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Notre-Dame de Paris et autres


par H.-P. Gottlos  -  16/04/2019




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Il est courant de considérer et surtout il semble à beaucoup évident que le moteur de la mise en chantier et de la réalisation des cathédrales gothiques fut une foi ardente et le désir de glorifier Dieu. Mais cette manière de voir est aussi naïve que celle qui prétend que les croisades furent vraiment organisées pour "délivrer le tombeau du Christ" ou que la Conquista espagnole du continent sud-américain a été entreprise pour la conversion des populations. Le désir de s'approprier les immenses richesses supposées de l'Orient et la certitude qu'il coulait dans ces lointaines contrées au-delà de l'Océan, l'Eldorado, des fleuves d'or et d'argent, voilà quelle foi, véritablement capable de soulever les montagnes, animait les hommes de ces temps, comme bien d'autres, en d'autres temps et ailleurs : des classes assez enrichies pour avoir les moyens d'investir dans l'organisation de ce genre d'entreprises prometteuses et assez sûres d'elles-mêmes pour risquer l'aventure. Tout le reste n'est évidemment qu'idéologie. Il en est bien sûr de même en ce qui concerne les magnifiques réalisations architecturales qui, plus que la gloire de Dieu, proclamaient surtout celle d'un capital miraculeux qui ne pouvait qu'être voulu et béni par Dieu tant étaient merveilleux ses dons, capables d'enrichir comme jamais toute la bourgeoisie conquérante d'alors, hardiment soutenue par les seigneurs appropriateurs : car l'argent appelle l'argent ! On peut dire en réalité que le capitalisme européen a pris son premier grand essor dès le XIIIème siècle grâce aux grands chantiers des cathédrales dont le financement était assuré par une classe de seigneurs pillards qui s'était considérablement enrichie sous la croix du Christ en Orient. Qu'on imagine une ville médiévale entièrement adonnée ou presque, des décennies durant, à la mise en ouvre de ces énormes chantiers auxquels tous les corps de métier participaient, aubaine dont chacun avait l'opportunité de profiter pour s'enrichir considérablement ! La gloire de Dieu avait au moins cet incomparable et très indéniable avantage d'être payante pour qui savait l'exprimer avec art et compétence. Les maîtres artisans étaient garantis de commandes extrêmement importantes pour des années ; même l'humble compagnon, même l'ouvrier étaient assurés de bons revenus pour de longues périodes. Les seuls qui devaient assez peu en profiter, ce furent les serfs ou les petits paysans libres des campagnes environnantes, ceux qu'exploitaient sans vergogne en les pressurant, en les écrasant de taille et de corvées, les seigneurs ou les évêques. Pro maxima Dei gloria, bien entendu.

Qu'on fasse abstraction de l'idéologie sanctificatrice et l'on aura une vraie compréhension de la nature de toutes ces gigantesques entreprises que furent les cathédrales européennes, les pyramides et les temples égyptiens, les extraordinaires réalisation d'Angkor-Vat au Cambodge, etc.: d'immense chantiers humains souhaités et commandités par des puissants, entrepris et réalisés par de grands génies et de grands artistes et qui généraient plus de richesses, et pour longtemps, qu'ils n'en consommaient. Ce n'est évidemment pas une raison pour les détruire ; mais cela donne une dimension plus humaine et plus conforme à la réalité du monde que tous ces discours pieux dont on nous abreuve au sujet de la "foi médiévale" et autres balivernes...


H.-P. Gottlos



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