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Militant ? Pratiquant ?


par J.J.  -  07/07/2008




Les textes publiés dans Vos contributions (rouge foncé) ne représentent que l'opinion de leurs auteurs.




Militant : qui lutte pour une idée, une opinion, un parti
Pratiquant : qui observe les pratiques religieuses (Petit Larousse illustré)

Voilà deux mots de sens bien différent et pourtant qui désignent des individus ayant quelque analogie dans leur comportement.

Le pratiquant qui observe les pratiques de sa religion combat souvent également pour une idée, une opinion. Il essaie, ne serait-ce que par son exemple (port d’insignes religieux, assistance aux offices etc.…) d’élargir le cercle des adeptes de ses idées.
Le militant qui combat pour une idée, une opinion, s’il ne va pas jusqu’à sacrifier à certains rites, tente de propager un mode de pensée, dénuée ou non de sectarisme.
Parfois j’entends dire par une personne qui n’a pas encore réussi à se débarrasser du carcan de la pensée superstitieuse et religieuse, imposée par des siècles d’oppression, mais qui a commencé à douter de l’autorité que s’est arrogé le pouvoir religieux :
- "Moi, je suis croyant mais je ne suis pas pratiquant."
Ce à quoi je réponds généralement
- "Et bien moi je suis pratiquant, mais je ne suis pas croyant".
Mon interlocuteur intrigué me demande alors :
"Que pratiquez vous ?
"- Une belle trinité : l’esprit Critique, l’Athéisme et la Pensée Libre !"
Souvent à ce moment un ange passe…
Cet "encore croyant" est peut-être en cours d’évolution : après la contestation de l’autorité religieuse, c’est la croyance elle-même qu’il finira éventuellement par contester. C’est un cheminement normal, celui d’ailleurs que j’ai suivi : baptisé, élevé comme croyant et pratiquant, je n’ai pas eu de choix au départ. Assister aux offices religieux, suivre le catéchisme étaient des obligations aussi prégnantes que d’aller à l’école ou faire sa toilette le matin. Lorsque j’ai pu constater d’autres modes de vie et que mes camarades ou voisins, bien que n’allant pas à la messe, n’égorgeaient pas leurs parents et ne détroussaient pas leurs proches j’ai commencé à penser que mes doutes n’étaient pas infondés. Après m’être affranchi de l’autorité religieuse, j’ai ensuite réalisé que tout ce que l’on m’avait enseigné, toutes les croyances que l’on m’imposait ne reposaient sur aucune certitude, au contraire, cela m’est apparu comme parfaitement invraisemblable.
Enfin, je me suis senti vraiment libéré lorsque j’ai reçu le courrier me confirmant que mon nom était rayé des registres de la secte des adorateurs de cadavre, la sainte Eglise catholique, romaine et apostolique.

La Pensée Libre représente le progrès par rapport à la pensée religieuse prisonnière de ses soi- disant vérités, soi- disant révélées. Encore faut-il essayer de répandre cet espoir de Liberté. Rester inactif, c’est cautionner par son silence les concepts irrationnels, les laisser se répandre et garder leur emprise sur la société. L’humanité n’a pas encore assez évolué pour se passer du merveilleux, le mystère conserve toujours plus d’attraits que la réalité. C’est sans doute un caractère inné chez l’homme. L’évolution de sa pensée qui aurait pu l’en délivrer a été mise sous le boisseau par l’intransigeance de l’autorité religieuse.

Si mes modestes facultés intellectuelles ne m’ont pas trahi, j’ai compris que les autorités monothéistes ont défini Epicure et ses disciples comme d’abominables débauchés, qui recherchaient leur plaisir dans les orgies et les pires turpitudes. Cela bien sur pour écarter les éventuels imitateurs du mode de vie prôné par le philosophe. Le rabbin David, dans "l’Ami Fritz" ne fustige-t-il pas son ami Fritz Kobe, qui émet des propos critiques et ironiques sur les prophètes, en le traitant d’Epicaure "Tu es un Epicaure" , un vaurien, jouisseur et un mécréant. Or, la pensée épicurienne, si j’ai bien compris, ne se résume pas, et n’est surtout pas un coupable dévergondage. Cueillir le jour, (Horace : Carpe diem quam minimun credula postero) c’est prendre du plaisir en buvant un verre de bon vin (avec modération…), c’est écouter une plaisante musique, c’est regarder une fleur qui s’ouvre ou un oiseau qui se pose près de vous. Ce sont là des plaisirs "bon marché", mais qui me procurent bien plus de joie que de prétentieuses et grotesques cérémonies, suivies de coûteuses et indécentes agapes, en regard de la misère du monde. Vous pourrez dire que je manque d’ambition. C’est vrai, mais je préfère, tant que je le peux, profiter des petits plaisirs bien réels et concrets de la vie, sans me poser des questions sur une très hypothétique béatitude éternelle pour laquelle je ne veux pas sacrifier mes innocents et modestes joies du présent.

Dans la mesure où je ne nuis pas à mon prochain, que je partage ses plaisirs et qu’éventuellement je viens à son aide, je ne vois pas en quoi je ferais le mal.
Si, pourtant je suis un dangereux individu, car j’échappe ainsi à la main mise d’un pouvoir temporel, qui se prétend spirituel, au risque d’entraîner mon voisinage dans une pensée considérée comme subversive.
Si certains hommes se contentaient de jouir de ce qui est à leur portée, sans tenter de posséder toujours plus, en condamnant à la misère les plus faibles, peut-être pourrait-on espérer une paix universelle. Il n’est pas interdit de rêver, n’est ce pas ?

Un athée pratiquant ! Que voilà un bien vilain oxymore. Le propre de l’athée, justement, c’est de n’être attaché à aucun rite, aucune pratique susceptible d’entraver sa liberté de pensée. Par contre, militer pour une pensée libératrice, capable de briser les chaînes des idées reçues et des dogmes imposés, c’est l’attitude qu’il serait souhaitable que chaque penseur libre adopte, en travaillant avant tout à une réforme positive de notre société.


J.J.



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