Les contrepets démoulent les sages ! (d’après Lalune) ATTENTION ! Certains jeux de mots peuvent choquer la sensibilité ou la pudibonderie, aussi, déclinons-nous toutes responsabilités dans les interprétations que ferait le lecteur des phrases qui suivent cet avertissement.
Toutes ressemblances de l’énoncé de celles-ci avec une situation concrète autre que celle énoncée dans la phrase, elle-même, ne sauraient être que le fruit de l'imagination ou/et de l'interprétation qu'en ferait le lecteur. En aucun cas, elles ne sauraient être en rapport avec le contenu du texte énoncé par lui-même.
Chez les grecs, les voyelles étaient des sons féminins et les consonnes des sons masculins.
De nombreux cours explicites sur les contrepèteries existent. Vous trouverez aussi des explications accessibles sur les sites suivants :
http://www.fatrazie.com/art_du_contrepet.htm ;
http://www.contrepets.net/classif_contre.html ;
http://www.langueauchat.com/jeux/initiation.html ;
http://www.puiseux.name/Contrepeteries-comment-en.html.
Sans oublier non plus que chacun des géants du contrepet qui sont ou furent Louis Perceau ("Redoute des Contrepèteries"), Luc Etienne ("L'Art du contrepet") et Joël Martin ("L'Art de décaler les sons")(1) ont donné des explications pour des contrepets presque "clé en main".
Avant que d’aller plus avant dans nos explications, nous rappellerons qu’une contrepèterie se doit d’être courte, simple et directe, elle se doit aussi d’être parfaitement correcte dans sa première forme et tout à fait indécente dans sa finalité. C’est encore un exercice intellectuel avec gymnastique neuronale et qu’il ne faut pas en donner la solution ni la figurer autrement que par un dessin. En tant que gymnastique, elle impose un effort pour être traduite ou résolue. Le contrepet est thérapeutique !
Nous rappelons que la contrepèterie est une phrase qui après déplacement des phonèmes la constituant révèle une autre phrase cachée phonétiquement dans la première. Cette seconde phrase fait abstraction de toutes règles, grammaticales, orthographiques, bienséance et politesse.
Les sons ou phonèmes qui se déplacent ou permutent peuvent être pris en début, au milieu ou à la fin des termes constituants la phrase. Il y a permutation de consonnes, de voyelles, permutation simple ou double avec ou sans croisement voire jusqu’à des permutations de mots ou d’éléments de mots.
Les contrepèteries se classent, d’après Louis Perceau en son ouvrage de référence : "La Redoute des Contrepèteries", en contrepèteries classiques quand il s’agit du déplacement de la première consone des mots, IE : "c’est un coureur de fond". Autre exemple, quand la langue fourche : "Un mou de veau" pour un mot de vous. Sauf qu’ici, ce sera un simple jeu de mot ou un contrepet de salon (cds) puisque qu’il n’y a aucune grossièreté dans le contrepet traduit et qu’il est audible de tous.
Elle sont dites régulières par les puristes quand le nombre de lettres est le même au départ qu’à l’arrivée : "Prions le seigneur" et plus particulièrement si nous avons : "Prions le saigneur".
Elles sont dites décadentes, s’il s’agit du déplacement de voyelles "Lola me turlupine" avec ou sans croisement, voyelles simples ou doubles.
Elles sont dites bâtardes ou bancales quand il y a déplacement d’une lettre, voyelle ou syllabe d’un mot vers un autre mot IE, "Il montrait sa vierge derrière le panneau" ; "Victor Hugo bossait fort ses quatrains"… Entre dans cette catégorie le déplacement interne au mot comme : "bardeau" ; "progrès" "pénitencier"…
Nous ne devons pas oublier les déplacements de mot dans une phrase, incluant les collages de mots : "Adam dit à Ève : "Assume ta nullité, ça dope !". Ni les constructions avec des chiffres numéraux : "Benoît XVI en bois" ou encore : "On boit bien à 13", et encore moins les contrepèteries dites enchevêtrées qui sont presque des anagrammes de phonèmes. Dans l’exemple suivant qui parait assez ardu à traduire, il suffit presque simplement de prendre la phrase à l’envers pour lire sa traduction dans cet exemple : "L’aspirant habite Javel".
Avec l’évolution des contrepets, nous assistons de plus en plus à la création de contrepets reposant sur plusieurs mots comme : "le curé musicologue craignait de trouver un cancre sur le mont chauve". Ici nous avons affaire à une contrepèterie dite circulaire. En effet, elle porte sur un son appartenant à un des trois mots et qui tourne, c'est-à-dire que ce n’est plus le contrepet traditionnel qui, lui, ne portait sur deux mots.
Armelle Finard (2) nous ouvre une nouvelle voie avec la création de contrepet avec deux lettres ou plus séparées ou non en un seul mot, IE : "Ce machin est de taille, allons nous en venger !" Ici nous avons un double croisement de consones et voyelles sur deux mots.
Nous lui devons un grand Merci et lui rendons hommage. Elle nous a fortement inspirée cette remarque et procurée de très nombreuses idées de contrepets pour la page 26 des contrepèteries sur ce site.
Il n’existe à notre connaissance aucune "recette miracle" pour composer des contrepets. Nous ne pourrions que rappeler la remarque précédemment formulée en page 26 que nous reprenons et modifions pour l’améliorer :
Notre dernier conseil à ceux qui veulent réaliser des contrepets est celui que nous aurions dû donner au commencement de notre laïus sur la formation des contrepets :
1°) lire et apprendre le dictionnaire ou des lexiques déjà listés par thèmes ou sujet pour avoir du vocabulaire ;
2°) s’établir une liste du vocabulaire (vulgaire ou non) de la sexualité et de tout son environnement (et ou de l'Eglise et ou de la politique...) ;
2-1 le sport, les métiers, la musique sont aussi de bons exercices…
3°) regarder les mots qui s’en rapprochent à une ou quelques lettres près ;
3-1°) noter les syllabes et les lettres qui peuvent être déplacées et/ou remplacées ;
4°) trouver un vocabulaire contenant ces lettres ou syllabes (position 1°) ;
5°) effectuer ces changements et voir ce que donne le résultat en construisant des phrases ;
6°) ne pas être pressé et peaufiner les phrases avant de les lâcher dans la nature ;
7°) lire ou faire lire à haute voix ces phrases pour écouter leurs sonorités ;
8°) ou prendre la solution de secours, par paresse, qui consiste à apprendre des couples de mots de certaines contrepèteries et chercher à les replacer comme le fait souvent votre serviteur...
9°) n'oublions pas que le meilleur contrepet est toujours spontané...
10°) en faire un autre...
À cette liste, nous ajouterons quelques items pour orienter le chercheur dans la compréhension des contrepets :
11°) toujours rechercher le mot "tabou" pour traduire un contrepet. En général, tous les mots qui comportent des sons comme : "esse", "ite", "on", "ouille", "u", "ute", "e/ante" … pour ne citer que les principaux, ceux qui sont prisés dans le cadre des contrepets.
12°) rechercher les consones comme : "b", "c", "f", "p", sans oublier les liaisons…
13°) faire les associations des sonorités des consones et des sons de la position 11
14°) vérifier que ces nouveaux couples donnent des mots que l’on peut insérer phonétiquement dans l’ancienne phrase et que ceux-ci lui donnent un caractère trivial, hors respect de toutes règles.
On voit ici que les contrepets dépendent surtout du vocabulaire en sa possession. Ceci explique que l’on trouve un vaste panel de contrepéteurs parmi les étudiants et les bons en français.
Depuis la déformation du contrepet : "Il court, il court le furet" (==> il fourre, il fourre... au lieu de : "il court, il fourre le ...) de la chanson, certains contrepéteurs (3) n'hésitent pas à remplacer deux phonèmes identiques par un seul. IE : Tonton ==> titi dans "La ridelle de tonton", ou : "Il mange son baba aux courses" (baba ==> caca). Il est vrai que pour un éléphantiasis au scrotum, "On peut mettre ses courses dans le baba" —ici deux possibilités de traduction selon que l’on suive ou non l'exemple.
Nous ne sommes pas très en accord avec ce mode opératoire car nous glissons du domaine du contrepet pour rentrer dans celui d'un jeu de mots très proche. Il n'empêche que cela ouvre de nouvelles voies aux chercheurs/inventeurs de contrepets (si l'on garde cette définition !) et promet bien des instants de plaisir intellectuels.
J'attends de pied ferme le robot possédant un logiciel capable de telles prouesses. Tout espoir n’étant pas perdu, l’homme ayant toujours cherché à imiter la nature jusqu’à se prendre lui-même pour un créateur. Il lui arrive déjà de remplacer —et c’est un espoir de vie— un organe défectueux de par la soi-disant volonté divine, peut-être qu’un jour nous assisterons au remplacement total de l’être humain par un "droïde" organométallique capable de performances identiques voire supérieures à celles d’ordre humain. C’est l’évolution, où sera la place de l’être humain si on le remplace complètement par une machine obéissante et fiable, génito-sexuée ou non ? Le problème de l’âme se posera à nouveau : « objets animés avez-vous donc une âme ? ».
Un logiciel dépend de son créateur et si la fiction nous parle de logiciel évolutif capable d’appendre, c’est encore au stade de la fiction.
Le contrepéteur cumule psychologiquement les quatre stades ; l'oralité, l'analité, ... Donc il est complet et équilibré ! Il n'est pas obsédé comme ceux qui ne comprennent pas facilement les contrepèteries auraient tendance à le faire croire mais nous reconnaissons que son voisinage est quelquefois éprouvant car l'on doit surveiller son propre langage pour ne pas lui donner matière à et surtout, bien l’écouter pour savoir si un contrepet n'est pas glissé dans son propos car cela devient souvent un automatisme...
Par contre il serait intéressant d’étudier les blocages ou interdits qui amènent certaines personnes à refuser de vouloir comprendre les contrepets ou en commettre car comme l’a si bien mentionné un de nos correspondants qui résume l’exercice des contrepèteries en quelques mots : « Vous devez savoir que ce qui crée l'effet humoristique, c'est la violence du contraste infâme entre les deux formes de la phrase, beaucoup plus encore que le fait du sujet révélé soit la plupart du temps sous la ceinture. Mais quand en plus le décor est religieux, et le produit fini hyper-libertin, le contraste est à son paroxysme, et avec votre série religion sur le site athée, vous êtes aux anges! (Oh pardon !). » (M B.)
Il avait entièrement raison. En effet, le psychanalyste Lacan n’avait-il pas soulevé le problème de la violence des symboles ? Les lacaniens et les toubibs de tous bords ainsi que les scientifiques ont donné des contrepéteurs mais l’on doit surtout noter que l’on trouve une kyrielle, de contrepétistes chez les musiciens en général (4) (5).
Nous aurions peut-être un réponse à notre question en début de paragraphe : la contrepèterie serait la sublimation de la dyslexie ou à sa tendance !
Mais là, nous galéjons car les jeux de mots sont une bouffée d’air pur et de liberté dans le carcan qu’est le français en tant que langue disciplinée !
Remarque :
Une nouvelle race de contrepets fleurit un peu partout avec le langage qui s’enrichit d’un apport extérieur. En effet, l’on constate des contrepets réalisés avec des mots de langues étrangères, nous pensons principalement à ceux de l’anglais mais nous en avons vu avec des vocables arabes. Il nous vient un exemple pour l’anglais : "Tes tresses me cachent le football", prononcer ici "ball" selon la phonétique française (bale) et "foot" comme en anglais (fout). Cela nous donne au final un contrepet un peu capilotracté pour un délicieux et succulent calembour.
En voici un autre : "Ce reader me botte" où le mot "reader" est prononcé à l’anglaise.
Et voilà pour terminer : Le contrepet suivant est déjà plus complexe puisqu’il se traduit par un double déplacement de consones : "ma cale est enfumée".
Petit rappel en conclusion :
Je me plaignais de certains contrepets que je trouvais trop éculés mais quelle joie de pouvoir les replacer dans une conversation. Et à l’instar de notre correspondant, nous éprouvons toujours un petit plaisir à la relecture ou à l’écoute d’un contrepet. Pour moi, comme pour beaucoup d’autres aussi, le contrepet appartient à une forme élevée de l’humour même si celui-ci est un signe de désespoir...
Le contrepet semblait être tombé en désuétude. Il semblerait que le Net lui redonne des couleurs et qu’il n’y ait pas seulement des "z’y va" dans les nouvelles générations.
Espérerons que le contrepet continuera à fleurir le parterre de nos textes et les pensées de nos auteurs. "Eh oui ! Les rites bougent !"
Gral. Est O.K. pour avoir commis tant de contrepoints.
la phrase exacte serait : "L'Art de décaler les sons que ma bouche débite" et devrait être attribuée à Luc Étienne. Elle a été magnifiquement reprise par Joël Martin : "L’Art de décaler les sons que débite notre bouche."».
Nous vous recommandons, entre autre, la lecture du livre : "L’Annuel de la contrepèterie", d’Armelle Finard aux éd. Plon / Charles Hérissey, où ailleurs...
Ou contrepétistes mot qu’avait forgé Luc Étienne.
voire les sites suivants : http://pages.infinit.net/baron/contrepet.htm ; http://homepage.mac.com/patrickmoutal/macmoutal/html/bernardsurrans.html ;
Nous vous rappelons aussi que Joël Martin possède une casquette polyvalente de musicien travaillant au CNRS et contrepétiste hors pair.
Rares sont ceux qui, comme moi, seraient des techniciens du Mécano.