir : Tu vas fabriquer une arche.
Noé : C'est quoi ça ?
Dieu : Un bateau si tu préfères, et quand t'auras fini j'vais inonder la Terre entière mais toi, dans ton arche, tu seras épargné.
Noé : Mais Seigneur que deviendrai-je lorsque les eaux se retireront ? Je serai seul et comme j'ai déjà six cents ans il ne me restera qu'environ trois siècles à vivre et ensuite il n'y aura plus rien.
Dieu : T'es con, tu penses bien que Je vais pas te laisser seul sur ton rafiot. T'emmèneras ta femme et tes gosses, et en plus tu prendras un couple de chaque animal, comme ça la vie pourra repartir pratiquement à zéro.
Noé : Alors là seigneur, si je peux me permettre, je pige pas ; d'un côté vous voulez tout détruire et d'un autre côté vous voulez que ça reparte. Vous ne pensez pas que le moment serait bien choisi pour faire un tri sérieux et ne laisser subsister que les bonnes bêtes en laissant les autres se noyer ?
Dieu : Non mais écoutez-le : Mossieur se permet de critiquer Mes idées. Fais gaffe mon pote, j'peux encore changer d'avis en ce qui te concerne.
Noé : Seigneur je ne voulais pas Vous offenser, je voulais seulement Vous faire remarquer...
Dieu : Ta gueule ; Obéis, c'est tout ce que je te demande.
Noé (n'osant plus parler il lève un doigt comme à l'école)
Dieu : Quoi, qu'est-ce qu'il y a encore ?
Noé : Eh bien je voulais simplement vous dire que je n'ai jamais construit de bateau.
Dieu : T'occupe, J'ai préparé un plan. Tiens, le v'la, t'auras qu'à le suivre à la lettre. J'vous donne un an, pas un jour de plus, à toi et tes trois garçons. Passé ce délai, tant pis pour vous, J'ouvre le robinet.
Noé : Seigneur, encore une petite question.
Dieu : Vas-y, j't'écoute.
Noé : C'est rapport à la nourriture, qu'est-ce qu'on va manger quand on sera sur l'eau et, au fait, combien de temps ça va durer l'inondation ?
Dieu : Tu commences à Me faire chier avec tes "et qu'est-ce que ceci, et qu'est-ce que cela". Bon, écoute, J'réponds encore à tes deux questions et après tu M'lâches la grappe. Pas qu'ça à foutre, Moi. V'la Mon plan : J'ai l'intention d'lâcher l'eau, enfin disons d'faire pleuvoir, jusqu'à ce que les sommets des plus hautes montagnes soient recouverts. Voyons, C'est aujourd'hui la Saint Médard (1). Dans un an jour pour jour ça commence à vaser et ça risque de durer pendant six semaines. Après ben, faudra un bon bout de temps pour que toute cette flotte s'évacue, disons trois bons mois pour que ta barcasse s'échoue sur une montagne et six de plus pour que tout soit redevenu comme avant ce qui fait, si j'me goure pas, que toi, ta famille et tous les bestiaux que t'auras embarqués vous serez près de onze mois sans avoir rien d'autre à bouffer que ce que vous aurez emmené à bord.
A toi de prévoir la quantité de fourrage, de betteraves et de grain pour nourrir tous les herbivores. Pour ce qui est de la bidoche je t'autorise, en plus du couple de chaque animal que J't'ai causé plus haut, à faire monter six couples d'animaux purs
Allez, à plus.
Noé aurait eu encore de nombreuses questions à formuler mais devant l'air agacé de Yahveh il préféra ne pas insister et, à peine ce dernier fut il remonté au ciel qu'il convoqua toute sa famille pour la mettre au courant. Tous furent abasourdis mais, très rapidement ils se mirent à questionner leur père et époux.
Sem : Dis, P'pa, tu les connais toi les animaux purs et ceux qui ne le sont pas ?
Noé : Ben, j'suppose que les purs sont ceux qui ne font pas de mal aux autres, donc qui ne savent pas se défendre, donc ceux qu'on zigouille pour les bouffer, autrement dit les herbivores et p't'ête ben les volailles.
Cham : Et les couples d'impurs qu'on devra maintenir en bonne santé pendant près d'une année. Faudra bien les nourrir, et à eux seuls les lions, tigres panthères, chacals, loups, hyènes, renards et ours, sans oublier les crocos, boas constrictors et pythons auront vite fait de bouffer nos moutons, boufs chèvres et autres animaux de basse cour.
Noé : Ben.
Japhet : Et les poissons, t'y a pensé aux poissons ? Où tu vas les loger les baleines, cachalots, requins, raies mantas, mérous et morues ? Les aquariums sont même pas inventés.
Noé reste muet.
Les femmes (en chour) : Et les déjections que ça va faire. Qui est-ce qui va nettoyer les bouses des éléphants et des rhinocéros ? Et la traite des vaches, des bufflonnes et des chamelles, qui c'est qui va se la taper la traite ?
Noé : Oh la barbe avec vos questions. On verra bien le moment venu mais, à présent, faut se mettre au boulot. On n'aura pas trop d'un an pour abattre les résineux nécessaires à la construction d'un bateau de trois étages qui fera 300 coudées de long, 50 de large et 30 de haut(2).
On peut se demander comment ils firent pour accomplir cet exploit, toujours est-il qu'à la date fixée le rafiot était terminé. Une rampe de bois menait du sol sur lequel il reposait encore à la large porte d'entrée ménagée dans le flanc bâbord et par laquelle les bêtes devaient embarquer. Le Vieux vint en personne assister à l'événement. Son regard d'aigle eut tôt fait de repérer les tricheurs :

1) Oui, je sais, St Médard n'était pas encore né, mais si on se met à critiquer tout ce que dit Jéhovah on n'est pas sorti de l'auberge.
2) C'est à dire 150 mètres de long, 25 de large et 15 de haut. Un barlu digne des chantiers de Saint Nazaire.
"Hep là-bas, les puces, j'ai dit un couple. Toi le mâle installe-toi dans les poils du chien et toi la femelle dans ceux de la chienne.
Noé, tu les mettras dans des cages séparées. D'ailleurs toi également tu me feras le plaisir de ne conserver qu'un mâle de pou et de morpion. Les femelles refile-les à une de tes brus."
Soudain Il se gratta la tête.
"Putain, j'allais oublier les microbes. Qu'est-ce que je fais, j'ai beau être fort j'vois pas comment j'peux m'y prendre pour conserver un couple de bacilles de Koch et supprimer tous les autres, d'autant que chez les microbes, virus et autres bactéries y'a pas de sexe. Oh et puis merde, j'dis rien à personne, pas vu pas pris..."
Et puis il se mit à pleuvoir sérieusement. Libre à ceux qui le veulent d'imaginer Yahveh urinant dans une pomme d'arrosoir géante pour donner l'illusion d'une très forte averse. Au bout de quelques heures l'arche se mit doucement à flotter puis à dériver. Les bêtes restées au sol, ainsi que les hommes qui s'étaient moqués du père Noé, se réfugièrent d'abord sur le toit des maisons puis ils se mirent à escalader les montagnes. Les derniers survivants furent un abominable homme des neiges, son abominable bonne femme et ses abominables gosses qui étaient groupés au sommet de l'Everest...
A bord la vie s'organisait tant bien que mal. Comme il n'arrêta pas de dracher(1) pendant quarante jours et quarante nuits on dut rester à l'intérieur et, en dehors des corvées de débousage(2), et de distribution de nourriture, on en profita pour inventer quelques jeux de société dont certains ont traversé les millénaires tels les osselets, le couillon et la crapette.
Quand enfin la pluie cessa Cham, le plus futé des fils de Noé, s'adressa à son père qui, sur le pont supérieur, scrutait mais en vain l'horizon.
"Dis P'pa, la nuit passée j'ai rêvé qu'on allait à la pêche, et ce matin comme je vois qu'il fait beau, je me dis que ce s'rait pas idiot d'essayer d'attraper quelques poissons pour améliorer l'ordinaire. Qu'est-ce que t'en penses ? On aurait vite fait de fabriquer une canne à pêche avec un manche de pelle, du crin de cheval tressé et un hameçon taillé dans un morceau d'os. Quant aux asticots c'est pas ça qui manque.
J'sais pas si y'avait vraiment qu'un couple de mouche au départ mais si c'est ça putain c'qu'elles ont du pondre.
Noé regarda tristement son fils et lui dit :
"Mais mon pauvre petit, tu sais bien que le Seigneur à fait disparaître toutes les espèces avec son sacré déluge.
Ah oui, et les poissons ça vit pas dans la flotte peut-être ? Allez, laisse-moi au moins essayer.
Noé n'ayant rien trouvé à répondre Cham se mit au travail.
Le lendemain il attrapa une carpe de cinq livres dont toute la famille se régala. Le jour suivant, avec son frère Japhet qui s'était fabriqué lui aussi du matériel de pêche, ils prirent un joli brochet et plusieurs truites. (3)
Du haut du ciel le Vieux, qui avait tout vu, grommela dans sa barbe :
"Ben quoi, on peut pas tout prévoir, et Il ajouta : Pas con tout de même ce p'tit Cham".

1) Comme on dit à Bruxelles.
2). Ne cherchez pas dans le dico, c'est un néologisme
3) Ben oui, ce sont des poissons d'eau douce. Et alors ?

Et le temps passa et, contrairement à ce que Dieu avait prévu, le niveau des eaux ne baissa pas. En effet l'évaporation provoquée par le soleil produisait des nuages qui finissaient par retomber en pluie. Il se gratta une nouvelle fois le crâne et murmura in petto :
"Si je n'fais rien j'vais encore passer pour un couillon."
Alors il s'arma d'une serpillière géante et d'un seau non moins géant et commença à éponger toute la flotte excédentaire. Chaque fois qu'un seau était plein Il projetait son contenu dans l'espace. Quand tout fut revenu à la norme Il put constater le dégât : plus d'herbe, plus d'arbres ni de légumes. Il lui fallut donc les créer une seconde fois car sinon à quoi cela aurait-il servi de préserver les espèces ?
Plus d'une fois, pendant qu'il s'attelait à cette tâche, Il gronda : "Quel con, mais quel con ! Bordel de Moi ça va me servir de leçon, plus jamais de déluge, ça m'a donné trop de boulot et pour quel résultat ? Je vous le demande (!!!), les descendants de Noé auront toujours les mêmes défauts que leurs ancêtres et la vie sur terre verra toujours la victoire des plus forts sur les plus faibles, tant chez les espèces humaines qu'animales. Bon, enfin, maintenant que la connerie est faite y'a plus qu'à essayer de sauver la face. J'vais aller voir Noé pour l'avoir à la "tchatche" mais, de toute façon J'ai pas trop de bile à m'faire : Les humains trouveront bien une histoire à raconter qui Me donnera le beau rôle dans cette affaire, et ils continueront à M'adorer malgré toutes les bourdes que J'ai pu commettre, et que Je commettrai sans doute encore.
Sitôt dit, sitôt fait. Il arriva au moment où le patriarche faisait sortir ses pensionnaires.
Dieu : Alors Noé, heureux ?
Noé : Oh oui, Seigneur, ça fait rudement plaisir de retrouver le plancher des vaches. Un grand merci pour toutes vos bontés.
Dieu : Bah, n'en parlons plus. Vous êtes des braves gens, c'était normal que J'vous fasse une fleur.
Noé : Cela étant, Seigneur, j'ai un aveu à vous faire : Mes fils et moi n'avons pas arrêté de pêcher du poisson, ce qui n'était pas prévu au programme.
Dieu : Tais-toi couillon, tu dois bien penser qu'en recouvrant la Terre de flotte Je savais que les poissons n'allaient pas se noyer, et c'était une sorte de test pour voir si vous seriez assez marioles pour en attraper.
A ce moment Noé vit que Japhet, qui n'avait pas digéré le coup d'embarquer les baleines et tous les autres bestiaux aquatiques pour des prunes, allait se mettre à dégoiser. Il lui jeta un regard meurtrier et lui fit signe de disparaître d'un geste autoritaire que Yahveh feignit de ne pas voir, occupé qu'Il était à regarder ses ongles. Le trublion ayant disparu Il poursuivit :
"Tu sais maintenant ce qu'il vous reste à faire, à toi et ta famille ? Soyez féconds et multipliez-vous, soyez nombreux sur la Terre et dominez."
Et sans rien ajouter Il se retira, satisfait de s'en être si bien tiré.
Le chapitre intitulé "Le déluge" pourrait très bien se terminer ici mais j'ai pensé, comme d'ailleurs l'ont fait les auteurs de la Sainte Bible, qu'il vous intéresserait de connaître la suite et la fin de l'histoire de Noé. Alors la voici.
Comme nous l'avons déjà écrit Noé avait trois fils : Sem, Cham et Japhet, et Cham avait un fils du nom de Canaan. Or un jour Noé qui, comme vous le savez sûrement avait inventé le pinard (1), s'était saoulé comme un polonais.


1) Et rien que pour cela il lui sera beaucoup pardonné.
S'étant fichu complètement à poil il se mit à danser au milieu de sa tente. Alerté par le boucan qu'il faisait, Cham décida d'aller jeter un coup d'oil et revint horrifié raconter à ses frères ce qu'il avait vu. Les fils de Noé étaient très prudes, aussi c'est à reculons qu'ils entrèrent dans la tente de leur père afin de le couvrir d'un manteau et de le coucher. Le lendemain Noé se réveilla avec une belle gueule de bois et demanda ce qui lui était arrivé.
Ayant appris que Cham l'avait vu danser avec sa bistouquette à l'air, et avec l'illogisme propre à tous les poivrots, il prononça un discours décousu, entrecoupé de rots et de hoquets, d'où il ressortait qu'il maudissait Canaan, qui n'avait pourtant rien à voir là dedans, et le condamnait à être le larbin de ses oncles, de ses frères et du Seigneur, béni soit Son nom, hips.
Je vous épargnerai la liste des patriarches postdiluviens et de l'âge qu'ils atteignirent, aucun d'entre eux n'ayant approché le record de l'antédiluvien Mathusalem qui, je l'ai déjà rappelé, cassa sa pipe à 969 balais et je ne répéterai pas l'anecdote concernant Jeanne Calmant.





La tour de Babel


Je préfère poursuivre en vous racontant l'histoire de la tour de Babel et en vous invitant à vérifier que, même si mon style est quelque peu différent de celui de la Bible officielle, la base des deux récits est absolument comparable.

Quant aux conclusions que l'on peut en tirer sur la mentalité du Vieux, à partir de l'une ou l'autre version, je vous en laisse juge.

Bref, cela se passait à l'époque où tous les hommes parlaient la même langue ce qui, vous en conviendrez, facilitait drôlement la communication. Or un jour ils décidèrent d'entreprendre la construction d'un monument colossal. Ayant choisi comme site une vaste plaine du pays de Sennaar, où l'on trouvait en abondance de l'argile de qualité et du bitume, ils se mirent à fabriquer des briques qu'ils cuisirent au feu pour leur donner la dureté de la pierre, et se mirent à construire une ville au centre de laquelle commença à s'élever une tour dont ils espéraient qu'elle atteindrait le ciel.

Intrigué Yahveh descendit sur Terre pour inspecter les travaux et quand il comprit quel était le but recherché Il en conçut une grande contrariété.

"Putain, Se dit-Il, si Je fais rien ces connards sont foutus d'arriver à leurs fins et alors, finie la tranquillité. Non, pas question de voir arriver des tripotées de mecs avec leurs gonzesses et leurs chiares qui vont semer la merde dans Mon paradis. Faut absolument que Je trouve quelque chose pour leur coller des bâtons dans les roues.
Bien sûr J'pourrais provoquer un bon tremblement de terre qui ferait s'écrouler l'édifice mais, têtus comme je les connais, ils recommenceraient et finiraient pas réussir. Non, je dois inventer une autre vacherie.

Il chercha et finalement eut une inspiration géniale.
"Eurêka, triompha-t-il, J'vais m'arranger pour qu'ils oublient tous leur langue maternelle, qui est la même bien entendu, et se mettent à parler chacun un jargon différent, comme ça ils ne se comprendront plus et seront obligés d'abandonner leur projet à la con. Ils se disperseront aux quatre coins du monde et qui c'est qui restera peinardos dans son paradis ? C'est Bibi.

Ainsi fit-Il, créant sans le vouloir un nouveau groupe socioprofessionnel, celui des profs de langue, et faisant la fortune des futurs fabricants de dictionnaires bilingues et des méthodes Assimil.



Jo Tangh



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