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Dieu, une idée lumineuse ?

A ceux qui abdiquent toute raison


par H.-P. Gottlos  -  30/05/2018




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Madame,


J'ai bien lu votre lettre et vous en remercie.

J'avoue que vous me faites sourire : "Je suis en recherche spirituelle", dites-vous, bien qu'en fait vous ayez "trouvé" puisque vous me parlez du "Créateur au-dessus de nous", de ce "Dieu qui commande tout et qu'il faut prier" (c'est qu'il se fait tirer l'oreille, le bougre !), etc. Que cherchez-vous de plus alors ?

Mais Dieu... Personne ne l'a jamais vu : c'est sans doute pour cette raison que tant de gens en parlent si savamment ! Au point qu'ils sont capables de nous expliquer ce qu'il dit, ce qu'il veut, ce qu'il fait, comment il réagit, etc... Ils savent tout de lui et à son propos, comme s'il leur avait fait lui-même et directement ses confidences. C'est évidemment d'un ridicule achevé. Voilà bien la raison pour laquelle il me semble que pour ajouter foi à ces affirmations prétentieuses et dogmatiques, il faut être d'une naïveté d'enfant de moins de sept ans. Hélas, c'est bien le fait des 3/4 de la population mondiale, la partie croyante de l'humanité. Moquerie évidemment que tout ceci. Quand je démontrais un jour à mon dit cher frère à quel point sa naïve croyance était absurde, sa réponse fut spontanément celle de Thomas d'Aquin (je ne suis pas certain qu'il l'ait lu pourtant...), quelque chose comme : "C'est tellement scandaleusement absurde en effet qu'il faut avoir la foi pour le croire. Alors j'ai la foi". C'est le "Credo quia absurdum" de l'auteur de la fameuse "Somme". Voilà une attitude assez effrayante que j'appellerais abdiquer toute raison, celle-là même censée faire toute la supériorité et la gloire de notre espèce et la différencier si profondément de l'animalité. Pour moi, une adhésion aussi aveugle à l'absurde, c'est proprement dégradant car indigne de notre humanité, et intellectuellement insupportable. L'acceptation de l'absurde et de l'irrationnel comme guide moral, tel est le vrai terreau du totalitarisme : les nazis, les islamistes, les talibans, les fascistes et les fanatiques de tous poils ne peuvent rêver mieux comme moyen d'obtenir l'acceptation de l'inacceptable par les individus et leur soumission telle que toutes les dictatures en ont impérieusement besoin pour s'imposer aux masses, si bien que les tyrans ne parlent pas autrement : "Vrai est ce que je dis ; c'est vrai parce que vous me croyez et vous croyez parce que c'est absurde. Croyants, vous ne vous révolterez jamais et avalerez tous les boas que moi je vous ordonnerai d'avaler". Un Erdogan par exemple, aujourd'hui, parle-t-il autrement ?

Première station

Le vrai, c'est que Dieu n'existe pas. Dieu n'est qu'une très primitive invention humaine, un pis-aller pour tenter d'expliquer l'inexplicable (relatif) que sont les innombrables phénomènes de la nature et auxquels se trouvaient confrontés nos lointains ancêtres : permettez-moi de ne pas vous les énumérer, ils sont trop nombreux et dans leur quantité et diversité et dans leur essence, depuis l'orage et l'éclair en passant par les éruptions volcaniques jusqu'à la prolifération de la vie et, l'autre face de la médaille, sa cessation inéluctable...

Au reste, il serait peut être intéressant de se poser la question de l'origine même de ce nom qui inspire à tant de monde tant d'effroi sacré mais est loin, en réalité, d'être aussi sacré qu'on se l'imagine communément puisque c'est étymologiquement le latin deus qui contient la racine indo-européenne dei- = briller comme le ciel lumineux. Or on retrouve cette racine dans le nom de la divinité grecque Zeus (génitif Diós), à l'origine dieu de la lumière, et dans le nom latin du jour : dies. Dieu n'est donc rien autre que l'idée de la lumière du jour.

Quant à l'histoire du "Grand Horloger" qui en son temps a servi de preuve prétendue logique de l'existence de Dieu, chez Voltaire par exemple, si elle a une apparence de bon sens, elle est en réalité hélas d'une faiblesse affligeante : l'horloger ne fabrique pas son horloge ex nihilo : il fait faire ses pièces ou achète les matériaux pour les confectionner auprès de ses fournisseurs. Lesquels doivent s'approvisionner à leur tour en matières existant déjà. Une simple montre contient à elle seule une énorme quantité de travail humain, à commencer par celui nécessaire à l'extraction des entrailles de la terre du minerai métallifère. Or le minerai existe bien longtemps avant le fameux horloger. De plus il a des tas d'outils déjà bien rangés dans son atelier, outils qu'il a fallu que, de même manière, quelqu'un lui fabrique à partir de sources semblables. Ainsi donc, Dieu est tout ce qu'on voudra, sauf un horloger.

Deuxième station

Dieu ne peut pas exister parce que s'il existait, il faudrait expliquer d'où il provient, qui ou qu'est-ce qui l'aurait créé, à quoi il devrait d'exister. "Mais il n'est pas créé", protestez-vous ; "il existe par soi et de toute éternité", répliquerez-vous. Mais si Dieu peut exister par soi-même de toute éternité, pourquoi ne seraient-ce pas plutôt l'énergie et la matière que nous avons, elles, sous les yeux, qui existeraient de toute éternité et non ce Dieu que l'on ne peut ni voir, ni peser, ni mesurer, ni suivre à la trace, comme tout ce qui en fait caractérise une non-existence ? Contrairement, par exemple, à une particule subatomique dans une chambre de Wilson dont la trace est très nette. Mon hypothèse n'est donc pas plus absurde que la vôtre, admettez-le. Il nous faut alors admettre que le plus simple des atomes, l'atome d'hydrogène, ainsi que les forces qu'il contient et qui le maintiennent en cohérence existent de toute éternité et n'ont pas eu besoin d'être créés. Il s'agit même là depuis Lavoisier d'une des lois les plus fondamentales de la physique : la loi de la conservation des masses et de l'énergie. "Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme" : cela signifie que personne ne peut ni créer, ni détruire la matière, sa quantité totale de par l'univers est constante et n'a pas varié d'un atome depuis l'éternité des temps ; il n'en manque pas un gramme et il est impossible d'y ajouter un seul gramme. La matière, c'est l'énergie et l'énergie, c'est la matière : E = mc2, en Joule. La seule question est donc celle-ci qui résume tout : comment un dieu aurait-il créé de la matière ne disposant que du néant ? Où l'aurait-il trouvée ? D'où l'aurait-il tirée ? Zéro ne peut pas devenir un, un ne peut procéder de zéro... De rien ne peut provenir quelque chose. Donc Dieu ne crée rien ; en revanche c'est la matière qui crée tout, y compris l'espace car l'espace, même vide, n'est pas rien puisqu'on peut toujours y placer quelque chose. Dans l'espace on trouve - entre autres - l'homme et l'homme, lui, crée un être fantastique, fantasmatique, fantasmagorique. Dieu !

Troisième station

En effet : qu'est-ce que ce dieu qui, il y a quatre milliards et demi d'années seulement, une seconde dans l'éternité, après tant de millénaires à ne rien faire, à se tourner les pouces, aurait tout à coup eu besoin qu'il y ait quelque chose quand auparavant et jusque-là il s'en passait fort bien ? Etait-ce donc qu'il s'ennuyait si ferme, tout seul, là où il était ? Pour un être parfait, ce ne serait guère très glorieux : "Ah, je m'ennuie atrocement tout esseulé dans mon paradis depuis une éternité ! Attends un peu, je vais créer quelque-chose !" se dit-il un beau jour, tout d'un coup, comme ça. Une lubie ? "Et mes créatures, enfin celles du moins que je vais me fabriquer "à mon image", les hommes, pas les plantes où les animaux, insectes, mammifères, etc., pas eux, non ! les hommes seulement ! eh ben, il faudra d'abord qu'ils m'adorent et me prient pour obtenir ce qu'ils voudront ou pour que je cesse de les tourmenter de toutes les manières imaginables pour me distraire !" Quel beau programme pour un être parfait ! Mais en réalité, loin qu'un dieu problématique crée le monde, la nature et enfin l'homme à son image, comme dit la Bible, c'est l'homme lui-même, produit par la nature, impressionné à la fois par son impuissance face à celle-ci quand elle se déchaîné d'une part, mais également par sa propre puissance sur elle d'autre part, s'invente des dieux à son image, ayant toutes ses qualités plus toutes celles qu'il rêverait d'avoir également mais auxquelles il lui faut, hélas, renoncer. Puis il les synthétise peu à peu tous en un seul, tout-puissant qu'il désigne comme créateur autant que gestionnaire.

Quatrième station

Mais puisque qu'il convient de rechercher le véritable créateur de l'univers, de tout ce qu'il contient, et que d'un autre côté, ce qui semble entraîner l'adhésion des fidèles ce sont les mystères impénétrables dans lesquels se complaît Dieu, je vais tâcher de vous consoler de cette frustrante non-existence en vous annonçant la bonne nouvelle que la nature n'est, elle non plus, pas avare de profonds mystères. Alors laissez-moi vous dévoiler quels ils sont :
  • PREMIER MYSTERE : La charge électrique. Qu'est-ce qu'une charge électrique ? Comme le Dieu des chrétiens, elle est éternelle et unique en trois personnes : soit négative, soit positive, soit neutre. Toute charge attire toute autre charge antagonique et repousse sa semblable. L'origine de tous les mouvements au sein de la matière et donc de l'univers, c'est donc le mouvement intra-atomique dû aux échanges énergétiques. Le vent qui souffle sur les cimes a pour origine première l'agitation moléculaire au sein de l'air et donc en premier lieu au sein des structures atomiques dont il se compose. L'énergie, c'est cet être éternel tout puissant, maître de toute chose dont personne au monde, pas même Dieu, ne connaît l'essence ni n'a la moindre idée d'où il provient. Mais voilà en fait le véritable Créateur qu'il faudrait adorer si cela lui faisait le moindre effet ; et le prier pour qu'il nous exauce s'il n'était complètement sourd... Les anciens qui adoraient le soleil étaient en fait beaucoup plus proches de la vérité du monde que tous nos savants théologiens diplômés ! Et remarquons en passant que ce qui donne sur un dieu créateur un avantage définitif à l'énergie toute puissante, créatrice de toute chose, c'est qu'on prouve à chaque seconde son existence. Si vous en doutez, mettez les doigts dans la prise, vous verrez !

  • DEUXIEME MYSTERE : Non moins impressionnantes sont, les forces de liaison internes au noyau atomique qui font que les éléments qui le constituent restent en cohésion bien que de même signe et devraient pourtant se repousser, faisant éclater ce noyau. Pourquoi cela ne se produit pas, nul ne sait. Voilà qui est parfaitement incompréhensible, et pourtant il en est bien ainsi... Dieu, en fait, si on tient absolument à cette notion, à ce qu'il y en ait un, c'est l'énergie sous ses diverses formes en quoi elle se "convertit" tour à tour, mesurable et expérimentable. C'est elle qui "crée la matière", ou plutôt elle est la matière elle-même.

  • TROISIEME MYSTERE : Autre vérité scientifique de la physique qui constitue néanmoins un profond mystère : la constance de la vitesse de la lumière ( C ) dans tout référentiel. Si la lumière se propage à vitesse constante en quelque lieu de l'univers qu'on la mesure, où que vous l'on se trouve, à bord d'une fusée ou dans son lit, toujours la vitesse d'un rayon lumineux sera mesuré à environ 300 000 km/seconde. Autrement dit, elle n'est pas relative comme la vitesse de votre voiture par rapport à la route ou par rapport à une autre voiture que vous dépassez, mais absolue. C'est donc que le temps n'est pas un absolu mais qu'il est relatif ce qui contredit totalement notre intuition et notre expérience quotidienne. Qu'est-ce que les prétendus mystères de la religion à côté ? Des dérisions.

  • QUATRIEME MYSTERE : La conscience n'est au fond rien autre que de la chimie ! La plus complexe qui soit, certainement, mais néanmoins de la chimie ! Car il ne faut pas chercher l'origine de la vie ailleurs que dans cette matière que des forces internes mettent en mouvement constant. Ce mouvement perpétuel, plus ou moins ordonné est dû à l'énergie éternelle et indestructible qui, depuis que le monde est monde, transforme tout à chaque seconde ; l'énergie, ce dieu en dehors duquel il n'y a rien, ni matière, ni mouvement ; ni au niveau microscopique, ni au niveau macroscopique ; donc ni vie non plus puisque toute chimie n'est rien d'autre qu'échanges énergétiques et déplacements de forces ; puisque la vie n'est que de la matière qui s'organise et s'analyse en constituants chimiques et rien d'autre. Notre cerveau est-il autre-chose que cette même matière suprêmement organisée ? C'est le mouvement de la matière qui l'organise, donc l'énergie. Notre coeur ne bat-il pas par impulsions électriques ? Mais l'énergie est indéfinissable elle-même sinon par ses effets, comme force qui se manifeste par le mouvement perpétuel au sein des atomes jusqu'aux particules subatomiques ; par celui des combinaisons d'atomes en molécules qui forment tous les êtres, mouvements qui expliquent tous les phénomènes naturels que l'on observe, la vie comprise et donc finalement la conscience, état supérieur particulier et infiniment complexe de la matière organisée.
Décidément, il n'y a guère de place pour un dieu là-dedans et le monde, après tout, se passe fort bien de ce créateur inutile. Comme le déclarait Laplace à Napoléon, on n'en a nul besoin pour établir les hypothèses scientifiques qui rendent compte du monde.

Cinquième station

Si Dieu donc n'existe pas, encore moins n'a pu exister son fils, Jésus Christ. Ce personnage conceptuel inspiré d'autres, ses cousins, comme Mithra, Dionysos ou Sol invictus a tout de la pure invention, produit de l'imagination de quelques Juifs sectaires, Esseniens ou autres, émigrés à Rome au temps d'Auguste. Aucun texte authentique de la latinité tardive n'a jamais parlé de chrétiens, ni en Palestine, ni à Rome, ni ailleurs. Et bien sûr encore moins de Christ, ce nom grec censé traduire le mot hébreu "messiah" = "oint" (du Seigneur). Quel Romain du deuxième siècle en effet pouvait ne fût-ce que prêter intérêt à une secte juive en particulier, parlant un dialecte sémitique, qui plus est, quand il en existait des dizaines sans doute, réfugiées à Rome, toutes dans l'attente du fameux Messiah ! Et le passage XV. 44 des Annales de Tacite, m'objectera t'on ? Ne raconte-t-il pas le grand incendie de Rome, prétendument provoqué par Néron qui mettra son crime sur le dos des... chrétiens infestant sa ville ? Faux évident, texte maladroitement bidouillé, interpolé dans le scriptorium d'une abbaye quelconque au 9ème ou au 10è siècle par des moines copistes trop zélés: la moindre étude philologique dévoile immédiatement la supercherie tellement le passage est maladroit, en rupture avec le style habituel de l'historien latin, et en contradiction avec les faits historiques avérés. Pour plus de détails, se reporter à l'analyse très fine et très fouillée de l'historien de la fin du XIXème siècle, Polydor Hochard, Etude au sujet de la persécution des Chrétiens sous Néron. (1885 ; Gallica - Bibliothèque Nationale). Jésus n'est donc qu'un mythe, qu'une légende, élaborée de toute pièce par une communauté juive immigrée en mal de reconnaissance parmi ses coreligionnaires. Il est évident qu'on ne peut accorder aucun crédit à des copies de copies de textes apocryphes, reproduits des siècles durant plus ou moins fidèlement et dont les originaux ont évidemment disparu depuis belle lurette ! Au reste, on peut bien débattre à perte de vue - et c'est bien ce qui semble se passer - de l'historicité de Jésus, ayant prêché et été mis à mort en Palestine par Ponce Pilate sous Tibère, ça ne change strictement rien au fond du problème : la surface du monde pullule de fils ou d'envoyés directement par Dieu, à commencer par Mahomet ! Ca ne prouve en rien leur qualité prétendue. Cela seul clôt le débat.


Pour conclure, car on pourrait continuer indéfiniment, je dirais juste ceci : je crois bien que le Père-Noël a plus de justification que Dieu, car lui au moins, on peut se le représenter, l'imaginer et le créer à notre propre image, celle d'un vieillard barbu et chenu. Comme Dieu...

Avec mon meilleur souvenir


H.-P. Gottlos



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