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Azazel, chef des anges rebelles


par Eric Timmermans  -  31/01/2011




Les textes publiés dans Vos contributions (rouge foncé) ne représentent que l'opinion de leurs auteurs.




1. Un démon principal.

Azazel, qui apparaît notamment dans le Livre d'Hénoch I, dans la liste des principaux démons, établie par l'Eglise au canon 7 du concile de Braga (560-563), et dans la Bible, est généralement considéré comme l'un des chefs des Anges rebelles.

2. L'Ange rebelle.

C'est Azazel qui, dit-on, enseigna aux hommes l'usage de l'antimoine, l'art de fabriquer des armes et plus généralement l'art de travailler les métaux et de les fondre pour en faire de la monnaie. Il leur apprit aussi l'art de se farder et de se vêtir, le port des bracelets et des autres ornements. De fait, il est dit qu'Azazel connaît les pierres précieuses et toutes les teintures colorantes. Il enseigna également aux hommes la magie, l'astrologie, l'art de la divination, la vertu des herbes, la puissance des poisons, les enchantements, les fascinations, etc. Tout cet enseignement fut qualifié par les gens d'Abraham de Mystère de l'Iniquité car il est dit qu'Azazel enseigna aux hommes toute l'impiété de la terre et révéla les secrets éternels préservés dans le Ciel et que les hommes tentaient de percer. Quant aux Géants, nés de l'union des anges rebelles et des filles des hommes, c'est Azazel qui les incita à céder à leurs passions et à user de leur force, ce qui aboutit à la destruction du monde.

3. Le bouc émissaire.

Azazel, qui est réputé vivre dans le désert, est également lié à la légende du bouc émissaire, récit dont il est question dans le Lévitique (16 : 8-10, 22, 26). Ainsi est-il dit que deux boucs devaient être sacrifiés, l'un en l'honneur de Yahweh, et l'autre, le bouc émissaire, chargé de tous les péchés d'Israël par l'imposition des mains, à Azazel. Ce bouc émissaire, qui devait être conduit dans le désert pour être sacrifié à Azazel, était supposé emporter sur lui, toutes les fautes du peuple d'Israël en un lieu aride. Et celui qui devait conduire le bouc à Azazel, devait ensuite nettoyer ses vêtements et se laver le corps à l'eau, après quoi seulement il était autorisé à entrer dans le campement. C'est de cette tradition qu'Azazel a hérité son surnom de Souverain des Boucs.

Lévitique 16 : 8-10 :
    "Aaron jettera le sort sur les deux boucs, un sort pour Yahweh et un sort pour Azazel. Aaron fera approcher le bouc sur lequel sera tombé le sort pour Yahweh et l'offrira en sacrifice pour le péché. Et le bouc sur lequel sera tombé le sort pour Azazel, il le placera vivant devant Yahweh, afin de faire l'expiation sur lui et de le lâcher dans le désert pour Azazel." (Crampon)

    "Il tirera les sorts pour les deux boucs, attribuant un sort à Yahvé et l'autre à Azazel. Aaron offrira le bouc sur lequel est tombé le sort "A Yahvé" et en fera un sacrifice pour le péché. Quant au bouc sur lequel est tombé le sort "A Azazel", on le placera vivant devant Yahvé pour faire sur lui le rite d'expiation, pour l'envoyer à Azazel dans le désert." (Jérusalem)
Lévitique 16 : 22 :
    "Le bouc emportera sur lui toutes leurs iniquités dans une terre inhabitée, et l'homme lâchera le bouc dans le désert." (Crampon)

    "et le bouc emportera sur lui toutes leurs fautes en un lieu aride." (Jérusalem)
Lévitique 16 : 26 :
    "Celui qui aura lâché le bouc pour Azazel lavera ses vêtements et baignera son corps dans l'eau ; après quoi, il rentrera dans le camp." (Crampon)

    "Celui qui aura conduit le bouc à Azazel devra nettoyer ses vêtements et se laver le corps avec de l'eau, après quoi il pourra rentrer au camp." (Jérusalem)

Un "maître des animaux" ?

Certains textes, extrapolant ce lien avec l'animal, font d'Azazel un genre de "maître des animaux" évoquant le Cernunnos celtique ou encore le Pan hellénique, et d'un point de vue biblique, Azazel est considéré comme le prince des "animaux maléfiques" vivant dans le désert. De fait, on dit de lui qu'il est le maître des Se Irim, démons velus apparentés aux Satyres, qui vivent dans les déserts ou dansent dans les ruines d'Edom et de Babylone, en compagnie des autruches, des chacals et des boucs, comme nous le verrons plus loin.

5. Un démon du désert.

Il semble en tout cas que, dès l'origine, le nom d'Azazel ait été associé à l'image d'un être démoniaque qui, selon les anciens Hébreux et les Cananéens, vivait dans le désert, terre infertile où Dieu n'exerce pas son action fécondante. Cette terre infertile est notamment décrite dans Isaïe (13 : 21 et 34 : 14).

Isaïe 13 : 21-22 :
    "Les animaux du désert y feront leur gîte ; les hiboux rempliront ses maisons ; là habiteront les autruches, et le satyre y bondira. Les chacals hurleront dans ses palais déserts, et les chiens sauvages dans ses maisons de plaisir. Son temps est proche, et ses jours ne seront pas prolongés." (Crampon)

    "Ce sera le repaire des bêtes du désert, les hiboux empliront leurs maisons, les autruches y habiteront, les boucs y danseront. Les hyènes hurleront dans ses tours, les chacals dans ses palais d'agrément, car son temps est proche et ses jours ne tarderont pas." (Jérusalem)
Isaïe 34 : 14 :
    "Les chats et les chiens sauvages s'y rencontreront, et les satyres s'y appelleront les uns les autres. Là aussi le spectre des nuits fera sa demeure, et trouvera son lieu de repos." (Crampon)

    "Les chats sauvages rencontreront les hyènes, le satyre appellera le satyre, là encore se tapira Lilith, elle trouvera le repos." (Jérusalem)

6. Le duel des forces contraires.

Dans le Paradis perdu de John Milton, Azazel est le premier porte-enseigne des légions infernales et il illustre le duel entre les forces contraires : Satan et le Christ, ce qui n'est pas sans rappeler le symbole de l'Amphisbène. Ce dernier apparaît comme un serpent à deux têtes, dépourvu de queue, une tête se trouvant à chaque extrémité de son corps. L'Amphisbène symbolise le duel opposant les forces contraires : Satan et le Christ. On peut également rapprocher ce symbole de la tradition des ophites qui donnaient au Serpent le double nom de Michaël et de Samaël, le premier étant l'ange gardien d'Israël et le second étant assimilé à Satan en tant que chef des forces du mal. Dans le Paradis perdu (X, 25), John Milton évoque l' "amphisbène cruelle."

7. A savoir également.

7.1. Certaines sources affirment qu'Azazel vole en permanence autour de nous.

7.2. Dans l'Apocalypse d'Abraham, Azazel est identifié au Serpent de l'Eden qui vint tenter Eve, de même qu'au Grand Dragon chargé de dévorer les damnés en Enfer.

7.3. Dans le Livre d'Hénoch, un texte réputé apocryphe de l'Ancien Testament composé par plusieurs auteurs du 1er s. au 2e s. avant l'ère chrétienne, il est dit qu'Azazel a été condamné à l'exil jusqu'au Jugement dernier, et que l'ange Rafaël le garrotta et le jeta dans un trou situé dans le désert de Dudael, ce qui n'est pas sans rappeler une fable comparable concernant Asmodée / Ashmedaï.



Eric Timmermans

Sources :
- Bible de Jérusalem, Cerf, 1998
- Bible du chanoine Crampon, Société de Saint-Jean de l'Evangéliste, 1939
- Dictionnaire du Diable, Roland Villeneuve, Omnibus, 1998
- Dictionnaire du diable, des démons et sorciers, Pierre Ripert, Maxi-Poche Références, 2003
- Dictionnaire encyclopédique de la Bible, Pierre Norma, Maxi-Poche Références, 2001
- Grand dictionnaire des symboles et des mythes, Nadia Julien, Marabout, 1998 (p. 105)
- La Kabbale, Gershom Scholem, Cerf, 1998
- Le Paradis perdu, John Milton, NRF-Gallimard, 2007.


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